Réponse à Monsieur Emilio Silva Barrera accusant de « révisionnisme » Luis Pio Moa
Par Michel FestiviLe numéro 63, août septembre 2022, de l’excellente revue Le Figaro-Histoire, consacré à l’épopée des conquistadors, doit retenir l’attention surtout pour un grand entretien de huit pages de Luis Pio Moa par Isabelle Schmitz et Philippe Maxence, à la suite de la publication en France du livre majeur de cet auteur, enfin traduit en français : Les mythes de la guerre d’Espagne, paru chez l’Artilleur au printemps de cette année 2022.
Dans cette entrevue fleuve et passionnante intitulée : « Guerre d’Espagne, la mécanique du chaos », le sous-titre doit interpeller le lecteur tant il est pertinent : « La guerre civile qui embrasa l’Espagne de 1936 à 1939 fut volontairement recherchée dès 1931 par la frange radicale de la gauche espagnole pour promouvoir la révolution. La thèse novatrice de l’ancien militant communiste Pio Moa ».
L’ouvrage de Luis Pio Moa qui vient enfin de paraître en France, qu’il faut lire absolument si l’on s’intéresse à l’histoire contemporaine, a été publié en Espagne en 2003 et s’est vendu à 300 000 exemplaires. Il importe d’autant plus de le consulter, que la préface à l’édition française, qui est à elle seule un livre dans le livre, est d’Arnaud Imatz qui a dirigé ou rédigé des écrits remarqués dont notamment « La guerre d’Espagne revisitée » aux éditions Économica en 1989, ou une biographie incontournable de José Antonio Primo de Rivera, publiée en 2000 chez Godefroy de Bouillon.
Effectivement ce sont les gauches espagnoles qui dès 1931 ont trahi les institutions républicaines qu’elles avaient pourtant elles-mêmes édifiées, étant alors majoritaires aux Cortès depuis juin. Dès qu’elles comprirent qu’elles allaient perdre les élections du fait de leur impéritie, ce qui fut fait en novembre 1933, elles préparèrent, préméditèrent, organisèrent un coup d’État armé contre le régime parlementaire et démocratique issu de la constitution approuvée en décembre 1931. Elles déclenchèrent ces insurrections en octobre 1934, puis elles multiplièrent les exactions et les troubles. La guerre civile commença alors. Luis Pio Moa qui a étudié les archives de la Fondation Pablo Iglesias (le fondateur du PSOE en 1879), à l’Athénée de Madrid pendant plusieurs années, a pu incontestablement établir cette causalité indiscutable, pièces à l’appui.
D’autres historiens, comme Stanley Payne, Bartolomé Bennassar, Arnaud Imatz, ou surtout Burnett Bolloten avaient également prouvé par leurs travaux, la volonté inexpugnable des gauches, devenues révolutionnaires, d’en découdre et ce dès la fin de l’année 1933, car comme cela est trop souvent écrit à tort, même par des historiens de renom (je pense à Joseph Pérez), jamais la droite espagnole qui avait pourtant largement gagné les élections de novembre 1933, ne put gouverner l’Espagne, les gauches l’en empêchant par les menaces et les oukases, avec la complicité du président de la République effrayé par les pressions desdites gauches. Je me permets très modestement de me référer à mon livre sorti en juillet 2021, avant la parution en France du livre de Pio Moa « Les trahisons des gauches espagnoles, du républicanisme au totalitarisme, 1930-1936 » chez Dualpha qui fait un point complet de cette question, notamment au niveau électoral, politique et constitutionnel.
Oui, ce sont les gauches espagnoles, qui devenant activistes, ont fomenté des troubles et des insurrections armées, provoquant « le chaos », et obligeant ceux qui souhaitaient que l’ordre et la justice soient enfin rétablis à prendre les armes contre les révolutionnaires anarchistes, communistes ou trotskistes qui mettaient l’Espagne à feu et à sang et qui voulaient abattre l’État et les opposants. Confer aussi le livre que je viens de publier chez Dualpha : L’Espagne ensanglantée, Anarchistes, milices socialistes, communistes et révolutionnaires : 1880-1939. Un auteur d’extrême gauche, Pierre Broué, dans son livre « Staline et la révolution, le cas Espagnol » paru aux Éditions Fayard en 1993, avait décrit par le menu la constante « bolchevisation » du PSOE, bolchevisation qui avait été dénoncée par des socialistes modérés comme Juliàn Besteiro, le père de la Constitution.
Je conseille donc à Monsieur Emilio Silva Barrera, président d’une association qui veut « récupérer la mémoire historique », c’est-à-dire qui promeut le terrorisme intellectuel et la falsification de l’histoire pour faire taire ses adversaires, et qui a cru vouloir répliquer à Luis Pio Moa dans une tribune du Figaro du 23 août 2022, pour le traiter de « révisionniste », de lire avec attention dans « le livre noir du communisme » publié en 1997 chez Robert Laffont, le chapitre coécrit par Stéphane Courtois et Jean Louis Panné, très précisément les pages 365 à 386 intitulées : « L’ombre portée du NKVD en Espagne » où sont reprises avec une précision millimétrique, les tortures, les crimes, les assassinats, souvent de masse des gauches en Espagne. Je rappellerai à ce Monsieur qui parle de « révisionnisme » à propos de Luis Pio Moa, les deux Katyn espagnols de Torrejon de Ardoz et de Paracuellos de Jarama ou des milliers de prisonniers politiques ont été exécutés d’une balle dans la nuque et enfouis sommairement comme des chiens, et ce sous la direction politique de Monsieur Santiago Carrillo, icône des gauches, en novembre 1936, pendant plus de treize jours. Et encore, ce ne sont que des exemples parmi d’autres, dont des milliers de prêtres et de religieux exécutés froidement, sans doute pas loin de 10 000. En réalité près de 90 000 crimes politiques furent commis par les gauches entre 1931 et 1939. Les témoignages et les preuves abondent.
Car au surplus et en définitive, le Front populaire espagnol est arrivé au pouvoir en février 1936 par des fraudes électorales « décisives », des menaces et de la violence, comme l’ont démontré deux historiens espagnols Manuel Alvarez Tardio et Roberto Villa Garcia dans un livre publié en Espagne en 2017 : « Fraude y violencia en las elecciones del frente popular » chez Espasa. Les résultats de ces élections dolosives ne furent jamais et pour cause, ni établis, ni publiés, tout comme d’ailleurs ceux des élections municipales d’avril 1931, qui ne furent jamais compilés, établis, et publiés, comme l’a illustré le grand historien de la guerre d’Espagne Hugh Thomas, dans son ouvrage de référence. Monsieur Emilio Silva Barrera un conseil, avant d’écrire, vous devriez lire les livres ci-dessus évoqués, vous en tirerez le plus grand profit.
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Michel Festivi avocat honoraire, ancien bâtonnier de l’Ordre (1995-1996), ancien membre du Conseil de l’Ordre. Il est le correspondant permanent en Espagne pour le sites "EuroLibertés", "Nouveau Présent" et "Synthèse nationale" . Il a publié aux éditions Dualpha : « Les trahisons des gauches espagnoles », « L’Espagne ensanglantée », « Miguel Primo de Rivera » et « La désinformation autour du Parti communiste "français" ».