Consul, un chimpanzé qui s’était humanisé
Le singe, très proche de l’homme, est peut-être parfois un peu trop proche ! Proche par son pouvoir d’imitation de l’humain, sa morphologie, ses postures, il peut sans doute nous déranger car sa proximité nous renvoie à notre propre animalité. L’homme s’indigne et voit comme une injure lorsqu’on le traite de « singe » !
La première présentation publique d’un primate anthropoïde, ainsi que sa désignation par le nom sous lequel nous le connaissons aujourd’hui, chimpanzé (dérivé du mot bantou Kimpanza) a lieu en septembre 1738 à Londres. On s’empresse de mettre la jeune femelle en scène dans un salon de thé. Elle est revêtue d’une robe en soie, boit très délicatement du thé et s’appuie sur un bâton. Elle imite à la perfection les comportements humains.
À Paris, en 1740, le naturaliste Georges-Louis Buffon (1707-1788) explique que les chimpanzés ont des ressemblances avec l’homme. Le naturaliste adopte un chimpanzé qui est capable de se servir du thé et d’utiliser couverts, serviette, verre, tasse et soucoupe. Buffon refuse toutefois d’humaniser les anthropomorphes car pour lui, la ressemblance est anatomique, mais non mentale.
Vercors (1902-1991) dans son roman Les animaux dénaturés a imaginé que par inséminations artificielles de femelles de singe par du sperme humain, on pourrait faire naître un « chaînon manquant », une hypothétique créature intermédiaire entre l’être humain et le singe. Cet être hybride appartiendrait-il alors à l’espèce singe ou à l’espèce humaine ? C ‘est la question que se posent les scientifiques.
Mais restons bien avec les chimpanzés et ce qu’ils ont pu susciter au XIXe siècle comme interrogations lorsqu’on les habillaient en humain.
Consul (1893-1894), ce chimpanzé particulièrement intelligent a imité d’office les humains. Il entre en scène dans les documents lorsqu’il débarque en 1893 au jardin zoologique de Belle Vue à Manchester, devenue une grande entreprise de divertissements avec d’immenses salles de danse et de concert, des restaurants et des halls à eaux chaude pour le thé, trois hôtels, un hippodrome, des jardins et deux lacs, le tout entouré d’animaux les plus attractifs : ours, lions, kangourous, éléphants, girafes, singes importés…
De Consul, beaucoup de photographies ont été retrouvées (il porte une chemise, pantalon, veste, manteau, chaussures et bonnet d’hiver, mais aussi pantalon court, gilet et calotte aux saisons clémentes, culotte courte et casquette d’été) photos dont certaines sont vendues en cartes postales, le montrant diversement habillé ou occupé.
Dès son arrivée, Consul dut s’exécuter trois fois par jour en public, à 9 heures, 12 heures et 17 heures pour le thé. Il savait sortir les affaires du buffet, comme la nappe, les serviettes, les couverts. Il les posait à la bonne place, le couteau à gauche et la fourchette à droite. Consul apprit à tenir le couteau selon les bonnes manières. À la salle à manger, il serrait toutes les mains, embrassait les dames à la demande, attendait l’autorisation de s’asseoir à table, de tendre sa tasse s’il s’agissait du thé, de prendre des douceurs, fruits ou gâteaux sucrés, de déguster une confiture, utilisait avec « bienséance » sa fourchette et son couteau s’il s’agissait d’un repas, tendant son assiette pour être resservi, s’essuyait la bouche, puis se lavait les mains. Il fumait également la pipe comme un élégant gentleman.
Un jour, il a jeté à terre et piétiné la page d’un manuel de zoologie représentant un singe. Ce qui laisserait penser qu’il éprouvait un vouloir-être humain et un rejet de son espèce. D’ailleurs, lorsqu’il se promenait dans le zoo, il jetait des cacahuètes à ses congénères avec un air dédaigneux.
Mais n’oublions pas que bien avant, Joséphine de Beauharnais (1763-1814) à Rueil-Malmaison, avait placé sa facétieuse orang-outan en face de Napoléon pour déjeuner.
Dans le livre Joséphine. Le paradoxe du cygne, paru aux éditions Perrin, Pierre Branda raconte : « Cette femelle singe était assurément le clou du spectacle vivant à Malmaison. Lorsque quelqu’un s’approchait de la chaise où elle était assise, c’était une curieuse chose que de la voir ramener sur ses cuisses les pans de sa longue redingote, prendre pour saluer un maintien plein de décence et de modestie. Elle mangeait à table, et se servait fort adroitement du couteau et de la fourchette, surtout pour découper des navets, mets dont elle était folle. Quand elle avait dîné, une de ses grandes joies était de se couvrir le visage avec sa serviette, et puis de l’ôter en faisant mille grimaces risibles. »
Que les singes soient d’excellents imitateurs et pourquoi pas des humains, est une évidence, mais l’imitation tourne parfois à la dérision, à la caricature. Peut-être se moquent-ils finalement de nous lorsqu’ils le font ?
Si ces spectacles ont été des objets de curiosités, ils sont désormais interdits. Ce type de représentation n’est plus éthiquement acceptable car il nécessite un dressage, parfois violent, et ne permet absolument pas de faire connaître l’espèce, son mode de vie et les menaces qu’elle subit.
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