22 février 2021

De Buraq la monture de Mahomet à Veillantif le cheval de Roland

Par Jean-Pierre Brun

Curieuse époque qui veut que, évoquant le destin incertain d’une France chancelante, l’ombre tutélaire de l’homme de Colombey se mette à hanter les studios et les plateaux du monde médiatique. De Gaulle est devenu le lubrifiant miracle qui permettrait de faire tourner rond les engrenages encrassés d’une République en marche… mais à cloche-pied.

À entendre certains le général serait l’avatar de Buraq le merveilleux cheval du Prophète et de Veillantif  (ou Bride d’Or) l’incomparable monture de Roland dont d’ailleurs nul ne sait si elle était étalon ou jument. Quoi qu’il en soit le rapprochement n’est pas aussi saugrenu qu’on pourrait le prétendre si l’on admet que ces deux équidés sont purement légendaires comme certaines vertus de l’Homme de Londres.

Attardons-nous sur l’œuvre du théoricien militaire qui prétendait nous entraîner sur les voies rationnelles de l’armée de métier.

Alors que l’islamisme tend à infiltrer le tissu social français pour mieux le distendre et le détruire il est opportun de rappeler l’entêtement fatal de de Gaulle refusant de tenir compte des avertissements formulés par des spécialistes d’une guerre nouvelle de conquête inavouée. À l’image même du peuple d’Israël qu’il prétendait être sûr de lui-même et dominateur, de Gaulle avait balayé d’un revers de vareuse cette réalité déjà aveuglante : « Vous m’emmerdez ! La guerre ne change pas. Nous sommes ici en présence d’une révolte coloniale et vous avez à la combattre comme on combat depuis des siècles ces soulèvements ».

« Foutez-moi la paix avec votre guerre subversive ! On ne peut à la fois manier la mitraillette, monter en chaire et donner le biberon. »

Dont acte.

Le fidèle Massu ne manquait pas de déplorer cet entêtement à nier l’évidence qui frisait la sénilité :

« Le général de Gaulle et ses ministres n’attachent pas à la guerre anti-subversive la même importance que les Algériens. Ils ne pensent pas que la propagande constitue une arme psychologique. »

Celui qui avait prétendu théoriser la Guerre moderne n’avait rien vu venir malgré nos mésaventures indochinoises. Et que dirait-il des grandes manœuvres actuelles d’un islamisme conquérant ?

Il est un autre domaine dans lequel l’homme providentiel s’est fourvoyé : celui de la culture.

« Quand j’entends le mot culture je sors mon revolver ! »

C’est cette affirmation inattendue que laissera à la postérité (au choix des historiens divisés sur la paternité de l’exclamation) Baldur Von Schirach, chef de la jeunesse hitlérienne, Hermann Goering ou encore Joseph Goebbels (quoi qu’il en soit, en réalité, c’est surtout empruntée au dramaturge Hanns Johst). Le premier président de la Ve République aurait pu l’adapter à sa perception incertaine de l’enjeu : « Quand j’entends le mot Culture je sors des boules Quiès ».

Les historiens sont presque unanimes aujourd’hui pour considérer que, si le général avait été incontestablement un homme de grande culture, la culture au sens philosophique du terme l’avait fort peu préoccupé. Ce large concept qui s’applique à ce qui est commun à un groupe d’individus divers reste pourtant ce qui le soude et sert de soubassement à l’unité nationale. De même que la guerre subversive lui était inconnue, la subversion des esprits ne pouvait être que le dada de quelques intellectuels coupés des réalités de la France profonde. En privé il suggérait même de laisser à la gauche ce champ de manœuvre bourbeux dans lequel elle ne manquerait pas de s’enliser. C’est ainsi qu’il avait cru abandonner à un homme de gauche le soin d’administrer ce marais malsain en nommant André Malraux ministre de la Culture. Selon sa propre expression « il souhaitait donner du lustre au domaine des Arts et Lettres » qui sous la IVe République n’avait été confié qu’à un secrétariat d’État.

Il méprisait visiblement « le macaroni » Gramsci, un des créateurs du Parti communiste italien mais surtout théoricien de l’hégémonie culturelle qui présupposait, à la conquête du pouvoir, celle de l’opinion publique. Faut-il rappeler que pour ce penseur original de la révolution prolétarienne mondiale, l’avènement durable du socialisme ne pouvait passer par le coup d’État ou la violence mais par un combat intellectuel permanent contre les penseurs de la classe dirigeante et la pulvérisation de tout ce qui peut contribuer au renforcement d’une idée nationale, véritable anticorps contre l’internationale communiste.

Faut-il encore rappeler à ce stade de notre réflexion les intentions profondes du mouvement surréaliste, naïvement limité à une stricte sphère artistique par une bourgeoisie toujours aussi bête, au point de le financer. S’ils étaient incontestablement des provocateurs dans leurs réalisations foldingues, les Breton, Duchamp et autre Picasso œuvraient en fait contre la culture millénaire ciment de la société. Ses théoriciens n’avaient-ils pas déclenché par ailleurs « une insurrection contre l’histoire ».

Il est révélateur que de nos jours certains esprits éclairés, adeptes de la postmodernité annoncent justement la mort de notre vieille histoire.

Et qu’est donc le déconstructivisme, sinon une rupture avec la société, les traditions et l’histoire.

Pour avoir laissé traîner un instrument aratoire, à ses yeux sans importance, un certain mai 1968, de Gaulle allait se prendre en marchant dessus le fameux manche du râteau en pleine poire. Et comme le soulignait l’humoriste, alors que les théâtres subventionnés se transformaient en Q.G. de la chienlit, le président, trahi par la culture et la subversion, perdait soudain toutes ses facultés au point d’envisager une cure de sommeil à Baden-Baderne.

Ainsi celui que l’on pare encore de toutes les vertus avait eu comme beaucoup d’autres « grands hommes » des failles dans ce qu’il croyait être une logique irréfutable au point de confondre « raisonner » et « résonner ».

Burak ? Veillantif ? Et si à la croisée de certains chemins de l’histoire, de Gaulle n’avait été plus prosaïquement que l’incarnation de l’âne de Buridan incapable de choisir entre un seau d’avoine et un seau d’eau jusqu’à ce que…

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