En Autriche et en Italie, l’alliance des droites se concrétise
par Olivier Bault.
Les négociations pour former un gouvernement réunissant le centre-droit (ÖVP) et la droite nationale (FPÖ) semblent sur la bonne voie en Autriche. Les sondages publiés le week-end dernier montrent que les électeurs autrichiens voteraient de la même manière si c’était à refaire aujourd’hui, et les deux tiers d’entre eux souhaitent une telle coalition ÖVP-FPÖ sous la direction de Sebastian Kurz. La gauche et l’extrême gauche n’en veulent pas, bien entendu, et le président d’extrême gauche (Alexander Van der Bellen, Verts) voudrait interdire certains ministères au FPÖ et interdire l’entrée de certaines personnalités du FPÖ au gouvernement. Le 15 novembre, quelques milliers de personnes manifestaient à Vienne contre la formation d’une coalition avec le FPÖ. Le chancelier sortant, Christian Kern, qui est également le chef du parti social-démocrate (SPÖ), a indiqué au récent sommet de Göteborg, où les chefs de gouvernement de l’UE ont signé un texte vide pompeusement intitulé « socle européen des droits sociaux », que le FPÖ devrait changer radicalement ses positions pour que l’Autriche reste dans l’UE. Cette déclaration surprend dans la mesure où le FPÖ n’est pas particulièrement favorable à une sortie de l’UE ou même de l’euro. Mais ce qui fait dire cela à Christian Kern, c’est sans doute que Norbert Höfer, le contre-candidat de Van der Bellen aux dernières élections présidentielles, devrait être nommé à la tête du ministère des Affaires étrangères, et il est vrai que Höfer n’est pas partisan de l’Europe fédérale dont rêve Emmanuel Macron et peut-être aussi Christian Kern. L’Autriche montre donc qu’il est possible, à condition que la droite traditionnelle soit vraiment de droite, de s’allier contre la gauche et l’extrême gauche et bloquer, avec le soutien du peuple, les projets européistes, immigrationnistes et LGBTistes de la classe dominante.
Nationaliste soutenu par les trois partis de droite
L’autre exemple nous vient une nouvelle fois d’Italie. Après les élections municipales de juin remportées par une coalition qui allait du parti de centre-droit Forza Italia (le parti de Silvio Berlusconi) à la Ligue du Nord en passant par le parti nationaliste Fratelli d’Italia, voilà que les élections régionales du 5 novembre en Sicile ont été remportées par cette même coalition. Nello Nusumeci a été élu gouverneur de l’île avec 40 % des voix. Passé dans sa jeunesse par le Mouvement social italien (MSI) post-fasciste, ce nationaliste était soutenu par les trois partis de droite. Le candidat du Parti démocrate au pouvoir au niveau national a obtenu moins de 19 % dans cette île qui est en première ligne de l’invasion migratoire, loin derrière le candidat arrivé deuxième avec près de 35 % des voix, qui était soutenu par le parti « populiste » de gauche Mouvement 5 étoiles. Interrogé sur ce type d’alliances, le président du Parlement européen Antonio Tajani, membre de Forza Italia, a estimé que cela ne posait pas problème, notamment du fait de l’évolution de la Ligue du Nord sur l’appartenance à l’UE, et il a notamment déclaré : « Ces derniers mois, la Ligue n’est plus contre l’Europe. Elle demande non pas d’en sortir mais de modifier les traités, ce sur quoi nous sommes tous d’accord, comme le Front national en France. »
Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.
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