15 novembre 2020

Une journée ordinaire de Jean B., journaliste à « la Dépêche de Constantine »

Par Jean-Pierre Brun

Mercredi 24 avril 1957

De retour dans son bureau après 48 heures passées en reportage dans les Aurès, Jean B. commence sa journée en épluchant les dépêches tombées sur son bureau durant son absence. Elles s’inscrivent pour la plupart dans le chapitre sanglant du terrorisme du FLN.

Bône : assassinat de Monsieur Brahimi Brahi,

L’Arba : attentat à la grenade, un mort, Jean-Baptiste Mas 67 ans,

Bougie : assassinat du Docteur Bréchet,

Sidi Mimoun : massacre des époux Favier dans leur ferme,

Oran : assassinat d’Albert Roumad, cultivateur à Tlemcen,

Oran : enlèvement de Dominique Luciani et d’Antoine Santander,

Bône : Christian Lataste est tué d’un coup de couteau dans le dos,

Miliana : enlèvement de Guillaume Mercadal et Jean Ségura employés agricoles,

Alger : M. Lemaigre meurt dans l’attaque d’un autocar,

Oran : Jean Dona est tué par l’explosion d’une bombe dans un trolleybus,

Constantine : assassinat de Monsieur Pace, employé de police,

Blida : Assassinat de Jean-Baptiste Maille, cheminot en retraite,

Guelma : Madame Zarah Bouharoua et son bébé de 18 mois sont brûlés vifs,

Cap Aokas : assassinat d’Henri Aubertier, agriculteur de 80 ans,

Oran : le train Oran-Oujda saute sur une mine, plusieurs blessés…

La porte du bureau s’entrouvre pour laisser passer la face souriante de Loulou G. le très mondain échotier du journal

– Quoi de neuf, Jean ?

– Rien de bien particulier. La routine.

Et pendant ce temps dans la capitale…

Les rédactions de Jours de France et d’Ici Paris ne savent plus où donner de la plume et leurs photographes développent les pellicules de leur « rolleiflex ». La foule des badauds qui vient d’accueillir la jeune reine Elisabeth d’Angleterre dont c’était le premier voyage officiel en France, attend fiévreusement les numéros spéciaux qui vont immortaliser ces instants et notamment la croisière nocturne sur la Seine à bord d’un bateau-mouche.

Ciné Revue a envoyé ses meilleurs échotiers à Cannes où les préparatifs du prochain festival affolent déjà les populations. La vedette incontestable doit être une autre Elisabeth, Taylor celle-là qui, en élément précurseur, en compagnie de son nouveau mari Mike Todd, va enflammer la Croisette et déclencher les salves de flashes des paparazzi, sous l’œil émerveillé des midinettes.

Concernant le même Mike Todd son adaptation du Tour du monde en 80 jours en « Todd AO », technique annoncée comme révolutionnaire, excite déjà la curiosité du public. Dans quelques jours, sa première projection parisienne aura lieu dans une salle nouvelle aménagée pour la circonstance Le Richelieu, doté d’une bande-son en stéréo à 6 pistes (rien n’arrête le progrès).

Une seule ombre au tableau : « France-Soir fait état de 56 morts sur les routes pendant les fêtes de Pâques ».

On meurt en Algérie. Des civils tombent chaque jour sous les coups des terroristes. Mais bof… c’est loin tout ça. Ce n’est pas au cœur de la France métropolitaine, civilisée et policée, que de tels événements pourraient survenir.

Certes en banlieue des débits de boissons tenus par des Nord-Africains sont quotidiennement le siège de sanglants règlements de compte « mais tant que c’est entre eux, alors… bon débarras », comme philosophe un cafetier de la rue Soufflot.

Temps bénis aujourd’hui révolus. Les cellules d’accompagnement psychologiques n’étaient pas même imaginées. Les marches blanches restaient à inventer. Personne n’était « Albert Duchmol » ou « Suzanne Chomdu » « victimes innocentes de la barbarie ». Les familles des victimes pouvaient faire leur deuil en toute intimité sans être importunées par des politiciens en quête de popularité déclarant solennellement que les assassins n’échapperaient pas aux lois de la République. D’ailleurs les seuls sondages dont il était fait état dans la presse étaient ceux d’Hassi Messaoud ou d’Hassi R’Mel.

Une question, aujourd’hui pour qui sonne le glas ?

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