30 juin 2022

Sonnenburg, mouroir pour des nationalistes français et belges

Par Lionel Baland

Słońsk est un village polonais situé à 15 km de la frontière allemande et à 100 km de Berlin. Ce lieu se trouvait, jusqu’à la fin de la IIe Guerre mondiale, en Allemagne et était une ville portant le nom de Sonnenburg. Le déplacement de la frontière germano-polonaise et la réalisation, à l’issue du conflit, sous la houlette de Staline et avec l’assentiment des alliés occidentaux, d’une Pologne ethniquement homogène ont scellé le destin de la partie de la population allemande n’ayant pas fui devant l’Armée rouge : elle a été contrainte de partir en direction de l’Allemagne au territoire désormais réduit.

Prison de Sonneburg.

Alors que les environs accueillent le Parc national de l’embouchure de la Warthe, créé en 2001 à l’aide de fonds européens, Słońsk, qui compte moins de 5 000 habitants, dispose d’un château qui a été détruit lors d’un incendie en 1975 et qui est en reconstruction, grâce à de l’argent octroyé par l’Union Européenne, et un musée, ouvert en 1974 à l’époque du régime communiste, consacré à la prison et au camp de concentration de Sonnenburg et dénommé « Musée du martyrologe des prisonniers victimes du fascisme hitlérien à Sonnenburg en 1933-1945 ».

La prison et le camp de concentration

Sonnenburg disposait entre 1832 et la fin 1931 d’une prison. Lorsque celle-ci a fermé ses portes, suite au délabrement de son état, du manque d’hygiène et du développement de maladies et à l’absence, due à la crise économique, de moyens financiers pour sa rénovation, la population de la ville a subi les conséquences économiques de cette décision car des habitants y travaillaient et d’autres vivaient de ses commandes. Des citoyens ont alors protesté et ont envoyé des pétitions au député au Parlement de Prusse et Gauleiter du Parti national-socialiste Richard Wilhem Kube pour obtenir une réouverture. Celui-ci a promis de le faire, si son parti arrivait au pouvoir, et il a tenu parole.

L’incendie à Berlin du Reichstag, le 27 février 1933, a eu pour conséquence l’arrestation de nombreux opposants au national-socialisme, ce qui a entraîné une surpopulation dans les prisons locales. En conséquence, le 20 mars 1933, le ministre prussien de la Justice a décidé de transformer la prison vide de Sonnenburg en camp de concentration. Des centaines de communistes, de socialistes et de syndicalistes y ont été incarcérées, ainsi que les écrivains Carl von Ossietzky, un pacifiste, et Erich Mühsam, un anarchiste.

Musée de Sonnenburg.

Le 23 avril 1934, le camp de concentration a été retransformé, après plus d’un an d’existence, en prison contrôlée par le ministère de la Justice et le parquet général berlinois.

Durant la IIe Guerre mondiale, suite au décret « Nuit et brouillard » du 7 décembre 1941 établissant que les ennemis de l’occupation allemande dans l’ouest et le nord de l’Europe ne doivent plus être jugés dans leur pays, mais par des juridictions spéciales en Allemagne, la prison de Sonnenburg a reçu une nouvelle affectation : accueillir des résistants de France, de Belgique, des Pays-Bas et de Norvège. Les prisonniers « Nuit et brouillard », un terme inspiré de l’opéra de Richard Wagner « L’or du Rhin », sont placés dans des cellules froides et humides et ne peuvent avoir aucun contact avec leur famille et leurs proches. Ils sont isolés des autres prisonniers, sont soumis au travail forcé et reçoivent moins de nourriture. Sur la porte de leurs cellules figurent seulement le numéro du prisonnier, le travail qui lui est attribué et la mention « Pas de courrier, pas de livres, pas d’assistance religieuse ».

Parmi les prisonniers se trouvait le socialiste Jean-Baptiste Lebas, qui a été maire de Roubaix, interné durant la Ire Guerre mondiale par les Allemands, député, puis ministre du Travail du gouvernement du Front populaire sous Léon Blum, et ensuite ministre des Postes et Télécommunications au sein de deux gouvernements. Il est mort à Sonnenburg et a été honoré après la IIe Guerre mondiale en tant que héros de la Résistance.

Dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945, l’Armée rouge se rapprochant, 819 – des environ 950 prisonniers – ont été tués et 6 ont survécu au massacre. Les victimes sont des Belges, Français, Luxembourgeois – qui ont refusé de servir dans l’armée allemande –, Néerlandais, Norvégiens, Allemands, Polonais, Yougoslaves, Soviétiques, Tchécoslovaques, Espagnols. Les autres ont dû partir à pied vers Berlin.

Prisonniers patriotes français célèbres

Parmi les prisonniers « Nuit et brouillard » français connus incarcérés à Sonnenburg ont figuré :

– Émile Bourgeois, né à Roubaix en 1915, ardent patriote, qui rejoint en 1940 l’Organisation Civile et Militaire (OCM) et en décembre 1942 ses services secrets, le réseau Centurie, et y exerce des fonctions importantes. Il est arrêté en septembre 1943. Il est condamné le 12 décembre 1943 par un tribunal militaire allemand à Lille en compagnie d’autres membres importants de l’OCM. Sa condamnation à mort, suite à un recours introduit par son avocat, est commuée en détention à vie. Il fait partie des prisonniers de Sonnenburg liquidés, dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945, avant l’arrivée de l’Armée rouge.

– Le sous-lieutenant Léon Faye, un des dirigeants du groupe de résistance « Réseau Alliance » fondé par le nationaliste Georges Loustaunau-Lacau. Il est liquidé par les Allemands dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945 à Sonnenburg.

– Le sous-lieutenant Maurice Dutheil de La Rochère, mort d’une pneumonie quelques jours après un traitement avec du désinfectant, puis de l’eau froide, auquel cet homme de 72 ans n’a pas résisté. Ami d’enfance de Charles Maurras, dont il partage les idées, il est un résistant de la première heure et dirige le groupe de résistance nationaliste La Vérité française.

– Le résistant René Lefebvre, monarchiste et père du futur évêque catholique traditionnaliste Monseigneur Marcel Lefebvre, est mort à Sonnenburg.

Cimetière des prisonniers.

Prisonniers patriotes belges célèbres

Les Belges « Nuit et brouillard » connus :

– Le comte Pierre d’Alcantara de Querrieu a été incarcéré à Sonnenburg et transféré ensuite vers le camp de concentration Sachsenhausen au sein duquel il a trouvé la mort. Il était membre du groupe de Résistance des Grenadiers, regroupant 400 soldats dirigés par 35 officiers appartenant à la noblesse.

– Paul Hoornaert, le dirigeant de l’organisation d’Ordre nouveau belge Légion nationale, malade, est considéré par le médecin, qui ne l’a pas examiné, comme un « simulateur » et reçoit trois jours de cachot, ce qui conduit à son décès. Il avait pris part fin 1934 au « Congrès international fasciste de Montreux » en Suisse.

– Georges Michotte, résistant belge, membre de la Légion belge – une organisation de Résistance nationaliste belge – et du Parti national, une organisation monarchiste dont les statuts contiennent des affirmations négatives sur les juifs et les francs-maçons qui a été interdite par les Allemands en octobre 1941 et a continué à exister clandestinement en tant que mouvement de résistance. Il reçoit, après la guerre, plusieurs décorations.

Sources

Hans Coppi et Kamil Majchrzak (sous la direction de), Das Konzentrationslager und Zuchthaus Sonnenburg, Metropol, Berlin, 2015, 239 p.

Ouvrages sur la Résistance nationaliste et d’Ordre nouveau en France

Jean-Claude Valla, L’extrême droite dans la Résistance, tome I, Les Cahiers Libres d’Histoire n° 2, Dualpha, Paris, 2010. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Jean-Claude Valla, L’extrême droite dans la Résistance, tome II, Les Cahiers Libres d’Histoire n° 3, Dualpha, Paris, 2010. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Didier Lecerf, Honoré d’Estienne d’Orves. 1940 : des monarchistes dans la Résistance, Cahiers d’Histoire du Nationalisme, n° 18, Synthèse nationale, Paris, 2020. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Ouvrages sur la Résistance nationaliste et d’Ordre nouveau en Belgique

Lionel Baland, Xavier de Grunne. De Rex à la Résistance, Godefroy de Bouillon, Paris, 2017.

Lionel Baland, Pierre Nothomb, collection Qui suis-je ?, Pardès, Paris, 2019.

Lionel Baland, La Légion nationale belge. De l’Ordre nouveau à la Résistance, collection Le devoir de mémoire, Ars Magna, Nantes, 2022. Pour commander ce livre, cliquez ici.

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