Le recyclage d’un gaulliste parisien
André Fanton, originaire de Gentilly, dans le Val-de-Marne, a été secrétaire d’État auprès du ministre d’État chargé de la Défense nationale du gouvernement Jacques Chaban-Delmas, du 20 juin 1969 au 5 juillet 1972. Il est élu député gaulliste du 11ème arrondissement de Paris depuis 1958.
Malgré la victoire des listes conduites par Jacques Chirac aux élections municipales de mars 1977, l’Union de la gauche a réalisé de bons scores et emporté de nombreux secteurs à l’est et au centre de la capitale, dont le 9ème secteur qui comprend l’intégralité du 11ème arrondissement dont André Fanton est un des députés (en 1973, le 11ème arrondissement a été André Fanton et le communiste Jacques Chambaz, qui sera battu en 1978 par un candidat RPR).
En 1977, c’est le député André Fanton qui emmène la liste « Union pour Paris » (UPP) patronnée par le futur maire de la capitale, Jacques Chirac. Sa liste dépasse, au premier tour, celle des giscardiens mais est largement distancée par la liste de l’Union de la gauche, dirigée par un communiste, qui l’emporte au second tour.
André Fanton craint de perdre son siège à l’Assemblée nationale. Malgré ses craintes, le siège restera dans l’escarcelle du RPR, puisque le jeune Alain Devaquet lui succédera en battant Georges Sarre, élu socialiste parisien avec 52% au second tour.
Et André Fanton ? Il ne pense pas encore à la Normandie. Les instances du RPR l’ont mandaté pour conserver la première circonscription de la Vienne. André Fanton se dirige vers Poitiers pour succéder au député sortant, Métayer, qui a succédé à l’ancien député-maire Pierre Vertadier, secrétaire d’Etat gaulliste qui ne s’est pas représenté en 1977. Parachuté à Poitiers pour conserver au mouvement gaulliste une circonscription modérée (qui avait voté Giscard d’Estaing en 1974 à 53%), André Fanton échoue dès le premier tour… Crédité de guère plus de 20% au premier tour, il est devancé par le maire socialiste de Poitiers (qui sera élu député avec 52% au second tour) mais aussi par e jeune candidat giscardien, l’UDF Jean-Pierre Raffarin, qui deviendra Premier ministre de Jacques Chirac en 2002.
André Fanton devra atteindre l’arrivée de la proportionnelle (lui aussi !) pour redevenir député… du Calvados. Battu en 1988, il sera réélu pour un ultime mandat député de Lisieux de 1993 à 1997, ville dont il sera également conseiller général.
Il aura été plus facile, pour notre ancien député de Paris, d’être -finalement- élu à Lisieux qu’à Poitiers.
Une fois encore, comme pour Jean-Louis Debré, défait à Calais et Ladislas Poniatowski, battu à Nanterre, la terre normande aura été plus favorable au cacique gaulliste que la terre poitevine.
Tous ces exemples consacrent notre introduction. La Normandie, terre de tolérance, n’hésite pas à élire des parlementaires issus d’autres régions. Cela pose deux problèmes :
- les élites politiques normandes sont-elles suffisantes, compte-tenu de la proximité de la capitale ? Ne sont-elles pas tentées par Paris, ce qui se traduit, par l’effet inverse, par des flux de la capitale vers la Normandie voisine ;
- nos représentants, une fois élus puis le plus souvent maintes fois réélus, sont-ils des porte-paroles de la Normandie ou plus prosaïquement des représentants de leur parti politique ?
Ces deux questions méritent d’être posées. Chacun se fera une idée. Il paraît évident que le choix préalable ou en complément d’un mandat national, d’un mandat local me semble un signe positif pour notre région (par exemple, Ladislas Poniatowski se fait élire maire d’une commune rurale dès 1977 alors qu’il ne sera parlementaire qu’en 1986). La fin du cumul des mandats, à ce sujet, ne me semble pas être une bonne voie.
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