Il est de tradition qu’au milieu du mandat présidentiel, se déroulent des élections dites « intermédiaires » qui permettent de jauger la popularité, ou l’impopularité, de l’exécutif à un moment crucial, souvent à « mi-mandat ». Dans une démocratie à l’occidentale, ce temps apparaît fondamental.
Ainsi, ce test « en grandeur nature » permet d’infléchir ou de maintenir les politiques publiques menées. L’échec patent de la majorité giscardienne lors des municipales de 1977 va entraîner la création d’un vrai parti présidentiel, l’Union pour la démocratie française (UDF) qui sera un acteur déterminant de la victoire aux législatives de 1978. Le lourd échec de la majorité socialo-communiste lors des municipales de 1983, puis des européennes de 1984, va entraîner le départ des ministres communistes du gouvernement et la mise en place d’une politique économique dite de rigueur sous l’impulsion de Laurent Fabius et de Jacques Delors, l’Européen. Parfois, cette nouvelle inclinaison ne sert pas à modifier la défaite annoncée : la défaite de la gauche lors des municipales de 2001 affaiblira définitivement le camp Jospin, qui ne sera même pas présent lors du second tour de la présidentielle de 2002. Sombre référence pour les « progressistes ».
Depuis cette date, la réélection de Chirac en 2002, tout va plus vite puisque le mandat présidentiel est passé de sept à cinq ans, accentuant encore la présidentialisation du système initial. Il est donc encore plus difficile de se relever d’une cuisante défaite en cours de mandat : les municipales de 2008 pour Sarkozy ou celles de 2014 pour Hollande annonçaient déjà la défaite de 2012 et l’absence de candidature de 2017.
L’opportun virus enlève donc cette épine du pied du président Macron. Après avoir maintenu son étiage électoral lors des européennes (à peine 1 point de moins que la liste du Rassemblement National emmenée par Jordan Bardella, 23 contre 22 %), la démocratie élective a été clairement mise entre parenthèses. Les municipales se sont déroulées avec un délai de plus de 3 mois entre les deux tours et, surtout, ont été caractérisées par une abstention massive, notamment des électeurs seniors, ceux qui avaient l’habitude de voter. Risque de tomber malade pour élire Rachida Dati ou Martine Vassal n’engage guère à l’acte.
Au-delà des municipales, sont (toujours) prévues des élections régionales et départementales sur l’ensemble du territoire en mars de cette nouvelle année. Aucune campagne électorale ne pointe à l’horizon. Les partis d’opposition semblent tétanisés par la crise sanitaire, qui profite foncièrement à l’exécutif puisqu’elle favorise la politique du statu quo, celle qui consiste à mettre en avant, puisque nous sommes « en guerre », la présence d’un « bouclier » sanitaire.
Ainsi, Macron est devenu le « protecteur » de la patrie, celui qui tient au bien-être des Français. Ce président présenté comme jeune (né en 1977), dynamique, propre à relever les défis, est devenu un chef d’État « en pantoufles », prenant ses décisions après avoir consulté un « conseil » occulte de personnalités non élues.
Les élections ne passionnent plus nos concitoyens, c’est un fait mais dans notre cas, l’analyse est pire, ce sont les pouvoirs eux-mêmes qui organisent ce manque d’intérêt. Effectivement, ce déni démocratique permet de casser le thermomètre électoral. Car, soyons objectifs, le jour où Macron décidera de mettre en place des isoloirs et des urnes (on ne sait même pas quand à ce jour…), les électeurs les plus motivés ne retiendront pas les thèmes traditionnels : chômage, pouvoir d’achat, insécurité, immigration et fiscalité mais le rôle du bouclier contre la pandémie.
Aussi, l’exécutif se pare d’une toge qui lui est bien trop grande. Comment peut-on, en effet, considérer l’aspect protecteur lorsque l’on pense à l’affaire des masques ou aujourd’hui aux atermoiements sur la vaccination.
L’exécutif hésite car il ne veut pas prendre de responsabilités. Il hésite car il ne sait pas. L’affaire du sang contaminé, pourtant ancienne, a laissé des traces dans le personnel politique. Agir, c’est prendre des risques or cette notion n’a plus de sens dans une société aseptisée, « politiquement correcte ».
Le confinement a plus permis la fin de la contestation (les « gilets jaunes ») que la fin de la pandémie. Peut-être que le couvre-feu permettra la baisse de la délinquance nocturne ? Cela semble logique même si certaines traditions culturelles poussent à sortir au coucher du soleil.
Bref, des résultats sans aucun rapport avec les buts recherchés.
On s’est beaucoup gaussé de l’organisation des élections américaines. Ici, on ne risque pas trop de s’en gausser puisqu’elles sont ignorées, avant d’être probablement reportées. Sine die ?
Une suggestion, Monsieur Macron : puisque la Constitution de la Ve République a une vocation à la présidentialisation du régime et que le quinquennat a renforcé cette réalité institutionnelle, organisez tout le même jour, celui du premier tour de la présidentielle. C’est idéal, cela créera un plébiscite en votre faveur.
À moins que d’ici-là, une opposition se lève face à un pouvoir dominateur, devenu l’expression d’un régime sanitaire autoritaire. Mais pour cela, il faudrait au moins un vaccin contre l’inertie ambiante. Et ce vaccin-là, on n’est pas près de vous l’inoculer, ni même de vous le proposer.
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Franck Buleux, 50 ans, chargé d’enseignement, est diplômé en histoire, en droit, en sciences politiques et en criminologie. Il a publié, chez L'Æncre, "L’Europe des peuples face à l’Union européenne", préfacé par Georges Feltin-Tracol ; chez Dualpha "La Guerre sociale qui vient" (D’Action directe aux Black Blocs, la violence des ultras), également préfacé par Georges Feltin-Tracol et a dirigé chez Synthèse éditions le n°20 des Cahiers d'Histoire du nationalisme "Pierre Poujade. Union et Fraternité française". Auteur d’un mémoire sur les séparatismes européens, il se passionne pour les mouvements politiques favorables à « L’Europe aux cent drapeaux. »