Thomas Paine, un « citoyen d’honneur » haineux, intrigant et délateur
Par Bernard PlouvierNé en Grande-Bretagne dans un foyer de corsetiers quakers, Thomas Paine (1737-1809) est matelot, fonctionnaire, révoqué à deux reprises en raison de son indiscipline et de ses indiscrétions, puis artisan, déclaré failli. Il rencontre Benjamin Franklin à Londres, en 1774, et passe en Pennsylvanie, où il entame une carrière de journaliste antiesclavagiste. En 1776, son livre antimonarchiste The Common Sense est un best-seller et devient le bréviaire des Insurgents.
En 1777, il est choisi comme aide de camp par le général indépendantiste Nathanael Greene, un dévoué collaborateur de George Washington auquel ce dernier ne rendit jamais l’hommage qu’il méritait, et publie quantité de brochures destinées à stimuler l’ardeur au combat des patriotes. Nommé secrétaire du Comité des Affaires Étrangères du Congrès (1777-78), il est révoqué en raison de ses intrigues et de la divulgation d’informations confidentielles.
En 1781, il passe en France afin de récolter des fonds pour la cause indépendantiste, puis se morfond dans la ferme que le nouvel État de New York lui a offerte pour ses bons services. En mai 1787, il propose à l’administration royale française, en grosses difficultés financières, un projet de pont métallique, qui sera réalisé en 1796, en Grande-Bretagne.
De 1787 à 1792, il séjourne à Londres, où il fréquente Charles Fox, le leader de l’opposition libérale, et à Paris, où il est très apprécié par le journaliste Brissot et l’académicien et marquis Nicolas Caritat de Condorcet. En 1791-92, il publie les volumes de The Rights of Man (Les Droits de l’Homme), qui se veulent une réfutation du pamphlet d’Edmund Burke contre la Révolution française.
L’Assemblée Législative en fait un « citoyen d’honneur » et il est élu député à la Convention Nationale, bien qu’il ignore la langue française : pour ses rares interventions à la tribune, il devra se faire aider du médecin et député « brissotin » François Lanthenas, comme traducteur. Il siège au centre (dans le « Marais »), mais vote systématiquement comme son ami Brissot, qui l’a fait entrer dès octobre 1792 au Comité de Constitution. Il est emprisonné de décembre 1793 à novembre 1794 comme « espion étranger », puis réintègre la Convention.
En 1796, il publie The Age of reason, où il fulmine contre toutes les religions révélées, clame sa haine de tout clergé et prône le déisme et la tolérance religieuse. Rentré aux USA en octobre 1802, il entreprend une campagne de dénigrement contre George Washington (mort en 1799), ce qui lui vaut un mépris quasi-général et meurt oublié dans sa ferme.
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Ancien chef de service hospitalier, spécialisé en Médecine interne.Il est auteur de nombreux livres historiques (L’énigme Roosevelt, faux naïf et vrai machiavel ; La ténébreuse affaire Dreyfus ; Hitler, une biographie médicale et politique ; Dictionnaire de la Révolution française,…) et d'essais (Réflexions sur le Pouvoir. De Nietzsche à la Mondialisation ; Le XXIe siècle ou la tentation cosmopolite ; Le devoir d’insurrection,…). Il a été élu membre de l’Académie des Sciences de New York en mai 1980.