9 juin 2018

Les Juifs de France durant la IIe Guerre Mondiale

Par Bernard Plouvier

« Les archives du IIIe Reich démentent formellement
l’idée d’une collaboration efficace de l’État français,
surtout après les premières rafles de l’été 42,
portant sur des femmes et des enfants juifs 
»

Entretien avec Bernard Plouvier, auteur des Juifs de France durant la IIe Guerre Mondiale (2 tomes) (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

Que voilà un sujet original et dénué de fondement passionnel ! Pourquoi relancer le débat sur cette épineuse question tant de fois traitée ?

Le sujet n’est certes pas neuf ni anodin. La bonne question à se poser à son propos est de savoir si on peut l’aborder de façon objective, sans sacrifier au culte actuel de la repentance, dont l’utilité est peut-être évidente pour les politiciens, les journalistes et les affairistes, mais qui n’est d’aucun intérêt pour l’étude historique.

Cette repentance, que n’eussent tolérée ni un de Gaulle ni un Mitterrand, est d’ailleurs une attitude fort curieuse, puisqu’elle ne se justifie que par l’activité de rares spécimens de judéophobes fanatiques, comme il en a toujours existé à toute époque et en tout pays.

En revanche, l’on soutient et argumente la thèse que la repentance ne peut reposer sur une quelconque responsabilité du maréchal de France Philippe Pétain, chef de l’État français, ni sur celle du vice-Président du Conseil des ministres et dauphin désigné, l’amiral de la Flotte François Darlan, ni enfin sur celle du Président du Conseil Pierre Laval.

Mais il y eut indéniablement des mesures antijuives prises par l’État français, avec l’aval du maréchal Pétain, en 1940-1941. On ne peut les oublier.

Nul ne prétend le contraire. Encore faut-il expliquer les raisons de ces mesures qui ne sont pas nées du désir gratuit d’humilier des Juifs seulement coupables d’un excès de valeur humaine ajoutée, comme le serinent les apologistes communautaires. Déplorer des mesures discriminatoires sans en expliquer le contexte est une pure absurdité.

D’abord, on ne peut faire l’impasse sur le refus d’assimilation à la Nation française de la majorité des Juifs de France durant l’entre-deux-guerres, qui faisait contraste avec leur intégration massive à la vie politique, médiatique, économique et financière du pays.

Durant la Grande Guerre, les Juifs de France avaient fait preuve d’un tel patriotisme que diverses canailleries, durant les années vingt et 30, n’avaient pu déclencher de réaction antijuive notable. Jamais les Juifs n’ont été mieux traités en France qu’à cette époque, du moins jusqu’au désastre économique et social du Front Populaire, personnalisé, à tort ou à raison, par Léon Blum et son entourage, majoritairement composé de Juifs.

De 1920 à 1933, avant même l’exode des Juifs d’un Reich devenu national-socialiste, puis d’une Autriche unie à ce nouveau Reich, l’immigration massive de Juifs d’Europe de l’Est et du Centre avait doublé l’importance numérique de la communauté juive, introduisant quantité d’Ashkénazes, en grande partie yiddishophones, qui développèrent, de 1933 à 1939, une germanophobie haineuse et un bellicisme acharné très dangereux pour la Nation française, démoralisée par un chômage durable de grande ampleur.

Le premier volume de cet ouvrage décrit, de façon aussi détaillée que possible, l’immense déception que fut la réalité du Front populaire, dont les réalisations furent très éloignées des espérances populaires et des clichés de propagande. Les congés payés furent une fort belle et indispensable chose, mais fallait-il les payer d’une inflation délirante, d’une haine des classes pathologique et meurtrière ainsi que d’une dévalorisation de la notion de travail ?

En septembre 1939, la Nation est précipitée dans une guerre totalement dépourvue d’intérêt national et perdue d’avance, par la disproportion des puissances industrielles et militaires du IIIe Reich et de la France.

