Les animaux sont la plupart de « gauche » !

Oui, des études scientifiques ont montré que dans la nature, les grands singes utilisent leur main gauche de préférence.

Lorsqu’ils sont en captivité et près des hommes, c’est plutôt la main droite qui prévaut lorsqu’ils saisissent un objet. Des chercheurs néerlandais affirment que le gène de la mère déterminerait le choix du côté « humain » ou « animal » qui prévaudrait.

Lorsque Vercors a publié son ouvrage Les animaux dénaturés, en 1952, il avait imaginé avec une équipe de savants auxquels s’était joint un journaliste, Douglas Templemore, qu’il était possible de rechercher le « chaînon manquant » dans l’évolution du singe à l’homme. Ils trouvent une colonie de quadrumanes, donc de singes troglodytes qui enterrent leurs morts. Avec le projet d’aider la science, le journaliste va s’engager à donner son sperme pour inséminer une femelle singe.

La naissance d’un être que l’on appelle « tropi » va interroger les scientifiques. Le bébé « tropi » reconnu par le père, sera toutefois retrouvé mort, plus exactement « tué ».

L’aspect physique et moral du « tropi » est ainsi décrit : « Il a des bras démesurés, et bien qu’il se tienne généralement droit, il lui arrive, au plus fort d’une course, de s’appuyer encore sur le dos des doigts, à la façon des chimpanzés. Son corps est couvert de poils. »

Templemore a été le meurtrier, mais son geste a-t-il été motivé pour que la société se pose enfin la question de la définition de l’homme ? Est-ce que le « tropi » était un être humain ou était-il un animal ? La question engage l’acte de tuer. Relève-t-il d’un meurtre sur un humain ? Quel est finalement le mobile du crime ? Est-ce un crime sordide parce que l’épouse de Douglas n’est pas la mère de l’enfant ou supercherie lorsque le médecin découvre que le petit ressemble davantage à un singe qu’à un humain ?

Dans le cas du bébé « tropi », rien n’est dit sur le fait qu’il soit gaucher ou droitier. Est-ce que ce phénomène aurait pu changer le cours de l’histoire. À savoir si le bébé « tropi » avait été droitier, aurait-il pu davantage appartenir à l’espèce humaine ? Je ne le crois pas pour autant.

Les scientifiques ont observé que des chimpanzés en Tanzanie utilisent leur main gauche pour des actes qui demandent une certaine habileté très précise et la main droite pour des actions plus grossières. Ces animaux sont plutôt ambidextres, précise Marie-Claude Bomsel, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Dans le cas présent, le choix de la main ou du membre utilisé dépend du type de tâche à effectuer. Pour l’homme, il n’est pas encore possible de préciser si le fait d’être gaucher est génétique ou vient de l’apprentissage.

Mais contrairement à l’homme, beaucoup d’espèces animales utilisent leur patte ou leur pied gauche pour saisir une proie. Les oiseaux, les kangourous ou d’autres marsupiaux vont être « gauchers ». Par contre, les morses vont utiliser leur nageoire droite pour se nourrir.

Chez les chats, les scientifiques ont observé un équilibre. Car selon le sexe, la patte droite ou la patte gauche va être privilégiée pour saisir une proie ou un autre objet. L’étude a montré que les chats vont plutôt utiliser leur patte droite pour saisir alors que les chattes vont privilégier la patte gauche.

On a appris à la plupart des chiens à donner la patte droite, il semblerait que la latéralisation soit le fait de l’individu et non de l’espèce. De même que pour les chats, on a pu observer chez les chiens non castrés la propension à être gauchers alors que les femelles seraient droitières.

Alors si les animaux « votent » un jour, il ne sera pas difficile de faire un sondage ! Et selon que les chiens soient castrés ou non, leur préférence sera aussi connue ! Un référendum de l’espèce canine ferait lever la patte gauche aux mâles non castrés et la patte droite aux femelles et mâles castrés ! Serait-ce à dire que la droite l’emporterait ?

Jill Manon Bordellay est l’auteur de Souffrance animale & responsabilité humaine, préface de Christian d’Andlau-Hombourg, Éditions Dualpha, 194 pages, 25,00 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Souffrance animale & responsabilité humaine, Jill Manon Bordellay (Dualpha).

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