10 mars 2023

L’autophobie

Par Jill-Manon Bordellay

La politique de l’autophobie actuelle dans les grandes villes conduit à des aberrations.

En 2022, 4 300 radars automatiques en France ont flashé 21,5 millions de véhicules. Ce sont près de 40 millions d’amendes radar, PV électroniques et autres FPS (Forfait de Post-Stationnement) qui ont été dressés l’an dernier par l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI). Les agents municipaux ou les prestataires privés n’ont pas chômé pour aligner les automobilistes fâchés avec les horodateurs. Ce sont 11,8 millions de forfaits post-stationnement qui ont été transmis à ANTAI, soit un bond de 68 % par rapport à l’année 2020. À cela s’ajoutent les amendes liées au stationnement « gênant » qui complètent le podium. Pour un stationnement de quelques minutes en double file afin de déposer un enfant à l’école ou de rentrer dans le hall d’un immeuble pour accompagner un parent âgé ou un stationnement sur le bateau de sa propriété, il faut compter au moins 135 euros.

À Paris, le forfait des amendes pour non-paiement des places de stationnement payantes ou en cas de dépassement de la durée s’élève à 75 euros.

Cette stratégie rapporte à l’État environ 825 millions d’euros.

Si l’État s’enrichit considérablement avec les infractions des automobilistes – certaines sont graves comme conduire en état d’ivresse ou avec un portable à la main – d’autres le sont toutefois moins lorsque le dépassement de la vitesse autorisée reste inférieur à 20 km/h, mais l’amende s’élève quand même autour de 135 euros avec un point retiré sur le permis.

Alors pourquoi ne pas appliquer ces mêmes directives à d’autres véhicules parfois également motorisés comme les vélos, les trottinettes, les gyro-roues, les hoverboards qui circulent sur les rues, les routes, les trottoirs, les quais du métro et commettent nombre d’incivilités en ne respectant pas le Code de la route ?

Nombre d’entre eux roulent sans casque, à grande vitesse sur les trottoirs en zigzaguant entre les piétons qui perdent bien souvent l’équilibre en tombant, se blessant alors que le motorisé s’en va, laissant à terre la victime.

Il semblerait plus juste de verbaliser ces dangereux conducteurs qui n’ont aucun scrupule et restent dans l’anonymat le plus complet faute de plaque d’immatriculation. Bien souvent, ces conducteurs n’ont même pas d’assurance et c’est sans doute pour cette raison qu’ils fuient !

Le nombre d’accidents de trottinettes électriques et autres engins de déplacement personnel motorisés explose à Paris. On ne dénombre pas moins de 371 accidents d’usagers de ces engins sur les dix premiers mois de l’année 2022 dont trois morts. Souvent, c’est le refus de priorité qui cause ces accidents, mais également l’inattention et la circulation en contresens. Mais il existe d’autres infractions comme la circulation alternée dans la voie des bus, sur les trottoirs et à deux sur la trottinette. La vitesse est souvent inadaptée à ces conduites en ville.

Que font alors les services publics pour appliquer à ces conducteurs d’engins les mêmes mesures d’infractions sanctionnées par des verbalisations ? Il faudrait toutefois auparavant imposer des plaques d’immatriculation à tous ces engins afin que ces usagers ne roulent plus dans un parfait anonymat, mais en toute responsabilité et en toute sécurité.

Pourquoi également n’existe-t-il pas un permis de conduire pour ces engins motorisés qui ne respectent pas – du moins pour certains – le Code de la route ? Vivre en sécurité avec ces véhicules de toutes sortes qui, certes, ne polluent pas, oui ! mais à condition qu’ils ne soient plus perçus par les piétons comme de véritables dangers.

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