Au printemps 40, l’Armée française, obsolète et peu motivée, doit affronter seule une Wehrmacht très performante. L’allié polonais s’est effondré en un temps record en septembre 1939. Il en est de même pour les Belges et les Néerlandais en mai 1940, tandis que l’allié britannique ne fait rien ou presque. À cette époque, l’URSS et les agents du Komintern sont de fidèles collaborateurs du Reich et ce, jusqu’au 22 juin 1941.

Une fois la débâcle consommée, plus complète, plus humiliante, plus honteuse que celle de 1870, vient le temps de l’apurement des comptes, approuvé par une énorme majorité de Français, qui ne changeront d’avis, mais de façon radicale, que durant l’été de 1942, lors des rafles de femmes et d’enfants juifs et de la déportation d’innocents vers l’est, où les attend un sort dont on ne sait à l’époque rien de précis (ceci est développé dans le second volume).

L’une des plus importantes questions soulevées durant le second semestre de l’An 40 est celle de l’homogénéité de la Nation. Doit-on ou non admettre qu’une communauté qui refuse de s’assimiler à la Nation, continue d’être très influente dans la vie économique, politique et médiatique du pays ?

Mais que faites-vous de la honteuse collaboration de l’État français avec l’Occupant, dont parlent tous les historiens universitaires, académiques et mondains ; cette Collaboration dont la télévision française, incomparable outil culturel, ne cesse de nous entretenir de façon pluri-hebdomadaire ?

Les archives du IIIe Reich démentent formellement l’idée d’une collaboration efficace de l’État français, surtout après les premières rafles de l’été 42, portant sur des femmes et des enfants juifs.

Le maréchal refusera toujours l’imposition de l’étoile jaune aux Juifs de Zone Libre (Zone Sud, à compter du 11 novembre 1942), comme il refusera toujours la dénaturalisation en bloc des Juifs admis à la citoyenneté française depuis 1927 ou 1936. Seuls seront déchus les fuyards de mai-juin 40 et dénaturalisés ceux et celles, peu nombreux, jugés indignes après enquête des membres de la Commission de révision des naturalisations.

Il est exact, en revanche, qu’il a éliminé l’influence juive de la vie politico-médiatique française et qu’il a limité la puissance économique des Juifs en introduisant un numerus clausus pour certaines professions… cette limitation proportionnelle à l’importance démographique d’une communauté au sein d’une Nation peut être considérée comme une mesure « démocratique », si l’on considère que la démocratie n’est que la loi du nombre.

Mais que faites-vous des exécutions d’otages juifs ?

Nul ne va, là non plus, les nier. Objectivement, toutefois, les autorités françaises ont tenté de limiter les dégâts provoqués par l’assassinat de soldats allemands désarmés à partir de l’été de 1941. Le cycle infernal attentats terroristes-fusillade d’otages fut un jeu pervers opposant le PCF clandestin à l’Occupant. En raison du grand nombre de Juifs étrangers parmi les activistes communistes, des Juifs firent partie des otages fusillés.

La déportation de Juifs innocents et la mort d’un très grand nombre d’entre eux est-elle ou non à mettre, de façon partielle, au débit de l’État français ?

Charles de Gaulle avait tranché cette question par la négative ; François Mitterrand aussi. Et l’on doit reconnaître, après étude approfondie (qui forme une grande partie du volume II de ce livre), qu’ils ont eu pleinement raison.

Lorsque l’Occupant a commencé à rafler puis à déporter des Juifs, les autorités françaises ont systématiquement défendu les Juifs citoyens français et les Juifs étrangers ou apatrides décorés pour faits de guerre dans l’Armée française, ainsi que les épouses juives de prisonniers de guerre juifs ou non-juifs.

C’est à cette occasion, soit durant l’été de 1942, que l’opinion française s’est transformée, passant de l’indifférence – voire d’une hostilité envers les Juifs jugés inassimilables et stupidement bellicistes durant le nouvel avant-guerre – à un soutien actif qui a permis de sauver environ 275 000 Juifs métropolitains de la déportation.

