Plus gaulliste que moi, tu meurs ! Et pourtant…
En cette période préélectorale, les candidats, la main sur le cœur, affichent pour la plupart quelque filiation spirituelle avec l’Homme du 18 juin 1940, voire l’Ermite de Colombey. Curieusement aucun ne se réfère à celui du 13 mai 1958 ou à celui du 19 mars 1962. Il est vrai qu’aujourd’hui, le temps ayant fait son œuvre, la politique algérienne du grand Charles n’a plus rien d’admirable si l’on se réfère à la progression de l’islam salafiste et de ses rejetons sur notre réduit hexagonal. Pour d’obscures raisons le Général a refusé de tenir compte de certaines réalités énoncées par ses pairs ou autres observateurs perspicaces, avant de décider du sort de l’Algérie.
Déjà le 28 mai 1940, un colonel de l’armée blindée confiait à l’aumônier de sa division : « Monsieur l’aumônier, cette guerre n’est qu’un épisode de l’affrontement de peuples et de civilisations […] Ce que je crains le plus, voyez-vous, c’est la transversale musulmane qui va de Tanger au Pakistan. Si cette transversale passe sous obédience communiste russe ou ce qui serait pire, chinoise, nous sommes foutus… Et croyez-moi, Monsieur l’aumônier, il n’y aura plus de Poitiers possible. » Poitiers ! Quesaco ?
À la veille de quitter l’Indochine, rongé par le cancer qui allait l’emporter, de Lattre disait à Salan toute son angoisse quant à l’avenir de la France : « Salan, nous avons en face des loups, des adversaires qui ne se contentent pas de tuer nos soldats, ils font la guerre aux âmes ! C’est une guerre qu’il ne faut pas perdre, Salan ! Sinon, le jeu maudit se poursuivra en Tunisie, en Algérie, dans toute l’Afrique et peut-être même en France. »
Le 3 juin 1956 André Malraux, futur ministre du Général, adoptait le ton prophétique qu’il affectionnait tant pour dresser un constat inquiétant de la situation à laquelle l’Occident allait devoir faire face : « C’est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, la montée de l’islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine […]
[…] Le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l’islam.
Les données actuelles du problème portent à croire que des formes de dictature musulmane vont s’établir successivement à travers le monde arabe […]
L’Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c’est prendre conscience de la gravité de ce phénomène et tenter d’en retarder l’évolution ».
Le général Allard, le 15 novembre 1957, au Grand Quartier Général des puissances alliées en Europe (SHAPE) lançait un cri d’alarme : « Arracher l’Algérie à la France sous le prétexte du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en encourageant le mythe du nationalisme et de l’indépendance pour en faire un nouvel État arabe incapable de se suffire à lui-même […]
Le monde libre, obnubilé par le risque mortel d’une guerre semble n’avoir pas vu que la ligne de défense, dressée de l’Océan Arctique à la Méditerranée pouvait être tournée par le sud. En 1956, La France et la Grande Bretagne avaient voulu à Suez s’opposer au déferlement vers l’ouest du panarabisme encouragé par le communisme. Le monde libre n’a pas compris la portée de ces tentatives et ce furent des échecs. La ligne de défense arrière, la dernière, passe par l’Algérie. »
Quelques personnalités, particulièrement bien informées de la situation, considérant la solution de l’indépendance prématurée, mais convaincues de l’évolution nécessaire des structures politico-administratives de la province, avaient ouvert des pistes.
Albert Camus recommandait « d’établir une structure fédérale française qui réalisera le véritable Commonwealth français. »
Le général Challe allait dans le même sens : « J’avais été partisan d’une loi-cadre algérienne et je ne pensais pas que l’intégration définitive de l’Algérie par assimilation fut souhaitable en fin de compte. Pour que l’Algérie puisse progresser il fallait un traitement particulier… Le statu quo ante était donc nécessaire pendant quelques années, assez peu en vérité, le temps de réaliser deux ou trois plans de Constantine et de lancer la province sur la route du progrès. Ensuite il fallait fédérer l’Algérie au même titre que les autres provinces françaises. Toute autre conception aboutissait à rejeter l’Algérie dans la misère d’où il s’agissait précisément de la faire sortir. »
Plus tard, le même Challe confiera à un journaliste de Barcelone, concernant l’Algérie indépendante : « Il y aura la misère. Cela nous coûtera probablement plus cher qu’aujourd’hui et l’exploitation de cette misère se fera contre qui ? Bien évidemment contre la France ». Repentance, vous avez cru entendre repentance… Bizarre, comme c’est bizarre !
Pourquoi le président de la République qui redoute que Colombey les Deux Églises devienne un jour Colombey les Deux Mosquées et que nos bancs parlementaires soient envahis par des élus musulmans, ne tient-il pas compte de tels avertissements ?
À Jean-François Deniau qui lui demande d’apprécier sa politique algérienne de Gaulle répond
« Vous voulez dire que c’est du boulot salopé ? C’est du boulot salopé. Je n’avais pas le temps. »
Et voilà pourquoi le président algérien Abdelmadjid Tebboune peut se permettre d’affirmer que plus de six millions d’Algériens vivent en France aujourd’hui.
Ah oui, j’allais oublier de le préciser, le colonel de blindés précité prophétisant « une transversale musulmane de Tanger au Pakistan » était un certain Charles de Gaulle. Un homonyme sans doute.
Toujours gaulliste ? Peut-être, ma non troppo.
Au sortir d’une jeunesse algérienne et de l’avortement d’une vocation militaire qui a irrémédiablement fait « putsch » en 1961, Jean-Pierre Brun, s’est reconverti en juriste de terrain pour faire carrière dans l’industrie avant de terminer sa vie professionnelle comme délégué général d’un syndicat national patronal. Son humeur on ne peut plus vagabonde enfin retrouvée, il peut désormais s’adonner à sa vraie passion : l’Histoire et l’Algérianisme.
Du même auteur
aux éditions Dualpha
Témoignages pour un engagement. OAS Métropole-1961-1962, collectif
J’étais dans l’OAS Métro Jeunes-1961-1962
Chroniques de l’Algérie française, préface de Jean Bourdier
Une Presse nationale de combat 1960-197…, préface de Philippe Randa
Camus autrement, préface de Laurence Brun-Mircher
Algérie 54-62… Un autre jeunesse française, préface d’Yves Sarthe
Les voies incertaines de la Repentance. Algérie 1830-1962, préface de Thierry Rolando
D’Azzedine à Si Salah. Une étude sur « La paix des braves », préface de Jean-Pierre Blanchard
Hélie Denoix de Saint Marc, entre honneur et sainteté, préface de Père Christophe Kowalczyk
De Gaulle et l’armée, la fatale équivoque, préface de Henri-Christian Giraud
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