26 juin 2016

Vers un printemps des peuples européens ?

Par Aristide Leucate

 

À l’évidence, une aube nouvelle s’est levée sur le Royaume-Uni – peut-être bientôt désuni à en juger par les velléités écossaises et irlandaises de s’émanciper du frère ennemi britannique, sans doute pour des motifs profondément irrédentistes que spontanément europhiles. Avec 52 % de « oui » et surtout, ce qui est le plus important, un taux de participation de 72 %, le peuple britannique a indéniablement et magistralement montré la voie à suivre aux autres peuples d’Europe.

Marine Le Pen, en France, Geert Wilders au Pays-Bas, appellent à une consultation référendaire posant également la question du maintien de ces pays dans l’Union européenne. Matteo Salvini, le chef du parti autonomiste de la Ligue du Nord leur embraye le pas, à l’instar de la Suède et du Danemark, voire de la Pologne ou de la Hongrie déjà passablement excédés par les oukases bruxellois. Même l’Allemagne, de tendance plutôt pro-européenne, s’interroge sur un « germanexit » avec près de 30 % des sondés se prononçant en sa faveur.

Que n’a-t-on entendu, de part et d’autre de la Manche, sur le « saut dans l’inconnu », que représenterait un « Brexit » à sourde connotation « raciste et xénophobe », pour reprendre les mots extrêmes d’un Bernard-Henri Lévy qui aura encore perdu une occasion de se taire. Il n’empêche. De Londres à Paris, en passant par Bruxelles et Frankfort, les élites mondialisées n’ont pas manqué d’exciper les arguments les plus saugrenus pour susciter un climat anxiogène considérablement alourdi par le meurtre de la députée européiste Jo Cox.

Ainsi, du cinéaste Ken Loach primé récemment à Cannes ou de l’acteur et militant LGBT, Ian McKellen, (Le Seigneur des Anneaux) évoquant « une possible régression dans les droits des homosexuels » au milliardaire Richard Branson agitant l’épouvantail « d’une guerre commerciale », jusqu’au président du Parlement européen, Martin Schulz qui, commentant la disparition de la parlementaire britannique Cox, a versé dans une dramaturgie outrancière et grotesque en parlant de ces « ces chevaliers de la haine qui sont dans les rues, partout. Et qui propagent ». Sans parler de cette déclaration boudeuse en forme de dépit amoureux de Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, qui avertissait qu’en cas de départ, le Royaume-Uni serait considéré comme un État tiers, des « déserteurs » qui ne seraient « pas accueillis à bras ouverts. »

Dont acte. À cette enseigne, les Britanniques n’auraient donc guère à craindre qu’on les fasse revoter, derechef, à l’instar des Irlandais en 2002 et en 2009 (à propos, respectivement, du traité de Nice, pourtant rejeté par 54 % d’entre eux, l’année précédente et du traité de Lisbonne lui aussi repoussé par référendum) ou des Hollandais et des Français trahis par leurs propres représentations nationales adoptant un Traité de Lisbonne, en tout point identique à la Constitution européenne qu’ils rejetèrent sans conteste par la voix des urnes en 2005.

La loi non écrite proclamée en 2015 par Jean-Claude Junker, selon laquelle « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » sera-t-elle définitivement subsumée sous un principe de réalité de plus en plus têtu que les élites et autres thuriféraires du Système s’acharnent à déprécier sous l’épithète prétendument infâmant de « populisme » ?

Rappelons que ce référendum qui est probablement à l’effondrement annoncé de l’Empire européiste ce que la chute du Mur de Berlin fut à la défunte Union soviétique a été voulu par le Premier ministre conservateur David Cameron, en dehors de tout processus d’adhésion ou de ratification à un traité européen. En 2013, il conditionnait sa réélection au scrutin général de 2015 à la promesse d’un référendum sur le maintien de son pays au sein de l’Union européenne.

Il fut réélu. Un an avant, l’UKIP eurosceptique de Nigel Farage faisait entrer son premier député à la Chambre des Communes. Oiseau de mauvais augure ou hirondelle annonciatrice du printemps des peuples européens ?

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Philippe Randa,
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