Grâce à l’action vigoureuse de très nombreux Français : autorités et citoyens charitables, le pourcentage des Juifs déportés, adultes et enfants, fut l’un des plus faibles des pays occupés. Le cas du Danemark, étudié brièvement, est très particulier par la très faible importance numérique de la communauté juive et la proximité des côtes suédoises. Ceux de l’Italie et de la Bulgarie ont été dominés par les actions salvatrices personnelles du pape Pie XII et du délégué apostolique Roncalli, le futur Jean XXIII, très influent auprès du tsar Boris III.

Si la majorité des Juifs citoyens français a été sauvée, c’est à la résilience des patrons de l’État français qu’elle le doit. Quant aux Juifs apatrides et ressortissants étrangers, si tant d’entre eux ont échappé aux racistes qui les traquaient, c’est grâce à la protection active de dizaines de milliers d’hommes et de femmes de France, avec l’approbation et la participation active des clergés chrétiens de toutes confessions, de nombreux maires et directeurs d’écoles.

On rappelle qu’à compter du 11 novembre 1942, soit la date (lourde de symbole) de l’Occupation intégrale du territoire métropolitain dans les suites du débarquement anglo-US au Maroc et en Algérie, le maréchal Pétain et le président Laval n’ont plus exercé qu’un pouvoir très faible, quasi-symbolique, car dépourvu de tout moyen de pression sur l’autorité occupante.

Un essai de conclusion ?

On n’a nullement la prétention d’avoir clos le débat qui restera interminable, mais l’on a seulement voulu poser les jalons d’une discussion moins tumultueuse, s’appuyant davantage sur les archives publiées, sur l’évidence des faits que sur le ressentiment communautaire.

Est-il licite, en période de monstrueuses calamités, de sacrifier des étrangers et des apatrides pour sauver un maximum de citoyens, membres à part entière de la communauté nationale ? La réponse donnée à cette question en France, de la Libération à nos jours, est trop entachée de haine pour être satisfaisante, car, à l’évidence, un vrai chef d’État a pour devoir premier de protéger sa Nation. L’État d’Israël, de mai 1948 à nos jours, est la parfaite illustration de cet égoïsme communautaire considéré comme essentiel à la survie de la Nation en état de péril.

Aucune statistique fiable n’existe permettant d’estimer le nombre des Juifs séjournant sur le sol métropolitain durant l’Occupation, ou d’estimer, de façon approximative, le nombre des Juifs sortis vivants des camps nazis. Toute discussion sur ce point est systématiquement biaisée par le fait que les non-citoyens français n’avaient guère de raison de revenir dans une France appauvrie, où les dégâts des bombardements et les haines politiques n’étaient que trop évidents.

En fin de compte, l’actuelle repentance sur cette question est un nouveau paradoxe français, de nature politico-médiatique : elle s’est développée dans le pays d’Europe continentale qui, en valeur absolue, a sauvé le plus grand nombre de Juifs de la déportation, donc de la mort.

Quant à l’omniprésent « devoir de mémoire », quotidiennement célébré dans les médias français, force est de remarquer qu’il n’a nullement empêché la multiplication des génocides, de 1945 à nos jours et sur tous les continents.

C’est assez dire que le sujet traité mérite d’être étudié, puis médité de façon rationnelle et non pas seulement émotionnelle.

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale (volume I), Bernard Plouvier, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 562 pages, 39 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale (volume 2) Bernard Plouvier (Éd. Dualpha).

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale (volume 2)
Bernard Plouvier (Éd. Dualpha).

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale (volume II), Bernard Plouvier, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 612 pages, 39 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale (volume 2) Bernard Plouvier (Éd. Dualpha).

Les Juifs de France durant la IIe Guerre mondiale (volume 2)
Bernard Plouvier (Éd. Dualpha).

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