Brexit : effet domino
Les Britanniques ont voté. Ils ont décidé de quitter l’Union Européenne. Depuis, c’est la stupéfaction, l’effarement, la colère et la peur d’un effet domino dans le reste de l’Union Européenne. Refus, incompréhension, colère, culpabilité, vengeance ! Serions-nous face aux réactions habituelles face à la mort d’un membre proche de la famille ? Que nenni !
La Grande-Bretagne n’est pas une mère, une sœur, une femme. La Grande-Bretagne est un pays, un peuple parmi des peuples, une Nation dans le monde avec laquelle nous avons eu pas mal d’histoire. Une voisine, une amie (selon le moment, dans un temps historique) et une connaissance certaine. La Grande-Bretagne quitte l’Union Européenne, mais pas l’Europe et pour cause, elle est de facto européenne de par sa géographie et bien plus que la Turquie.
Aujourd’hui, une pétition circule pour recommencer le référendum. Négation de la démocratie encore. Le peuple a tranché, mais pour les perdants, il aurait mal tranché. Il aurait ignoré les « vraies » causes et nié les « effets ». En clair, le peuple est idiot.
Aujourd’hui, des médias comme France Télévision en particulier et d’autres, nous démontrent que ce sont les ruraux, les ouvriers, les banlieusards, les chômeurs, les peureux de l’immigration et les plus de 50 ans qui ont voté pour le Brexit avec le sous-entendu évident que ce ne sont pas des intellectuels ayant pesé savamment le pour et le contre. Quel mépris du peuple, des « sans dents » dirait François Hollande.
Écoutons cette journaliste qui fait cet aveu d’impuissance !
A contrario, ce serait la jeunesse qui, à 70 % aurait voté contre le Brexit. Une jeunesse forcément intelligente, forcément instruite, cultivée, bien informée, qui voyage, consomme, etc. La crème en fait, et donc, par définition la jeunesse aurait raison et les vieux cons auraient tort.
Quel mépris du peuple de la part de ces médias européistes. Quelle indignité de ces journalistes. Quelle arrogance de la part de ces pseudo-intellectuels qui se pensent chargés de science et d’informations et raisonnés. Hors l’Union Européenne, point de salut nous disent-ils en chœur. Ils condamnent la Grande-Bretagne à l’explosion, se délectent par avance, la rage au ventre, de la séparation de l’Écosse et de l’Irlande qui ne manqueront pas, disent-ils la bave aux lèvres, de demander leur indépendance. Ils s’ingèrent dans les affaires intérieures des Britanniques et annoncent l’apocalypse.
Je ne sais pas ce que l’on enseigne dans les écoles de journalisme, mais ce n’est sûrement pas l’histoire des peuples, et leur caractère. Ils ne comprennent pas que, plus ils enfoncent la Grande-Bretagne, plus ils vont braquer les Britanniques et les souder. L’Écosse, comme l’Irlande, est bien plus proche des Anglais que de la France et de l’Allemagne. L’Écosse a déjà voté par référendum pour rester dans le Royaume-Uni. L’Irlande du Nord a fait le choix lors de la guerre contre les séparatistes, de rester dans le Royaume-Uni. C’est très récent sur l’échelle de l’Histoire, mais il semble que les journalistes l’ont déjà oublié. Effarant.
Non, les plus de 50 ans ne sont pas des imbéciles. Non, les ruraux, les ouvriers, les banlieusards ne sont pas des demeurés mal informés et oui, tous ont peur, et c’est bien normal, de cette Europe qui déciderait pour eux, à leur place et particulièrement au sujet de l’immigration. Tous disent que la Grande-Bretagne vivait libre avant, et obéissait uniquement à ses lois. Le vote est une réponse à l’Union Européenne invasive qui souhaite fédéraliser les peuples et en finir avec les Nations. Pas besoin d’être un grand intellectuel pour le comprendre.
Les plus de 50 ans ont assez d’expérience et de connaissance pour comprendre avec leurs tripes, que l’Europe souhaite la mort de leur Nation.
La jeunesse est consumériste, voyage le plus souvent grâce aux plus de 50 ans, se déplace et fait la fête d’un pays à l’autre et s’imagine que c’est cela la liberté. Elle n’a pas eu besoin de la conquérir. La jeunesse rêve et c’est bien normal. Elle se projette dans un avenir qu’elle imagine plein de promesses et croit que c’est l’Union Européenne qui est le cadre et l’initiateur. La jeunesse est par définition insouciante et refuse comme les plus de 50 ans d’ailleurs que l’on change quoi que ce soit à leur cadre de vie.
Pour autant, cette jeunesse pourra toujours voyager, comme autrefois voyageaient des jeunes gens au XVIIIe, XIXe et XXe siècle entre la France et l’Angleterre et même, bien au-delà. Les voyages ont toujours formé la jeunesse et cela ne date pas de l’Union Européenne. À la différence que les racines de ces jeunes gens d’autrefois, devenu vieux par la suite, étaient bien plantées dans le terreau de leurs Nations, et ils en tiraient une force que jamais l’Europe fédérale consumériste, tatillonne, éprise de règlement en tout genre ne pourra leur donner. L’Europe n’est pas et ne sera jamais une Nation en elle-même. En conséquence, cette jeunesse ignorante des classiques et de son histoire des peuples, n’est pas à même de juger ces anciens et de les considérer comme des attardés, des passéistes. Les tripes ont souvent plus d’intelligence que des cerveaux hors sol. Les sentiments et les sensations ont souvent bien plus de bon sens que les cervelles enthousiastes, mais vides d’expériences et manquant de recul.
Que nos journalistes utilisent cette ficelle des jeunes contre les vieux, des peuples écossais, et irlandais contre les Anglais, nous convainc plus encore, que nous sommes gouvernés par des « jean-foutre » mais surtout par des manipulateurs vivant dans l’ombre, comme ce Peter Sutherland qui affirme que : « La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée à cause de la déformation des faits et des conséquences. D’une certaine manière ce résultat doit être renversé. »
Ces propos ressemblant à ceux de Cohn-Bendit, nous permettent de mieux réaliser qui tient les manettes, et à quel point cette jeunesse est manipulée.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.