L’Europe de l’immigration
Malgré les instances dirigeantes de l’Union Européenne et la bien-pensance des élites européennes, les mesures se multiplient aux quatre coins de l’Europe pour préserver les intérêts des nationaux.
Theresa May, en Grande-Bretagne, assèche l’influence, d’ailleurs déjà en baisse, de l’UKIP en pleine crise d’isolement. Brexit sans compromis pour Madame May ; « renforcement du contrôle de l’immigration », a-t-elle précisé ; publication des salariés non britanniques par les entreprises du Royaume Uni ; ramener le solde migratoire de 330 000 à 100 000 : « Ce n’est pas parce que je suggère que les étrangers prennent les emplois des Britanniques que je suis raciste », a conclu Theresa May.
Le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, lui, veut rendre « autosuffisant en médecins britanniques » le Royaume Uni (un quart des médecins actuels sont étrangers). Nigel Farage (UKIP) est dépassé sur ses propres positions.
Encore plus récemment, l’Autriche, dont le Chancelier, Christian Kern, est socialiste (SPÖ), vient de prendre la décision de réduire les charges des entreprises qui embauchent un chômeur ou un salarié en reconversion, de nationalité autrichienne ou étranger, à condition qu’il travaille déjà en Autriche. Pas de baisse de charges si la main-d’œuvre est recrutée ailleurs en Europe ou dans le monde.
« Cela est complètement conforme avec nos idées européennes » a assuré Christian Kern.
Comme Theresa May, Christian Kern sait manier le paradoxe avec aplomb et un certain humour… Il faut ajouter que le SPÖ est en pleines discussions sur l’opportunité d’une alliance avec le FPÖ pour les prochaines élections législatives de 2018, élections qui pourraient d’ailleurs être avancées. Une partie importante du SPÖ est favorable à un tel accord de gouvernement. C’est comme si, en France, Manuel Valls, encore Premier ministre, avait passé un accord avec Marine Le Pen pour les législatives de 2017… On croit rêver ! D’autant que le FPÖ vient de signer un rapprochement avec le parti de Vladimir Poutine, Russie Unie… Décidément, les Autrichiens n’ont aucune pudeur…
Toutes ces mesures viennent avec plusieurs autres prises de position depuis 2014 dans de nombreux pays européens : Pologne, Bulgarie, Hongrie et même l’Allemagne, plus discrètement et de moindre ampleur. Pour le moment.
On peut s’interroger sur de telles dispositions nationales et en analyser le fondement et les conséquences. Qu’il s’agisse d’un mouvement général de réaction contre une trop grande ouverture des frontières et un abandon des intérêts des peuples nationaux, est une approche qui semble évidente, au point de braver les ukases de l’UE et le politiquement correct de nos intellectuels et élites politico-médiatiques.
Toutefois, il s’agit aussi d’un repli national qui vise globalement la plupart du temps toutes les immigrations, qu’elles soient d’origines européenne ou extra-européenne. C’est enfin une remise en cause de la philosophie politique dominante de l’UE et l’affirmation de plus en plus nette d’une défiance vis-à-vis d’elle.
Le renforcement des intérêts nationaux, pour louables qu’ils puissent être et peut-être nécessaires à un meilleur épanouissement des travailleurs nationaux, ravive les tentations nationalistes, déjà fortes notamment en Europe centrale.
Ces tentations nationalistes vont à l’encontre de la construction d’une Europe des peuples et signent le terrible constat d’échec de l’Union européenne économique et financière dont le résultat n’a été que d’appauvrir économiquement les peuples européens et de les soumettre à une repentance honteuse de leurs valeurs civilisationnelles.
Les peuples européens brisés, méprisés, humiliés, au profit de la valorisation égalitaire des autres cultures qui leur seraient bien supérieures et que nos élites vantent sans cesse, se réveillent à travers la seule voie qu’ils connaissent : le repli nationaliste. Un mal terrible tel que nous le constatons ne peut avoir comme solution un risque finalement stérile et anachronique.
Seule une Europe aux valeurs nouvelles, reconnues et portées avec fierté, fondées sur ses « cent drapeaux » peut apporter une régénérescence et un développement qui permettront de la faire sortir de son dernier rang mondial actuel en termes de croissance, et lui rendre sa dignité ainsi que celle de ses peuples meurtris.
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Philippe Randa,
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