Le cerveau changerait lors de l’apprentissage d’une langue

Depuis l’apparition sur terre de l’homme moderne, homo sapiens sapiens, il y a environ 50 000 ans, le langage est devenu la caractéristique de l’être humain, ce qui nous distingue des animaux. Alors, le langage aurait-il une influence spécifique sur le cerveau et notre évolution ?

D’une part, existe-t-il une relation entre l’apprentissage d’une langue et l’évolution du cerveau ? D’autre part, mais avant tout, comment notre langue maternelle a-t-elle façonné le câblage de notre cerveau ?

Pour essayer d’amorcer des réponses, référons-nous aux études en cours.

Il existe en effet plusieurs études dans le monde, japonaise, allemande et canadienne, montrant les rapports entre les langues et leur influence sur le cerveau.

Tout d’abord, l’étude scientifique japonaise révèle qu’après l’apprentissage d’une langue sur une courte durée, l’activité cérébrale commence à changer et à évoluer.

Cette étude a mesuré l’évolution de l’activité cérébrale après seulement quelques mois d’étude d’une nouvelle langue. Les résultats indiquent que l’acquisition de cette nouvelle langue stimule à la base l’activité cérébrale, ce qui indique qu’elle n’active pas simplement le cerveau, mais modifie aussi la fonction cérébrale.

D’autres recherches, cette fois allemandes ont montré que la langue maternelle reste à jamais imprégnée dans le cerveau. Même les personnes adoptées dès les premiers mois de leur vie et immergées dans une autre culture, gardent des traces, sans le savoir, de la langue entendue à la naissance. En effet, le cerveau réagit aux sons d’une langue entendue durant les premiers mois de la vie, mais déjà, dans le ventre de leur mère, les êtres humains sont exposés aux sons émis par la mère. Si bien qu’oublier sa propre langue équivaudrait à tourner le dos à sa vraie identité.

Notre langue maternelle influence notre cerveau et ce résultat pourrait avoir également une importance médicale. Ces connaissances pourraient aider les personnes souffrant de troubles de la parole après un AVC. Il serait possible alors de leur offrir une thérapie adaptée à leur langue maternelle, mais ces nouvelles connaissances pourraient également avoir de l’importance dans l’apprentissage de langues étrangères.

L’équipe de l’Institut Max Planck de neurologie et de sciences cognitives a analysé les connexions de la matière blanche du cerveau du réseau de la production du langage et de la parole. Pour cela, les chercheurs ont examiné 94 personnes dont la langue maternelle était l’allemand ou l’arabe. Auparavant, on pensait que la langue maternelle n’avait pas d’influence particulière sur le cerveau. Mais les recherches ont trouvé de nettes différences. Pour les personnes dont la langue maternelle est l’arabe, les régions du cerveau traitant de la prononciation et du sens des mots sont fortement connectées. En revanche, avec le groupe germanophile, des connexions sont plus fortes dans la partie du cerveau qui analyse, qui structure les phrases. Alfred Anwanden, l’un des chercheurs a été surpris par les résultats, car il pensait jusqu’alors que la langue était universelle.

Ces études se poursuivent et s’orientent également vers des recherches multilinguistes.

Comment en effet, l’apprentissage des langues va-t-il encore modifier la complexité du cerveau ?

On sait que les personnes multilingues ont davantage de facultés cognitives et leur cerveau est plus vif et plus réactif. Notre cerveau joue un rôle crucial dans l’apprentissage des langues. Il dispose de deux zones : l’aire de Broca destinée à la production du langage et son expression et l’aire de Wernicke conçue pour la compréhension.

Les recherches suggèrent toutefois que bien apprendre sa langue maternelle semble être un moteur crucial dans l’apprentissage des vocabulaires étrangers.

Ce qui laisse penser que les premières expériences langagières ont une influence unique et durable sur l’organisation du cerveau ainsi que la capacité qu’a celui-ci à s’adapter à divers environnements linguistiques, ce qui permet également d’acquérir de nouvelles compétences dans d’autres langues.

Alors d’où vient la faculté de parler, une faculté remarquable qui fait que l’homme est « le sommet de l’évolution » ? Le cerveau est-il le premier moteur de l’impulsion qui permet de parler ou est-ce que les sons puis leur articulation ont structuré le cerveau en le complexifiant progressivement ?

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