27 juin 2022

Maquillage, quel est son sens ?

Par Jill-Manon Bordellay

Attributs à la mode ? Masque de la vérité ? Pellicule de beauté ? Rituel du paraître social ?

Quelle est la signification ou les significations que peut revêtir le maquillage dans nos sociétés ? Le maquillage fait-il disparaître les imperfections naturelles et donne-t-il le pouvoir de susciter en chacun une recherche d’idéalité ?

La mode offre aux femmes de nombreux moyens de créer une beauté surnaturelle et le maquillage en fait partie.

Les maquilleurs proposent de plus en plus des maquillages « naturels » (bel oxymore), lesquels seraient une reconstitution artificielle du naturel avec des « effets bonne mine », en sublimant le naturel sans le transformer.

Dans le Gorgias, Platon considère que le maquillage est une « activité perverse, trompeuse, vulgaire et servile, qui leurre par les allures qu’elle donne ». Pour ce philosophe idéaliste, la beauté commence par la vérité.

Pourtant, le maquillage ne peut se réduire à la tromperie et à la morale. Charles Baudelaire, dans Le peintre de la vie moderne, fait un véritable éloge du maquillage exprimant la recherche de l’idéal, la nécessité d’utiliser les moyens offerts par l’art pour transfigurer quelque chose, l’engagement en préférant un embellissement artificiel, il constitue d’une certaine manière un art poétique. Le maquillage est une véritable création, un art somme toute, de grande importance puisqu’il s’exerce aussi sur un visage. Toutefois, le poète fait l’éloge plus particulièrement du maquillage lui-même que des personnes maquillées.

De même, Theodor Adorno associe le maquillage à la magie. En cela, il est alors délivré du mensonge, libéré de la contrainte de la vérité et du naturel ; il peut devenir fantaisiste voire fantastique ou extravagant. L’artifice n’est plus alors une tromperie, mais une illusion pleinement assumée, laissant place à la liberté créatrice.

Le maquillage peut rapprocher la femme de la statue, la transfigurer en idole, lui conférer même le charme magique d’une prêtresse.

Les femmes qui se maquillent vivent selon une initiation qui perdure en se réitérant au quotidien – avec des gestes très ritualisés – les transformant en Madones érotiques aux confins du désir de disparaître en tant qu’êtres pour apparaître en prêtresses de la séduction. Cachent-elles finalement leur visage par le fard en revêtant un masque de pudeur ? Alors un masque serait-il plus authentique qu’un visage naturel ?

Renforcent-elles au contraire leurs traits de caractère ? Veulent-elles s’exposer en gardienne de leur liberté ? Les femmes maquillées se transmutent-elles en objet symbolique, s’affirmant dans l’expression figée d’un visage à demi caché qu’elles ont choisi ?

Si bien que cette alchimie de couleurs et de formes renvoie à un être « mort » investi d’une signification transcendantale.

En effet, le maquillage semble parfois éloigner la spontanéité des expressions d’un visage pour le modeler statutairement. Le kohl entourant le contour des yeux donne au regard un mystère profond qui renvoie aux rites initiatiques égyptiens. Les sujets maquillés sont alors changés en idoles, c’est-à-dire en des êtres « divins et supérieurs » (si l’on pense au maquillage énigmatique des Égyptiens).

C’est alors que le propre du fétiche est de fasciner, d’attirer ou de repousser.

Finalement, le maquillage est-il masque érotique ou mortuaire ? Confère-t-il un pouvoir surnaturel qu’il véhicule dans une société où l’apparence est dominante ? De toute évidence, le maquillage est un rituel fétichiste. Le sujet est alors transformé en signe. Le fétichisme tue l’objet et fait vivre le signe, il abolit les bornes entre l’organique et l’inorganique, inscrit sur le corps vivant les signes de la mort, transforme la nature en artifice.

Alors que dire de la poésie du maquillage ? Est-ce un art qui s’inscrit dans le registre du social, subissant les caprices et les soubresauts de la mode ? Est-ce un uniforme ou au contraire une particularité qui porte le sujet comme un « art vivant » ?

Les femmes qui se maquillent ne cherchent pas à imiter la nature, mais au contraire à s’en affranchir et par ce biais atteindre une forme d’absolu, transcender le corps, approcher du Beau grâce à un artifice, corrigeant ainsi les imperfections de la nature pour accéder à un statut presque divin.

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