25 août 2022

La Légion nationale belge, de l’Ordre nouveau à la Résistance

Par Lionel Baland

Lionel Baland est un écrivain belge, spécialiste des partis patriotiques en Europe, qui a rédigé plusieurs ouvrages sur l’histoire du nationalisme belge. Il publie, dans ce cadre, aux éditions Ars Magna, un ouvrage intitulé La Légion nationale belge. De l’Ordre nouveau à la Résistance.

Propos recueillis par Fabrice Dutilleul.

 

Parlez-nous de la Légion nationale belge…

La Légion nationale belge est un mouvement nationaliste belge fondé à Liège en 1922 par Henry Graff, dont le frère, le lieutenant José Graff, a été tué en Allemagne occupée par des patriotes allemands. Ce groupement d’Ordre nouveau est influencé par le régime en place en Italie.

Paul Hoornaert, avocat liégeois, succède à Henry Graff à la tête de cette organisation. En 1934, il prend part au Congrès international fasciste à Montreux en Suisse. L’année suivante, la Légion nationale défend l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie mussolinienne. Durant la guerre d’Espagne, elle soutient les combattants franquistes et entretient des liens avec la Phalange.

Lorsque Benito Mussolini, dont le régime a été mis au ban de la Société des Nations à la suite de son aventure éthiopienne, se rapproche d’Adolf Hitler – ce qui conduira finalement à la chute du régime austro-fasciste de Kurt von Schuschnigg et à l’Anschluss –, la Légion nationale, qui a toujours été hostile au national-socialisme au pouvoir en Allemagne, estime qu’il est devenu un suppôt de ce dernier.

Durant la « drôle de guerre », la Légion nationale s’en prend, au sein de son principal organe de presse – portant son nom –, au dirigeant norvégien d’Ordre nouveau Vidkun Quisling, qui est passé du côté allemand.

Après l’invasion de la Belgique par les armées allemandes, la Légion nationale entre dans les réseaux de la Résistance, fondée par des nationalistes. Plusieurs de ses membres sont condamnés par les occupants et certains d’entre eux sont exécutés. Le chef du mouvement, Paul Hoornaert, décède en 1944 en déportation en Allemagne, à la prison de Sonnenburg (1) – de nos jours Słońsk en Pologne. En 1950, un monument est inauguré à Liège, rue Fabry, sur la façade de sa maison, en présence de personnalités représentant l’État belge. Son adjoint, Fernand Dirix, fait carrière, après la guerre, en tant qu’officier, au sein de l’armée belge.

Paul Hoornaert,

Quel est le principal intérêt de cet ouvrage ?

Le livre met en avant le fait que la Résistance a été fondée, dès le début de l’occupation, par des nationalistes belges, dont la plupart ont été arrêtés et déportés par les Allemands. Nombreux sont ceux qui ont perdu la vie. En 1942, le gouvernement belge de Londres refusait toujours de reconnaître la Résistance, car celle-ci était aux mains des nationalistes.

De plus, si certains adeptes de l’Ordre nouveau ont pu se laisser entraîner dans la collaboration limitée – exemple : José Streel (2) – ou illimitée – exemple : Léon Degrelle (3) –, nombre d’entre eux ont combattu les Allemands. Ainsi, Xavier de Grunne (4) (5), élu en 1936 sénateur rexiste et grand ami du dirigeant de Rex Léon Degrelle, a fondé la Phalange et est mort en déportation. Le Mouvement national royaliste (MNR) (6), organisation de résistance, a été créé par des rexistes. Les écrivains belges, séduits par l’Ordre nouveau, Charles Terlinden (7) et Fernand Desonay (8) ont été impliqués dans la Résistance. Pierre Nothomb (9) (10), sorte de Gabrielle d’Annunzio belge (11), a eu des ennuis à plusieurs reprises avec l’occupant.

