Pour une politique adossée à l’histoire des civilisations
La folle (et inintéressante) campagne électorale pour l’élection présidentielle française a laissé de côté un certain nombre de questions phénoménologiquement préjudiciables, occultations qui sont autant d’occasions pour le Système de mettre sous le boisseau des thématiques cruciales, de façon à ne pas exciter l’hydre de l’Herne « populiste ».
Ainsi, le bilan calamiteux de François Hollande dans sa gestion des attentats qui ont ébranlé notre pays (Charlie-Hebdo-hypercasher, Bataclan, Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray, etc.), n’a nullement été mis en discussion, la classe politique, tous partis confondus, ayant montré sa médiocrité absolue comme sa féroce incapacité à saisir les enjeux les plus graves. L’opportunité était grande de mettre politiquement en cause les inconséquences élyséennes, tant dans l’envoi de nos soldats en Afrique pour soi-disant combattre le « terrorisme » à l’extérieur de nos poreuses frontières, que dans le soutien inconsidéré apporté à Angela Merkel et à Jean-Claude Juncker, dans leur criminelle impolitique a-démocratique de submersion migratoire.
L’absence d’un tel débat qui fait également l’impasse sur l’échec prévisible des programmes gouvernementaux de « déradicalisation », ou sur les vrais motifs ayant inspiré le démantèlement de la « Jungle » de Calais – dans l’objectif, aux nocives conséquences ethnocidaires, de disséminer les immigrants sur l’ensemble du territoire – rend cette classe politique logiquement complice du gouvernement a-national-socialiste sortant. Rattrapée par les filets judiciaires dérivants des affaires, Marine Le Pen n’a guère su donner de la voix là où la crise économique et sociale se double d’une non moins évidente crise morale et civilisationnelle.
Engluée, à l’instar de ses concurrents, dans un relativisme laïcitaire et un républicanisme obtus, son discours est tout simplement rendu inaudible pour la majorité de ceux qui considèrent, en silence, que vibrer à l’évocation d’un idéal patriotique et spirituel vaut autant sinon plus qu’un point de croissance. Tous démontrent, par là même, une ignorance déconcertante contribuant à tenir nos concitoyens en léthargie. Pourtant, comme de cruelles et ironiques piqûres de rappel, le terrorisme islamique se rappelle régulièrement et implacablement à notre mauvais souvenir en continuant à frapper à Orly (18 mars), Londres (22 mars), Saint-Pétersbourg (3 avril), Stockholm (7 avril), Alexandrie et Tanta (Égypte, 9 avril) et, tout dernièrement, Dortmund (11 avril).
Comme le relève Yvan Blot, « c’est un tort de croire que l’affirmation des ‘‘valeurs occidentales’’ fera disparaître l’Islam terroriste puisqu’il est le produit même de cette coexistence. Les sources de l’Islam terroriste sont doubles : d’un côté, il y a une relecture du Coran de façon littérale et extrême. De l’autre côté, il y a la présence de plus en plus grande d’un Occident matérialiste conçu comme un danger mortel pour cet islamisme pur et dur » (Nouvelle Revue d’Histoire, HS n°13, automne 2016).
C’est dire qu’à moins d’un cataclysme, il n’y aura rien à attendre du prochain chef de l’État qui s’inscrira dans le sillon de ses prédécesseurs en usant de la moraline contre l’islamisme politique, autant dire un cautère sur une jambe de bois. Comme le disait Richelieu, la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. Encore faut-il en avoir la volonté. Le courage, aussi. Partant de l’intuition huntigtonienne du « choc des civilisations », il conviendrait d’arrimer toute politique conséquente sur le souci vital de conservation de notre patrimoine civilisationnel indivis, attendu, suivant en cela les enseignements de Fernand Braudel, que de cette impérative sauvegarde, découlent toutes les autres politiques. Le grand historien ne disait-il pas que « les civilisations se définissent [par] des espaces […], des sociétés […], des économies […], des mentalités collectives » ?
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