Traitant des transferts d’autorité à son époque, Victor Hugo écrivait : « Après le Pape, le Papier ! »
Il avait raison car nul n’ignore aujourd’hui l’importance de la presse dans la formation de l’opinion. Par contre, le peuple français n’a pas suffisamment conscience que la possession de la presse est une affaire d’argent.
Depuis la dernière guerre, la grande presse est passée sous le contrôle du capital et les titres disparaissent ensuite quand ils ne lui sont plus nécessaires. Et si l’on a pu dire avec quelque excès que l’homme était « ce qu’il mange », il est plus juste de dire qu’il devient « ce qu’il lit ! »
Sans L’Humanité d’avant-guerre, jamais le Parti communiste n’aurait réussi à canaliser le monde ouvrier. Mais la matérialisation du peuple ayant été obtenue par la société bourgeoise capitaliste par d’autres moyens, L’Humanité est mourante, car il n’est plus nécessaire au capital d’agiter l’épouvantail communiste.
De même, le socialisme, ou du moins son appareil, est passé dans la social-démocratie qui compose avec le capital. Ce qui fut du ressort de la « Synarchie » condamnée par Pie XI !
Dans une société ou l’entraîneur du PSG, Monsieur Blanc peut partir avec 22 millions d’euros d’indemnités de licenciements, il est difficile de parler de justice sociale, dans le même temps que dans le centre de la France, les paysans privés de revenus, vont frapper à la porte des Restos du cœur.
La grande presse ne peut être qu’opportunisme, et sous des titres divers, elle mime la diversité des opinions alors qu’elle sert la même foire d’empoigne.
On a prêté au Président chilien Allende la déclaration suivant laquelle un journaliste était fait pour servir l’État, et non pas la vérité, mais cela pourrait être transposé avec tout autant de vraisemblance sur tout État qui se radicalise, quelle que soit sa couleur… Ainsi sous le gaullisme ou les journalistes libres payèrent un très lourd tribut au général radiophonique.
Aujourd’hui, la magistrature française, suivant ce qu’en a dit Éric Zemmour, en arrive à sanctionner le délit d’opinion, puisque des juges ont pu le condamner au motif qu’il aurait « dépassé les limites autorisées au droit à la liberté d’expression ! »
Par contre les limites de la liberté d’expression sous le « pontificat hollandien » ne furent point dépassées par les groupes de rappeurs qui se vantaient de « péter le fion de la France sans vaseline », d’exploser les « visages de craie, et de saigner les policiers comme des porcs »…
Le socialisme d’aujourd’hui, à géométrie variable, n’est plus celui de Jean Jaurès, ni même celui de Guy Mollet !
Mais comme l’excès finit par tuer l’excessif, plutôt que, comme Allende de se faire sauter la cervelle, François Hollande a choisi de prendre la retraite dorée que consent Marianne à tous ses anciens élus. Il s’éteindra dans le confort, et ce sera sa seule réussite.
À moins qu’un gouvernement de Salut public ne surgisse des évènements, et ne change les donnes établies par le profitariat.
Car il y a du changement dans l’air. Ce n’est encore qu’une très légère brise, car jusqu’ici, nos grands Pitoyables avaient réussi à bénéficier de cette jobardise citoyenne et moutonnière qui fait qu’on se sent dans le sens de l’histoire en braillant ensemble : « Même pas peur ! » où « Nous sommes tous Charlie. »
Cela aurait pu continuer, si le gouvernement eût démontré quelque virilité ! Hélas, le citoyen Cazeneuve tient davantage du rat d’égout que du cheval de bataille, et les complots qu’il prétend avoir déjoués n’ont guère plus de consistance que des bulles de savon : la réalité visible est celle des crimes que l’on ne déjoue pas, parce qu’on a libéré des multirécidivistes, et que ceux-là sont de plus en plus nombreux parce que traités par notre gouvernement comme des « Chances pour la France » !
C’est qu’on a eu des complaisances pour l’adversaire. Car l’adversaire existe, et le « Surtout pas d’amalgame ! » masque l’extrême lâcheté d’un « humanisme » qui espère sauver sa peau en caressant l’adversaire dans le sens du poil.
Je me demande si le Pape François lui-même n’est pas tributaire de notre temps puisqu’il semble avoir oublié la directive de Pie XII : « Ne tombez pas dans le songe creux de gagner à vous l’adversaire en se mettant à sa remorque ! »
Or c’est exactement ce songe creux qu’ont poursuivi la république laïciste et l’Église progressiste ! Un déni à l’intelligence et au courage !
Toutefois, le changement s’amorce : l’invasion ou acceptée ou voulue produit une réaction ; elle n’était pas seulement imbécile, mais criminelle et le peuple sent confusément que chaque citoyen peut finir comme le Père Hamel.
