22 janvier 2021

Je sais, je sais, je sais…

Par Jean-Pierre Brun

Encore quelques fruits savoureux nés en ces temps difficiles : la démystification d’idées reçues et la validation de quelques postulats apparemment fantaisistes comme celui de Pierre Dac : « Ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n’en savent pas plus qu’eux ». Il suffit d’écouter tous ces « sachants » qui investissent les studios de radio et les plateaux des chaînes de télévision pour s’en convaincre.

Au cours de ma carrière, à l’invitation d’un professeur ami, j’ai eu à intervenir devant quelques groupes d’élèves de l’ENA. Je devais m’exprimer sur la représentation du personnel et les négociations au sein de l’entreprise. Mon ancien camarade de faculté m’avait recommandé de ne pas trop approfondir le sujet et d’être le plus léger possible au motif que mon auditoire était déjà persuadé de mieux connaître le sujet traité que le minable directeur des relations sociales que j’étais.

Il avait ajouté qu’au sortir de cette prestigieuse institution, muni de l’incomparable sésame, le futur haut fonctionnaire devait être capable de s’exprimer dans n’importe quel domaine sans le connaître vraiment. Limites sans grande importance puisque des subalternes seraient toujours là pour combler ses lacunes. Et de rajouter que, dans leur grande majorité, ces aras aux plumages chatoyants, sauraient toujours cacher leur profonde inculture sous un vernis brillant.

J’avais alors mieux compris le propos de ce vieux roué de Talleyrand : « Ceux qui parlent ne savent pas, ceux qui savent ne parlent pas ».

Et voilà que, à l’image de l’enfant du conte d’Andersen, un virus impitoyable permet à une foule de « populistes » de découvrir que le roi est nu. Dans un « Mai 68 » à rebours, se répandent alors slogans et proclamations qui deviennent autant de costards taillés prestement pour rhabiller ce personnel soudain « mis à poil » par les rafales vengeresses du vent tourbillonnant de l’actualité. Exemple de friandise à suçoter pendant les trop longues heures de confinement : « Ceux qui savent faire font, ceux qui ne savent pas faire enseignent, ceux qui ne savent pas enseigner enseignent aux enseignants et ceux qui ne savent pas enseigner aux enseignants font de la politique ».

Au « décrochez-moi-ça » des vestiaires de la France éternelle nos élites cooptées se retrouvent ainsi vêtues de la tête aux pieds.

En bientôt un an le public aura fait le tour de la question en entendant les propos contradictoires de centaines de médecins qui à défaut d’être des infectiologues spécialisés postillonnent de leur verbe infecté, de hauts fonctionnaires de la cour des Contes, d’élus divers et variés fins connaisseurs, selon leur terre d’élection, de la grippe aviaire, de l’encéphalopathie spongiforme, de l’algue verte et du norovirus de l’huître, autant de bagages de vulgarisation scientifique leur permettant de parler doctement du coranavirus…

Heureusement du haut de l’Olympe la garde jupitérienne veille (le premier à faire un rapprochement avec des oies fussent-elles capitolines sera privé d’investiture pour le prochain banquet électoral). Milice prétorienne, elle sait, elle sait, elle sait… Elle n’en démordra pas puisqu’elle sait que le Très Haut sait.

Il me revient la devinette que me posait mon ami Yvan, un israélite de Constantine devenu depuis une sommité mondiale de médecine. « Connais-tu la différence entre un juif séfarade et un juif ashkénaze ? … Quand le premier sait tout, le second sait tout mieux ». Nos gouvernants ne se seraient-ils pas persuadés de savoir « encore plus mieux que mieux », selon l’échelle comparative de valeurs utilisée par Coluche pour vanter la qualité d’une lessive qui, elle, lavait plus blanc que blanc.

Il est un mot rayé du vocabulaire de l’ENA : « Humilité » (contrairement à bon nombre de pays d’Afrique cette école pratique l’autosuffisance avec succès). Pourquoi chaque Conseil des ministres ne serait-il pas précédé de la lecture du texte fameux enregistré par Gabin quelques années avant sa mort : « Toute ma jeunesse j’ai voulu dire je sais. Seulement plus je cherchais et moins je savais. Il y a soixante coups qui ont sonné à l’horloge. Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, je m’interroge. Maintenant je sais, je sais qu’on ne sait jamais ».

Et puisque tout se passe dans les bureaux feutrés du palais présidentiel, il paraît opportun de rappeler à son locataire que, dans la mythologie grecque l’Élysée est le lieu des enfers où gens vertueux et héros glorieux goûtent au repos éternel. C’est pourquoi, si j’étais Lui, alors que se rapproche l’échéance quinquennale, je réfléchirais (comme les billes de verre de certains gilets jaunes toujours prêts à être enfilés) avant de m’y reprendre à deux fois.

« Il faut savoir quitter la table, lorsque l’amour est desservi » lui souffle Charles Aznavour perché quelque part au-dessus du mont Ararat.

Savoir ! Encore savoir ! Toujours savoir !

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