13 novembre 2016

Citoyens, on vous « Trump » !

Par Richard Dessens

 

C’était sûr qu’Hilary Clinton allait être élue. On s’en réjouissait à l’avance. On ressortait les people, chanteurs, et acteurs orduriers comme Robert de Niro, pour vilipender l’horreur Trump, la catastrophe impossible, la « vulgarité » incarnée comme l’a si bien décrit avec tact, élégance et sens de la diplomatie, notre Président François Hollande, pâle copie du susnommé de Niro.

Il n’y avait pas un plateau de télévision, pas une radio, pas un journaliste pour défendre, ou même essayer de comprendre les Américains et la personnalité de Donald Trump, rabaissé avec mépris plus bas que terre.

Les sondeurs, imperturbables, annonçaient avec une parfaite régularité la victoire évidente d’Hilary Clinton.

Et l’Europe, abasourdie, découvre l’impensable pour les élites de l’intelligence : Donald Trump est élu haut la main. Que s’est-il passé ? Une fois encore le peuple a mal voté. Comme en 2005 en France, comme en juin 2016 en Grande-Bretagne, comme en octobre 2016 en Hongrie. Et pourtant les élites ne peuvent pas se tromper. L’explication pour Trump ? Les sondeurs se sont simplement trompés car des électeurs habituellement abstentionnistes sont allés voter pour Trump pour manifester leur rejet des politiques traditionnels. Belle explication « scientifique » de politologues aveuglés par leurs propres convictions.

Ne pourrait-on pas enfin admettre, d’une part, que nos « élites » – people, intellectuels, journalistes – ne représentent plus – s’ils l’ont jamais représenté – le pays réel ; d’autre part, qu’ils s’acharnent à présenter comme évidentes leurs seules opinions personnelles ?

En réalité, c’est bien tout le problème de l’information en France et en Europe occidentale qui est à nouveau posé. Nos intellectuels et journalistes détestent les présidents de Pologne, de Hongrie, de Russie, sont tous pour l’Union européenne actuelle – sauf quelques critiques, car il en faut, mais à la marge –, étaient évidemment contre le Brexit, et traitaient Trump d’un souverain mépris ouvertement affiché. Leur haine pour Marine Le Pen devant être plus travestie, ils se rattrapaient sur Trump, dans une grossière assimilation commode, mais correspondant globalement à leur pensée politique. Les réflexions et analyses intelligentes mènent obligatoirement à cette pensée unique insupportable qui refuse les évidentes demandes des peuples qui, malgré le matraquage de l’information, se font de plus en plus pressantes. Nos journalistes, listant cette longue litanie de catastrophes, en arrivent à prédire l’élection de Marine Le Pen en mai 2017. Il ne manquerait plus que cela ! Le problème est que les suites catastrophiques annoncées des évènements précédents ne se sont pas produites.

Pauvre Union européenne. Détestant à l’Est la Russie de Poutine, évidemment vulgaire, effarée de la défection incompréhensible du Royaume-Uni au Nord, atterrée à l’Ouest par l’élection de Trump, autre vulgaire, mais très tolérante pour l’invasion migratoire au Sud, malgré quelques petits correctifs récents de façade.

L’Union européenne est en train de s’isoler politiquement et d’abandonner toute influence géopolitique dans un monde en remodelage. Pire, la France croit encore avoir son mot à dire au Moyen et au Proche Orient.

Rejeter Poutine et Trump va transformer en travail d’orfèvre la politique de l’Union européenne, si tant est qu’elle en ait une. D’autant qu’elle rejette aussi tous les mouvements dits avec mépris « populistes » d’Europe, qu’elle déteste Bachar el Assad bien sûr, sans que l’on sache qui a l’honneur d’être en grâce auprès d’elle.

Quels sont aujourd’hui les alliés de cette Europe du mépris et de la condescendance, éclairée par les grands principes démocratiques et des prétendues valeurs qu’elle va bientôt être la seule à défendre dans un superbe isolationnisme d’un autre temps.

Quelles sont les compromissions qu’elle va être amenée à faire pour rester dans le jeu politique du monde ? Car elle devra bien se calmer et comprendre que les peuples ne lui donnent plus aucun mandat pour décider à leur place. Les champions autoproclamés de la démocratie vont-ils enfin respecter la démocratie ?

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