15 juin 2021

L’offensive décisive de la Commission européenne pour une Europe fédérale

Par article conseillé par EuroLibertés

par Olivier Bault.

Mercredi 9 juin, la Commission européenne lançait une procédure d’infraction contre l’Allemagne dans le but d’établir une fois pour toutes la primauté du droit européen et de son interprétation par la Cour de justice de l’UE. Une primauté que les eurocrates de Bruxelles souhaitent illimitée puisque la CJUE a déjà maintes fois démontré sa propension à donner un sens toujours plus large aux traités signés et ratifiés par les 27 pays membres de l’Union européenne et prétend même aujourd’hui pouvoir conférer aux tribunaux de chaque État membre le pouvoir de désobéir aux lois et à la constitution nationales s’ils les jugent en contradiction avec le droit européen ou avec la jurisprudence de la CJUE (voir « Cour de justice de l’Union européenne : putsch judiciaire ? » dans Présent du 8 juin).

Jusqu’ici toutefois, l’offensive fédéraliste des institutions européennes visait plutôt les pays de l’ancien bloc de l’Est, qui ont rejoint l’UE dans les années 2000, et en particulier la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. En attaquant l’Allemagne, la Commission risque gros mais l’enjeu en vaut la peine de son point de vue car, si l’Allemagne peut contester le droit de la CJUE d’empiéter toujours plus sur les compétences des Etats membres, les autres pays, y compris la Pologne et la Hongrie hostiles à la fédéralisation du bloc européen, pourront continuer à le faire aussi.

La procédure d’infraction entamée contre l’Allemagne – par une lettre demandant des éclaircissements ainsi qu’une modification de la loi allemande de manière à reconnaître la primauté du droit européen sur le droit national, loi fondamentale incluse – concerne un jugement prononcé en mai 2020 par la Cour constitutionnelle fédérale allemande (voir « La Cour constitutionnelle allemande met la BCE au pied du mur » dans Présent du 7 mai 2020).

Avec leur décision, les juges de Karlsruhe menaçaient d’empêcher la Bundesbank de continuer à participer aux programmes de rachat massif de dette souveraine par lesquels la Banque centrale européenne, de l’avis des juges allemands, violait les traités européens. Ils conditionnaient donc la possibilité pour la banque centrale allemande de poursuivre ces rachats à des explications supplémentaires de la BCE. Le conflit avec la BCE a finalement été résolu, en tout cas pour le moment, mais reste la jurisprudence réaffirmée, pour la première fois de manière aussi claire, par la Cour constitutionnelle allemande : les nations européennes sont maîtresses des traités et un jugement de la CJUE, s’il n’est pas en conformité avec ces traités, ne peut pas s’appliquer en Allemagne. Si les tribunaux nationaux devaient se contenter d’approuver sans broncher les décisions des institutions de l’UE, remarquaient les juges constitutionnels allemands, ce serait s’engager sur une pente glissante qui remettrait en cause « le principe même de la démocratie. »

L’Allemagne a deux mois pour répondre à la lettre de la Commission européenne. Si cette dernière n’est pas satisfaite, elle pourra alors saisir la CJUE. Cependant, même si la justice européenne lui donne raison, sa capacité à empiéter sur les compétences nationales n’étant pas inscrite dans les traités, la Cour constitutionnelle allemande pourrait bien empêcher l’application de sa décision, faisant courir à Berlin le risque de sanctions financières majeures de la part de l’UE alors même que l’Allemagne en est le principal bailleur de fonds.

En Allemagne même, les milieux européistes critiquent le jugement de mai 2020, notamment parce que ce serait un cadeau fait à la Pologne et à la Hongrie qui contestent le droit des institutions européennes de se mêler de ce qui ne les regarde pas en instrumentalisant les notions d’état de droit et de « valeurs européennes ». Le lendemain de l’ouverture de cette procédure contre l’Allemagne, on apprenait d’ailleurs que le commissaire à la justice, le Belge Didier Reynders, avait écrit au Premier ministre polonais pour lui demander de retirer sa saisine de la Cour constitutionnelle de son pays afin que celle-ci se prononce sur la capacité de la CJUE à se mêler des réformes polonaises de la justice. Par médias interposés, celui-ci lui a opposé une fin de non-recevoir.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par virement bancaire

Titulaire du compte (Account Owner) : EURO LIBERTES
Domiciliation : CIC FOUESNANT
IBAN (International Bank Account Number) :
FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185
BIC (Bank Identifier Code) : CMCIFRPP

2 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

3 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

4 : Faire un don par carte bancaire

Pour cela, téléphonez au 06 77 60 24  99

Partager :