4 juillet 2025

De Gaulle, arrogance et appétit insatiable de pouvoir (3e partie)

Par Daniel Cadet

Les mésalliances gaullistes pour la prise du pouvoir

En dehors des communistes, De Gaulle fait alliance avec tous les ramassis de la IIIe République, socialistes, radicaux et autres francs-maçons qui s’étaient enfuis en juin 40, cachés durant l’occupation, réapparaissant à la Libération : les communistes tout d’abord dont les principaux comme Maurice Thorez étaient réfugiés à Moscou, sans parler de Georges Marchais qui en 1939 ira travailler en Allemagne comme volontaire dans les usines d’aviation Messerchmit, mais aussi beaucoup de socialistes notamment Vincent Auriol, réfugié pendant toute l’occupation dans un hospice des Pyrénées et qui deviendra le Ier président de la IVe République.

Peu avant le débarquement en Normandie De Gaulle transforme le CNR en « Gouvernement provisoire de la république française » pour occuper la place dès le départ des allemands, sachant qu’il pourra faire éliminer les gens du « gouvernement de Vichy » par la résistance sous le prétexte global de collaboration avec les allemands. A noter que De Gaulle ne s’investit jamais dans les tâches concrètes comme la libération de la France de l’occupation allemande ou la survie des populations. Son seul objectif sera la politique : la prise du pouvoir avec l’équipe qu’il a constitué (passé maître dans la propagande, tant pis pour les mensonges). Les coups de bluff lui réussiront.

De Gaulle fou de rage de n’être averti du débarquement en Normandie qu’au dernier moment refuse de fournir aux Alliés les 135 guides français et la 2éme DB de Leclerc ne rejoint le sol français qu’au mois d’août au Mans pour la fin de la bataille de Normandie. Il n’y aura aucune « force française libre » le 6 juin sur les plages normandes. Le commando Kieffer(177 « français libres »)débarquent à Ouistreham sous les ordres des Alliés ; De Gaulle feint d’en ignorer l’existence et poursuit cette attitude sa vie durant.

Il faut aussi savoir que le président des États-Unis a longtemps eu l’intention de préserver l’autorité légitime du maréchal Pétain lors de la libération du territoire français et en dernier ressort de faire administrer la France par des services américains prévus à cet effet (comme pour l’Italie). Après le débarquement anglo-américain sur les côtes normandes, Jean Daujat, se précipite chez le maréchal Pétain à Vichy et lui demande instamment de prendre un avion pour Bayeux, seule ville libérée. Le maréchal n’y était pas opposé, malgré ses 88 ans, mais personne ne fut capable de réaliser ce projet audacieux. Dommage car c’était les troupes américaines qui tenaient Bayeux et De Gaulle n’avait toujours pas été autorisé par les Alliés à se rendre en France. De Gaulle doit en effet attendre la mi-juin pour se rendre à Courseulles(14) où il arrive en bateau très discrètement. De Gaulle et son équipe sont très inquiets de l’accueil qu’ils vont recevoir ; son équipe se charge de « manœuvrer » la population et à son arrivée à Bayeux l’histoire retiendra qu’il est acclamé. Paradoxalement De Gaulle repart aussitôt à Londres pour ne revenir en France que fin août.

En août 44 les allemands emmènent Pétain et Laval prisonniers en Allemagne. Le « gouvernement provisoire » initié par De Gaulle se trouve maître d’une France où l’ordre continuait d’être assuré par l’administration. Les responsables qui à tous les niveaux avaient permis à la France de survivre pendant l’occupation, sont déclarés traitres à la Patrie (on se croirait en 1789) et accusés sans discernement de collaboration.

Alors que la libération de la France n’est pas terminée et que la guerre dure encore près d’un an, les FFI et FTP, au lieu de s’intégrer à l’armée des Alliés pour continuer le combat contre les allemands, vont « épurer »le pays. Et pour empêcher les américains de prendre contact avec les autorités légitimes de la France, De Gaulle se hâte de gagner Paris où il arrive le 25 août précédé d’une partie de la division Leclerc qui « fausse compagnie » aux Alliés pour mener le jeu politique de De Gaulle. Les FFI et FTP, dont beaucoup endossent le brassard FFI au dernier moment, s’emparent partout du pays dans une guérilla ostentatoire et inutile mais qui leur permettra, les armes à la main, d’occuper tous les postes administratifs.

De Gaulle nomme les préfets dans les départements libérés par les Alliés mais laisse se constituer des tribunaux populaires qui jugent en toute illégalité : assassinats, emprisonnements, tortures visent toutes les personnalités non-communistes. Le « colonel » FTP Ravanel, mis en place par jean Moulin, répandra la terreur dans le Midi et même le Sud-ouest ; un correspondant de guerre américain chiffre le bain de sang à 50 000 victimes civiles pour cette seule région.

