24 février 2017

Un guide contre la repentance imposée à la France !

Par Fabrice Dutilleul

« Mon seul souci en écrivant ce livre
a été de mettre à disposition
de personnes de bonne volonté
un manuel, un guide
leur permettant de ne pas se fourvoyer
sur les voies incertaines d’une repentance
extrêmement contestable
dans ses fondements prétendus »

Jean-Pierre Brun.

Jean-Pierre Brun.

Né à Souk Ahras, Jean-Pierre Brun a sillonné l’Algérie. Il est l’auteur de plusieurs livres sur la Guerre d’Algérie, notamment ses souvenirs de combattant politique.

Les voies incertaines de la Repentance. Algérie 1830-1962 (éditions Dualpha).

Les voies incertaines de la Repentance. Algérie 1830-1962 (éditions Dualpha).

(propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

Pourquoi ce travail sur les voies de la repentance que vous qualifiez sans complexe d’incertaines ?

Curieusement, ce n’est pas l’autoflagellation que nos élites intellectuelles autoproclamées nous infligent depuis quelques décennies qui m’a fait réagir, encore que… Non ! Ma source d’inspiration se situe au cœur du « Centre de Documentation des Français d’Algérie » de Perpignan. Cette institution, née d’une collaboration entre le Cercle algérianiste et la municipalité, a ouvert ses portes au printemps 2012 et a déjà accueilli plus de 20 000 personnes dont des « métropolitains », de plus en plus nombreux, et même des étrangers. Il m’arrive d’accompagner des groupes à l’occasion de « visites conférences » au cours desquelles sont présentées, statistiques et documents officiels à l’appui, la vie des Français d’Algérie et leur contribution aux épreuves traversées par cette « Mère patrie », dont le concept est devenue aujourd’hui presque incompréhensible sinon dérisoire. À l’issue de cette présentation, les trop fameux « nous ne savions pas… » et « on nous a raconté que… » me sont servis à toutes les sauces. Je me suis donc senti obligé de rétablir des faits avérés, ensevelis sous les strates savamment empilées d’un négationnisme ne visant rien d’autre que l’institutionnalisation d’une repentance unilatérale relevant d’ailleurs le plus souvent d’une falsification pure et simple.

De ce constat « de terrain » quelles sont les idées reçues qui illustrent le mieux cette désinformation ?

S’il fallait résumer les points clés de cette falsification quelques lignes suffiraient : « En 1830 l’armée française débarque à Sidi Ferruch pour conquérir l’Algérie qui constitue un État au plein sens constitutionnel et international du terme. La soldatesque française après avoir joui d’un effet de surprise se trouve vite confrontée à une résistance nationale incarnée par Abd el Kader. La smala de ce dernier étant prise (merci Horace Vernet et Pierre Dac), plus rien ne s’oppose à un envahissement par les colons qui chassent de leurs terres les Arabes et exploitent ces pauvres gens sans la moindre vergogne. Lorsqu’une centaine d’années plus tard les poussées de fièvres indépendantistes secouent le pays, “les colons à cravache montés sur cadillac” sont prêts à tout pour défendre leurs privilèges et laisser la population indigène dans la misère, l’insalubrité et l’ignorance dans lesquelles elle a été maintenue sinon poussée, car, bien sûr, des réalisations spectaculaires, si elles sont incontestables, ne bénéficient qu’aux Européens. »

Quels sont les points sur lesquels l’étonnement des visiteurs non avertis est le plus évident ?

La répartition socio-professionnelle de la population européenne d’Algérie, la faible proportion des agriculteurs, la répartition des terres cultivées entre musulmans et européens (respectivement trois quarts contre seulement un quart) ne manquent pas de faire voler en éclat l’idée d’une population européenne de nantis exploitant un indigénat asservi. Autre surprise : les options électorales des Pieds-noirs qui votent majoritairement à gauche, élisent les premiers conseils municipaux communistes à la fin de la IIe Guerre mondiale et militent activement à la CGT. Pour une population qualifiée de « fasciste » en 1962, c’est pour le moins surprenant.

Lorsqu’est évoqué le poids des institutions islamiques dont les responsables refusent toute intégration de leurs ouailles dans le corpus juridique français au nom de leur appartenance indéfectible à l’Oumma et de la primauté de la Charia sur tout autre droit, leur surprise est totale. Surtout lorsqu’est rappelé le décret Crémieux qui cinq ans plus tard accordent aux Israélites ce qu’ont refusé des autorités musulmanes qui évoquent purement et simplement l’apostasie en cas d’acceptation de la pleine citoyenneté française. (La revendication actuelle de l’application de la Charia dans une France strictement hexagonale « les interpelle quelque part » et peut même les inviter à réfléchir.)

Par ailleurs, la présentation des effectifs musulmans respectivement engagés dans les deux camps de 1954 à 1962, fissure quelque peu le concept de guerre d’indépendance rassemblant sous l’étendard nationaliste une population autochtone unanime. Un relent de guerre civile auquel se mêle un arrière-goût de conflit ethnique devient perceptible (les positions antagonistes du panarabisme, du panislamisme, du berbérisme, laissent déjà deviner la guerre civile des années 1990).

Auriez-vous la prétention d’avoir commis le livre définitif de l’histoire de l’Algérie française…

Loin de moi cette idée pour le moins saugrenue. Je vise simplement à redresser des torts faits à la France en rappelant que cette œuvre humaine réalisée pour une grande part par la IIIe République au nom des Lumières, de la laïcité et de la Démocratie, si elle a connu des échecs , si elle a commis des erreurs, si elle n’a pas été au bout de ses intentions, n’en a pas moins été à l’origine de ce qu’est aujourd’hui l’État algérien, lui permettant d’ailleurs à sa naissance en 1962 de bénéficier de structures administratives, sociales, logistiques et économiques qui faisaient alors envie à des États bien plus anciens.

Mon seul souci en écrivant ce livre a été de mettre à disposition de personnes de bonne volonté un manuel, un guide leur permettant de ne pas se fourvoyer sur les voies incertaines d’une repentance extrêmement contestable dans ses fondements prétendus.

Les voies incertaines de la Repentance Algérie 1830-1962 de Jean-Pierre Brun, Préface de Thierry Rolando, Président du cercle algérianiste, 236 pages, 25 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa. Pour commander ce livre, cliquez ici.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

 

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