Alors que le rexisme de Léon Degrelle connaît à la fin des années 1930 une dérive d’Ordre nouveau, la Légion nationale a été beaucoup plus tôt adepte de ces idées et son organe de presse éponyme – paraissant entre 1923 et 1940 – contient le corpus idéologique de l’Ordre nouveau belge.

Remarquons par ailleurs que les dessins présentés comme anti-hitlériens et anti-mussoliniens de Hergé (12), le dessinateur de Tintin, ne le dédouanent pas de sympathies pour l’Ordre nouveau belge, puisque, à la fin de la décennie 1930, les adeptes de ces idées étaient opposés à Benito Mussolini, désormais considéré par ces derniers comme étant un complice d’Adolf Hitler.

Plaque sur la maison de Paul Hoornaert.

Pourtant, les médias du système ne présentent pas cela de cette manière ?

La presse et l’historiographie officielle ont tendance à occulter la réalité de cette époque, qui dérange les partis politiques du système. En effet, alors que l’armée belge a combattu vaillamment durant la campagne des 18 jours, entre le 10 et le 28 mai 1940, une rupture a eu lieu au château de Wynendaele le 25 mai 1940 – pendant que l’armée était engagée dans la dure bataille de la Lys – entre le roi Léopold III et ses principaux ministres : le souverain a refusé de les suivre en exil.

Les ministres, complètement démonétisés auprès de l’opinion publique, ne pouvant pour cette raison collaborer avec les Allemands, ont fini par se retrouver à Londres et sont revenus ensuite au pays après la Libération dans les bagages des armées alliées. Pendant ce temps, le président du parti socialiste, dénommé Parti ouvrier belge (POB), Henri De Man a collaboré. Il a été condamné au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pour cette raison, à 20 ans de prison – confirmés en appel –, alors qu’il s’était entretemps réfugié en Suisse.

Dire que les politiciens du régime ont détalé, que le dirigeant socialiste a collaboré, que les nationalistes ont fondé la Résistance et qu’une partie des tenants de l’Ordre nouveau ont rejoint cette dernière, n’est pas politiquement correct. De même, à propos des nationalistes flamands, dont une partie a collaboré, une autre a résisté et la troisième est restée inactive durant la guerre.

Le système politique en place préfère diffuser une conception qui ne correspond pas à la réalité, mais qui l’arrange.

Notes

(1) https://eurolibertes.com/histoire/sonnenburg-mouroir-pour-des-nationalistes-francais-et-belges/

(2) (préface de Lionel Baland) José Streel, La Révolution du XXe siècle, L’Æncre, Paris, 2021.

(3) Lionel Baland, Léon Degrelle et la presse rexiste, L’Æncre, Paris, 2021.

(4) Lionel Baland, Xavier de Grunne. De Rex à la Résistance, Godefroy de Bouillon, Paris, 2017.

(5) https://eurolibertes.com/histoire/xavier-de-grunne-de-rex-a-resistance/

(6) Lionel Baland, Xavier de Grunne. De Rex à la Résistance, Godefroy de Bouillon, Paris, 2017, p. 113 à 125.

(7) Lionel Baland, La Légion nationale belge. De l’Ordre nouveau à la Résistance, collection Le devoir de mémoire, Ars Magna, Nantes, 2022, p. 115 à 124.

(8) Ibid., p. 124 à 128.

(9) Lionel Baland, Pierre Nothomb, collection Qui suis-je ?, Pardès, Paris, 2019.

(10) https://eurolibertes.com/histoire/pierre-nothomb-paladin-de-grande-belgique/

(11) https://eurolibertes.com/histoire/dannunzio-magnifique-de-maurizio-serra/

(12) https://eurolibertes.com/histoire/herge-obtint-certificat-de-civisme/

Ouvrage :

Lionel Baland, La Légion nationale belge. De l’Ordre nouveau à la Résistance, collection Le devoir de mémoire, Ars Magna, Nantes, 2022. Pour commander le livre, cliquez ici.

 

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