La Normandie a donné à la France, en 1984, son plus jeune Premier ministre. En effet, François Mitterrand, n’hésitait pas à se vanter d’avoir « donné à la France » Laurent Fabius pour diriger le gouvernement, entre 1984 et 1986, date de la large défaite socialiste lors des élections législatives à la proportionnelle départementale.
Or, Laurent Fabius, né dans le 16e arrondissement de Paris, jeune énarque, a été parachuté en Seine-Maritime dès les élections municipales de 1977.
Son parcours en politique a en effet débuté en 1977, trois ans après son adhésion au Parti socialiste. À 31 ans, Laurent Fabius devient maire adjoint de Grand-Quevilly. L’année suivante, il est largement élu député de la quatrième circonscription de la Seine-Maritime.
Or, depuis 1935 (!) – mis à part la période de la IIe Guerre mondiale et l’immédiate après-guerre – le maire de Grand-Quevilly, commune ouvrière de la banlieue sud de Rouen (proche de Saint-Étienne-du-Rouvray, commune communiste connue depuis cet été pour l’horreur islamiste qui s’est manifestée par l’assassinat ritualisé d’un curé de 85 ans, Jacques Hamel), est le socialiste Tony Larue.
Ce socialiste fidèle, élu avant la victoire du Front populaire, a d’abord ouvert sa mairie à Laurent Fabius puis, élu sénateur en septembre 1977, ce député (depuis 1956) laissa le jeune parisien candidater aux élections législatives de 1978 à sa place (rappelons que les sondages – et les municipales de 1977 – laissaient largement entendre que la gauche allait gagner les élections et imposer une cohabitation au président Valéry Giscard d’Estaing.
Remarqué par un des amis fidèles de François Mitterrand, le sénateur de Paris et avocat Georges Dayan, oncle du journaliste-humoriste Pierre Benichou, (décédé en 1979 d’une rupture d’anévrisme), il est probable que le PS ait imposé le jeune Fabius à la fédération de Seine-Maritime du PS et Tony Larue était le « parrain » idéal, compte tenu de son histoire politique personnelle.
Tony Larue, natif de Rouen, n’eut aucun mal à intégrer Laurent Fabius. En 1977, aucune liste locale (même des « modérés favorables à la majorité » comme les candidats de droite et du centre avaient coutume de se nommer à l’époque) n’osa affronter la liste d’union de la gauche menée par Tony Larue. Contrairement à 1971, Tony Larue avait intégré sur sa liste des communistes (alors qu’à l’époque, la liste investie par le PCF avait totalisé 24 %, toujours d’ailleurs sans concurrent de droite)… et l’énarque parisien Laurent Fabius (que des rumeurs laissent entendre qu’il avait soutenu Valéry Giscard d’Estaing en 1974 avant de rejoindre le PS du battu de justesse — François Mitterrand).
En 1978, la deuxième circonscription de Seine-Maritime tomba facilement dans l’escarcelle de Laurent Fabius. Tony Larue, élu sénateur quelques mois auparavant, lui laissa la place et Laurent Fabius, malgré une forte concurrence communiste au premier tour (33 % contre 27 %), fut largement élu au second tour contre le giscardien avec plus de 62 %, bénéficiant d’un bon report de voix de la gauche révolutionnaire locale. Le social-démocrate Laurent Fabius remporta ainsi une des circonscriptions les plus marquées à gauche de France. Le vieux militant socialiste normand lui avait servi sur un plateau, en douze mois, deux mandats électifs. Rien ne l’arrêtera.
Nous ne reviendrons pas sur les mandats de Laurent Fabius, qui ne fut jamais battu en Normandie, même en 1993 (affaire du « sang contaminé » dans laquelle il fut relaxé et concomitamment forte poussée de la droite au niveau national).
L’ambitieux Laurent Fabius vient d’être nommé, après avoir été ministre des Affaires étrangères, président du Conseil constitutionnel. Cet ex-jeune élu de Normandie préside à la conformité de nos lois à la Constitution rédigée par Michel Debré en 1958.
La Normandie orientale et ouvriériste en a fait un gardien du temple. Seul le PCF de l’ancien directeur de L’Humanité, Roland Leroy, alors député de la troisième circonscription de Seine-Maritime, aurait pu l’arrêter. Il s’en est fallu de peu en 1978.
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Philippe Randa,
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Franck Buleux, 50 ans, chargé d’enseignement, est diplômé en histoire, en droit, en sciences politiques et en criminologie. Il a publié, chez L'Æncre, "L’Europe des peuples face à l’Union européenne", préfacé par Georges Feltin-Tracol ; chez Dualpha "La Guerre sociale qui vient" (D’Action directe aux Black Blocs, la violence des ultras), également préfacé par Georges Feltin-Tracol et a dirigé chez Synthèse éditions le n°20 des Cahiers d'Histoire du nationalisme "Pierre Poujade. Union et Fraternité française". Auteur d’un mémoire sur les séparatismes européens, il se passionne pour les mouvements politiques favorables à « L’Europe aux cent drapeaux. »