Par Georges de La Fuly, musicien et peintre.
Nous n’avons plus de langue commune, nous n’avons plus de culture commune, nous n’avons plus de mœurs communes. Chacun parle comme il veut, chacun s’habille comme il veut (à l’école, dans les administrations, dans les salles de spectacles, dans les églises, dans tous les lieux publics), il ne faut donc pas s’étonner que certains en profitent pour s’engouffrer dans la brèche ouverte par la « libéralisation des mœurs » qui est l’autre nom de la désagrégation sociale. Les codes vestimentaires musulmans sont des drapeaux et des symptômes, certes, mais ils ont pris la place qu’on voulait bien leur donner. Si les codes vestimentaires européens avaient subsisté (mais on pourrait en dire autant des manières de table, de courrier, de conversation, de toutes les « manières » (et de tous les codes), ils auraient facilement barré la route (comme c’était encore le cas dans les années 60) à ceux qui nous viennent d’Afrique ou d’Arabie.
Les mœurs, voilà le point central, celui auquel on en revient toujours. Les « mal-élévés », les « sans-gêne », ce sont ceux qui ne savent pas s’adapter aux mœurs du pays dans lequel ils s’installent. Savoir s’adapter aux mœurs de l’endroit que l’on visite ou dans lequel on prétend vivre est la moindre des politesses et c’est ce qu’on nommait naguère le « savoir-vivre ». Ce n’est pas de « vivr’ensemble » que nous avons besoin, c’est de savoir-vivre. (Il ne s’agit ni d’égalité, ni de droits, ni de lois, au sens strict, il s’agit de mœurs, de coutumes, de traditions, de civilisation).
Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit d’un sujet annexe, ou secondaire. C’est même tout le contraire. C’est parce que le savoir-vivre a disparu que des sans-gênes hystériques (et historiques) ont pu croire qu’ils avaient le droit de s’installer ici comme s’ils se trouvaient chez eux. Quand vos voisins ont commencé à mettre de la musique à fond sans se soucier de savoir s’ils vous dérangeaient, c’est à ce moment-là que quelque chose s’est cassé dans la mécanique urbaine et sociale française, et c’est à ce moment-là, comme par hasard, qu’on a commencé à croire qu’on pouvait « intégrer » des peuples, et non plus des individus.
L’islam parle fort, toute la journée, toute l’année. Nous n’avons plus dans les oreilles et dans le regard que des signifiants musulmans. Il n’est plus question que de cela. Que ce soit à la plage, à l’église, dans la rue, à l’Assemblée nationale, à la télévision, à la radio, dans les journaux, sur Facebook, et même dans les conversations privées, cette question, ce bruit de fond, a pris toute la place. On en tombe du lit. Ah, ce sont les Libanais, qui doivent rire sous cape, en nous voyant nous prendre les pieds dans les burkinis, entre deux serviettes de plage ! Ils nous avaient pourtant prévenus, il y a fort longtemps.
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