11 juin 2016

Machiavel et les armes de migration massive

Par Nicolas Bonnal

La base d’un empire – toujours multiculturel – est de conquérir des territoires et de transférer des populations pour les contrôler(1). C’est maintenant ce que l’on fait en Europe. Il faut amener des colons, et remplacer les populations rétives qui sont dominées – ou se laissent mourir. Car comme le remarque Madison Grant dans son Passage d’une grande race, une immigration non désirée doit éteindre la natalité dans les pays nouvellement conquis ou occupés. C’est comme cela que le Wasp a commencé à disparaître en Amérique du Nord dans les années 1890.

La tactique est toujours la même. Car grand remplacement rime avec déplacement. On citera Tocqueville qui écrivait d’ailleurs à propos des Indiens : « En affaiblissant parmi les Indiens de l’Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesure leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu’ils n’étaient déjà. »

Les observations de Tocqueville sur le devenir des minorités US sont admirables.

Et j’en viens au cher Machiavel(2). J’ignore si ce dernier connaissait le procédé contemporain et inca du mitmac (remplacement de population justement en cas de conquête), mais il savait comment s’y prenaient les petits princes mixés de tyrans grecs de la répugnante « Renaissance ».

Et cela donne : « Pour conserver une conquête… Le meilleur moyen qui se présente ensuite est d’établir des colonies dans un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays : sans cela, on est obligé d’y entretenir un grand nombre de gens d’armes et d’infanterie. »

Oui, mieux vaut des « réfugiés » que des gens d’armes pour assurer l’ordre. D’autant que l’on peut comme en Allemagne nommer ces réfugiés policiers : ils empêcheront les machos allemands de violer leurs compatriotes, m’a dit une gauchiste espagnole vivant à Bamberg.

Et Machiavel ajoute avec le cynisme sucré qui caractérise sa prose : « L’établissement des colonies est peu dispendieux pour le prince ; il peut, sans frais ou du moins presque sans dépense, les envoyer et les entretenir ; il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs maisons pour les donner aux nouveaux habitants. Or, les hommes ainsi offensés n’étant qu’une très faible partie de la population, et demeurant dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que tous ceux que sa rigueur n’a pas atteints demeurent tranquilles par cette seule raison ; ils n’osent d’ailleurs se mal conduire, dans la crainte qu’il ne leur arrive aussi d’être dépouillés. »

La lâcheté et le refus de s’informer font partie du complot. Comme dit McLuhan, le père du village global, « les plus grands secrets sont gardés par l’incrédulité publique ! »

Notes

(1) Voyez les écrits de la stratège US Kelly Greenhill sur la question.

(2) Le Prince, chapitre III.

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