Ce n’est que le 28 octobre 1944 que les milices des soit disant résistants sont dissoutes et remplacées par des tribunaux administratifs officiels qui se montreront néanmoins d’une partialité et d’une injustice tout aussi incroyable. Volonté manifeste d’abattre toute opposition aux gaullistes et aux socialo-communistes. On ne peut chiffrer le nombre exact de victimes de « l’épuration » sauvage et officielle : entre 100 000 et 200 000 peines de mort et pour des centaines de milliers de personnes l’emprisonnement, l’indignité nationale avec confiscation des biens ; toute l’élite française est décapitée et le pays paralysé. Ceci en dehors des véritables collaborateurs des allemands qu’il était nécessaire de juger et de condamner ;

Le 13 novembre 1945 De Gaulle est élu président du Gouvernement provisoire de la République à l’unanimité des 556 votants à l’assemblée nationale. Socialistes et communistes détiennent la majorité (302 députés sur 586). Thorez, déserteur en 40, revenu de Moscou reprend sa place au PC devenu le premier parti de France. De Gaulle en fait un ministre d’État. La présence de 5 ministres communistes dans le gouvernement est probablement le prix que doit payer De Gaulle pour que Moscou donne ordre aux FTP de « rentrer dans le rang ».

Mais De Gaulle ne s’entend pas avec les députés et le 20 janvier 1946 il donne sa démission et rentre chez lui. Attitude caractéristique d’un personnage qui se révèle tout au long de sa vie incapable de composer pour gouverner. Paradoxe d’un personnage (et de son entourage) frustrés de ne pas avoir gardé les rennes du pouvoir. Les intrigues et les coups fourrés reprennent avec plusieurs tentatives de putsch « légal » ; l’utilisation des « événements » d’Algérie aboutit après le 13 mai 1958 au retour du général aux commandes de la France jusqu’à son départ en 1969 où, comme en 1946, vexé et désavoué il retourne chez lui.

Une meilleure connaissance de l’Histoire et notamment du personnage machiavélique de De Gaulle aurait permis d’éviter à la France bien des drames et au moins de ne pas participer au retour du général en 1958 où il fut appelé comme sauveur du pays , tout aussi bien par les cadres de l’armée que par la droite française (alors que tous les écrits de De Gaulle et son comportement passé montraient qu’il bradait l’Empire colonial et faisait en tous domaines une politique incohérente et suicidaire pour la France).

À noter qu’en Afrique du Nord, durant la seconde guerre mondiale, le prestige du maréchal Pétain, vainqueur des allemands en 14-18, restait très fort chez les européens tout autant que chez les arabes dont beaucoup avaient servi dans l’armée française sur tous les champs de bataille ; De Gaulle ne leur pardonnera pas et leur fera chèrement payer en livrant, en 1962, l’Algérie aux mains des terroristes du FLN.

Il est important de rendre justice à ceux qui ont réellement servi la France (comme Weygand, Giraud et tant d’autres) et de rester clairvoyant sur les « idoles » pour lesquelles il serait honnête d’être au moins plus nuancé : ne serait-ce que pour Leclerc, honoré comme un modèle par la droite catholique alors que l’on passe sous silence Juin et de Lattre de Tassigny pourtant plus glorieux sans parler du général de Montsabert, grand vainqueur de Cassino , totalement oublié; que dire d’autre part de Jean Moulin, autre « idole », agent de Moscou ? au parcours pour le moins ambigu, enfin Malraux mythomane farfelu et tant d’autres (comme le couple Aubrac) dont il importe de clarifier le véritable comportement. Le devoir de mémoire est une obligation morale.

 

Courte bibliographie

L’homme qui faisait se battre les français entre eux, histoire du gaullisme. Roger Holeindre, Heligoland, 2009. Pour commander ce livre, cliquez ici.

L’homme qui faisait se battre les français entre eux, histoire du gaullisme. Roger Holeindre, Heligoland, 2009.

De Gaulle et les communistes, Henri-Christian Giraud, Perrin, 2020, 1025 pages Résurrection, Naissance de la Ve République, un coup d’État démocratique, Christophe Nick, Fayard, 1998, 657 pages

Réplique à l ‘amiral De Gaulle, préface de H-C Giraud, 9 historiens, Rocher, 2004, 380 pages

Jacques Le Roy Ladurie, mémoires 1902-1945, Plon, 1997, 500 pages Le temps des compromis, mai-déc 1940, Philippe Prévost, C.E.C, 2005, 210 pages L’Échiquier d’Alger, De Gaulle joue et gagne, nov 42-août 44, Claude Paillat, Laffont, 1967, 410 pages

Au cœur de la résistance alsacienne, le combat de Paul Dungler, réseau Martial, Jean Eischbach, 2003, 330 pages Les chefs de Maquis qui gênaient, Raymond Ruffin, Presses de la Cité, 1980, 290 pages Henri Frenay, la mémoire volée, Charles Benfredj L’épuration sauvage, Philippe Bourdrel, Perrin, 2002, 695 pages Le rendez-vous de Caluire, qui a livré jean Moulin ? André Figuéras, 1999, 175 p Le désastre de 1940, dossiers secrets , Claude Paillat , Tome 1(420 p 1983) 2(450 p 1984) et 3 (680 p 1985)

Le général Estienne « père des chars », colonel Ramspacher, 1983

Histoire élémentaire de Vichy, Amiral Auphan, France Empire, 1971, 280 p

Histoire de la collaboration (suivi dictionnaire des acteurs, partis, journaux) Dominique Venner, 766 p, 2000

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