Voici ce qu’en dit Hasli Alidi, de L’Institut d’études et de recherches du monde Arabe : « Il faut lever les tabous ! Oui, parmi les migrants, les terroristes eux-mêmes le disent, il y a de l’entrisme ! L’organisation de l’État Islamique en profite pour envoyer des terroristes ! Oui, c’est vrai, il faut le dire, Ils viennent de Lybie, de la Syrie ou du Liban… »
Oui, la vaste entreprise mondialiste, qui a, en premier lieu, favorisé le réveil de l’islamisme, et tenté de casser par l’invasion, l’originalité des nations européennes, ne peut plus cacher l’étendue de ses crimes, et la réaction contre elle commence à porter ses fruits.
Depuis que la Norvège a commencé à renvoyer ses suspects, le crime accuse une baisse de 72 % ! Le Japon tirant les leçons de la faillite européenne, a totalement interdit le territoire aux musulmans ! Et il n’est pas jusqu’à Cuba, qui ne saurait être suspecté de « droitisme », qui ne vienne d’interdire la construction d’une Mosquée !
La Pologne voit une très forte montée de la ligue contre l’invasion, à l’exemple de la Hongrie et de la République tchèque.
Prenant exemple sur l’Angola, plusieurs États africains interdisent l’islam, et la réaction commence à gagner les États-Unis, ou au moins sept États considèrent la Charia, en infraction avec la loi ! Même en Allemagne, que l’on croyait presque totalement imbécilisée par Merkel, la réaction contre les agresseurs sexuels issus des pseudo-demandeurs d’asile est à l’ordre du jour…
Mais la volte-face la plus étonnante est peut-être celle du Président Turc Erdogan qui nous avait asséné des menaces typiquement islamiques du fait que nous ne voulions pas l’admettre dans l’Europe, et qui aujourd’hui accuse la coalition prétendument anti-islamique de faire en sous-main le jeu du terrorisme ; et il va jusqu’à affirmer le bruit qui avait couru, que les armes des djihadistes sont d’origine occidentales ! Quelle gifle pour les va-t-en-guerre hexagonaux qui se gargarisaient des « droits de l’homme ! »
Ce qui paraît encore plus significatif, c’est la récente position de la Revue Golias, citadelle du progressisme le plus agressif, laudateur de l’évêque bombardier d’Angoulême (Golias Magazine n° 159), et qui l’année dernière avait consacré une entière revue à la déstabilisation de Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne, jugé « traditionnaliste » !
Cet organe qui a repris avec plus de virulence le combat de Témoignage Chrétien disparu faute de lecteurs, vient de mettre une nuance à ses amours tapageuses avec l’islam (ce qui prouve que le progressisme même méchant, n’est pas toujours entièrement bête !)
Que dit l’organe des capitulards hexagonaux ?
« Pour qu’il y ait dialogue, il faut que les interlocuteurs avancent : en l’espèce, l’islam doit faire son aggiornamento, travailler à mieux former ses fidèles à sortir de la littéralité ! »
Certes les termes de ce souhait tiennent à l’utopie de voir les choses comme on voudrait quelles soient et non pas comme elles sont (ce que Bossuet disait être « la pire aberration de l’esprit »).
Elle est dans le ton de l’idéalisme qui soutiendrait que l’on peut convertir les crocodiles à manger des carottes !
Néanmoins, pour la première fois, elle énonce une condition au dialogue. Peut-être, un jour, découvriront-ils qu’il n’y a pas de Coran alternatif ! Et peut-être le Pape le découvrira-t-il aussi !
Un autre signe des temps nous est donné par l’évolution de la presse. Elle est en tout point similaire à ce qui se passa lorsque Napoléon Ier débarqua au Golfe Juan pour reprendre le pouvoir. À 800 km de distance, le principal journal parisien parla avec indignation du débarquement de l’Ogre ! Et puis, au fur et à mesure que le cortège impérial montait vers la capitale, le journal parla de Bonaparte, puis de Napoléon, puis de l’Empereur pour terminer par « Sa Majesté » lorsqu’il entra dans Paris !
Ainsi, toute la presse républicaine a-t-elle abondé un temps sur l’horrible Tyrannie de Bachar-el-Assad qui méritait les sanctions concoctées par Obama.
Et puis, lorsque Obama se retira du jeu, laissant pour faire la guerre le président Hollande, l’évêque bombardier d’Angoulême et quelques abrutis de moindre importance, les journaux ne surent trop quoi dire, mais continuèrent à accabler les troupes syriennes des atrocités commises par Daech.
Aujourd’hui que l’histoire à magnifiquement cocufié le président Hollande et l’Épiscopat Dagens, les journaux parlent du Président Bachar avec qui il faudra s’entretenir. Encore un petit effort et ils oseront parler du génocide du peuple Yézidi, et des soldats prisonniers, rôtis à petit feu par les Coraniques…
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.