Le futur de l’Europe est donc islamo-socialiste. L’élection d’un travailliste pakistanais et musulman à la mairie de Londres est tout un symbole. On n’en fera pas un drame. C’est un peu tard…
L’entropie prophétisée par Tocqueville, Nietzsche ou Sorel a tout gagné et a créé le dernier homme festif (il n’est même pas « décadent ») et dépressif (il n’est même pas « désespéré »). Tout cela prend du temps pour déboucher sur le néant, comme la décadence de la civilisation romaine : elle a pris quatre siècles.
En 1920, Drieu la Rochelle, qui est encore fréquentable, écrit Mesure de la France, un livre édité et gentiment préfacé par Daniel Halévy. Et il fait le point avec vista : « Il n’y a plus de conservateurs, de libéraux, de radicaux, de socialistes. Il n’y a plus de conservateurs, parce qu’il n’y a plus rien à conserver. Religion, famille, aristocratie, toutes les anciennes incarnations du principe d’autorité, ce n’est que ruine et poudre. »
Mais les ruines de l’Ancien régime ne sont pas remplacées par du Nouveau. Car l’âge nouveau, socialiste ou communiste, est déjà décati : « Il n’y a plus de socialistes, parce qu’il n’y a jamais eu de chefs socialistes que les bourgeois et que tous les bourgeois depuis la guerre sont en quelque manière socialistes, tandis que les chefs socialistes ne peuvent plus dissimuler leur bourgeoisie. »
Lénine et les bolcheviques aussi ne pensent que chiffres et machines. Puis Drieu enfonce plus durement le clou (avait-il déjà lu Guénon ?) : « Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera. »
Le gros shopping planétaire est mis en place par la matrice américaine, qui va achever de liquider les vieilles patries prétentieuses : « Il n’y a plus de partis dans les classes, plus de classes dans les nations, et demain il n’y aura plus de nations, plus rien qu’une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »
Drieu n’a pas besoin non plus du pape François pour établir il y a cent ans que le catholicisme est un zombi : « Le Vatican est un musée. Nous ne savons plus bâtir de maisons, façonner un siège où nous y asseoir. À quoi bon défendre des banques, des casernes, et les Galeries Lafayette ? »
Vingt ans avant Heidegger ou Ellul, Drieu désigne la technique comme coupable : « Il y aura beaucoup de conférences comme celle de Gênes où les hommes essaieront de se guérir de leur mal commun : le développement pernicieux, satanique, de l’aventure industrielle. »
Cette ère industrielle et son confort petit-bourgeois auront tout lessivé. Personne n’y a résisté, l’Europe ayant perdu tout charisme ou tellurisme.
Il n’y aura bien sûr pas de fascisme dans un futur proche ou éloigné ! Il y aura une réaction néocartésienne si j’ose dire : je pense, donc je fuis.
Mais pour aller où ?
Navigation de l’article
Essayiste et chroniqueur politique, Nicolas Bonnal est l’auteur d’une quinzaine de livres sur la politique, l’identité, l’initiation et le cinéma… Derniers livres parus aux Éditions Dualpha : Le paganisme au cinéma ; La chevalerie hyperboréenne ; le Graal et aux Éditions Déterna Donald Trump, le candidat du chaos. Il est le correspondant d'EuroLibertés en Espagne.