Qu’est-ce qu’on s’marre !
L’été venu, nombreux sont ceux qui consultent leur montre connectée pour connaître la température de l’eau dans laquelle ils vont se baigner, celle de l’habitacle de leur véhicule garé au soleil, ou encore celle de la villa louée et dont la climatisation est en panne. En ce qui me concerne je sors mon thermomètre sociétal pour mesurer les évolutions de masse dont le merveilleux progrès nous fait bénéficier. Il me suffit pour ce faire de plonger l’engin dans la foule qui s’étale sur les plages ou qui envahit les rues piétonnes des cités balnéaires.
C’est ainsi que j’ai pu voir, vers 17 heures, une famille se frayant un passage dans l’une d’elles, s’efforçant d’avaler, le moins salement possible, des portions à emporter de spaghettis à la bolognaise. Une vraie performance par 37 degrés à l’ombre. La discipline n’est pas encore olympique mais elle mérite de le devenir. Quand j’étais enfant je lisais les aventures gargantuesques de la tribu des Béni Bouftou. Qui peut contester que, parfois, la réalité dépasse l’affliction ?
Sur le sable j’ai fait un constat intéressant qui montre bien l’évolution des mœurs. Les corps offrent le spectacle de peintures de maître le plus souvent figuratives, ou encore de pensées philosophiques (mais oui) à méditer dans le souffle du vent marin ou le doux bercement du flux et du reflux. Dans les années 50, sur la carte nationale d’identité, apparaissait à la rubrique « signes particuliers » : « porte un tatouage » (à l’époque cette pratique douteuse était pour ainsi dire réservée aux malfrats ou aux légionnaires). Aujourd’hui si une telle rubrique existait on pourrait lire : « Ne porte aucun tatouage ».
J’ai honte de ne pas avoir souscrit à cette mode, d’autant que mes maîtres Pierre Dac et Francis Blanche avaient évoqué sur des tissus érectiles d’un individu, d’une part la prise de la Smala d’Abd el Kader et, d’autre part la cueillette des olives en Haute-Provence.
Plonger mon fameux thermomètre en pleines pages de la presse locale est souvent significatif à divers titres d’ailleurs.
Un coq est l’objet d’une plainte de la part d’un particulier ayant fui la ville pour se rapprocher de la terre nourricière et mieux saisir les vérités existentielles de notre planète toujours à sauver. Ce malheureux Chantecler, jusqu’alors symbole de la nature qui s’éveille, vient de comparaître devant un tribunal. Il ne respectait pas le sommeil d’autrui. Au sortir du prétoire le noble volatile, dressé sur ses ergots, aurait déclaré à la presse : « Croyant avoir tout entendu de la part des citadins visitant notre ferme, j’avoue ne m’être jamais imaginé un pareil niveau de connerie (sic) ».
La vérité sort de la bouche des enfants, c’est bien connu, mais d’un bec de gallinacé ! N’est-il pas choquant (ma sœur a vécu quelques années en Angleterre au point de contaminer ma syntaxe).
L’événement est à rapprocher des démarches des mêmes adeptes du retour à la terre. Ils intentent un procès pour obtenir que l’horloge du village ne sonne plus les heures et que l’angélus du clocher du village soit banni. Il est vrai que pour ces adeptes du retour à la terre, les villageois défenseurs de ces pratiques passéistes ne sont que des péquenots pollueurs aux pesticides et utilisateurs de farines animales pour en gaver leurs animaux. Quel abruti oserait encore affirmer : « La terre ne ment pas ! »
Concernant la faune combien maltraitée, on découvre que la réintroduction réussie des vautours dans nos montagnes et nos causses a des effets inattendus. Chacun sait que cet oiseau, honteusement décrié, est un charognard. Que se passe-t-il quand la réglementation concernant le traitement des carcasses des animaux morts, impose l’intervention d’un équarrisseur agréé afin d’éviter toute épidémie. Cette pénurie de charognes conduit ces élégants planeurs, toujours plus nombreux, à les susciter. Ils volent en escadrille et en rase-mottes pour effrayer les bestiaux et les pousser jusque dans le ravin le plus proche. Et voilà comment on fait d’un bon moine qui, naguère vivait des restes que l’homme lui abandonnait volontiers, un prédateur agressif, au grand dam des éleveurs.
Nous ne parlerons même pas des loups dont les agapes répétées ne font même plus l’objet du moindre articulet dans la page « faits divers » du Mercantour républicain ou de L’Éveil du Sauveterre. Pendant ce temps, sous le ciel étoilé d’une haute vallée bigourdane, les citadins curieux peuvent toujours écarquiller les yeux pour admirer la Grande Ourse. Elle s’est assoupie pour mieux digérer l’une des brebis du père Soubirous (aux dires de Jean Lassalle ce sont les meilleures de la région). Décidément, il en est qui font leur miel de n’importe quoi.
La politique, malgré le tournis qu’elle nous donne, arrive encore à nous surprendre.
L’Algérie vient d’être ravagée par d’impressionnants incendies. Il est normal qu’une grande solidarité contribue à en atténuer les effets. À Perpignan une amicale algérienne sollicite notre aide pour soulager un chouïa les populations sinistrées. Ce sont ses mêmes membres qui, quelques mois plus tôt, accusaient la France de crime contre l’humanité. Un hadith prescrit-il qu’il ne faut pas prendre les enfants d’Allah pour des canards sauvages. Je l’ignore, mais il ne manque pas de directeurs de conscience islamistes pour affirmer que les francaouis sont assez abrutis pour payer la lame qui leur tranchera la gorge.
Pour terminer sur une note plus joyeuse sachez que pour régler vos problèmes intimes « Le professeur Kabir, grand voyant médium résout tous vos problèmes : amour, chance, protection contre danger, désenvoûtement, crise conjugale, problèmes familiaux » et que « le professeur Haroun spécialiste en amour, professeur de sciences occultes vous aide à résoudre tous vos problèmes… », y compris impuissance sexuelle. C’est L’Indépendant de Perpignan qui l’affirme.
Il y a une cinquantaine d’années il suffisait de suspendre une médaille de Saint Christophe au miroir de courtoisie de son véhicule pour prendre la route des vacances en toute sécurité. Aujourd’hui invoque le marabout Lamine et va-t’en rassuré…
Et c’est ainsi que Allah est grand !
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