Chassez le naturel !
Faire la guerre aux Habsbourg a été, pour la monarchie française et pour la république après elle, un réflexe spasmodique. Mais les gouvernants aiment donner une noble apparence à leurs obsessions et à leurs ambitions. C’est ainsi que Richelieu conçut la théorie des frontières naturelles.
Ces guerres étaient nécessaires, dit-on, pour briser un « encerclement ». Nul ne semble remarquer que pas une seule fois ce ne fut l’empire qui déclara la guerre, sauf pour reprendre la Bourgogne qu’on lui avait chipée et à laquelle il finit par renoncer. Mais, pour se défendre contre cet ennemi qui n’attaquait pas, Richelieu déclara qu’il fallait doter la France de frontières sûres, qu’il appela, par une sorte d’oxymore, ses frontières naturelles.
Or, quoi de moins naturel qu’une frontière ? La Gaule s’étendait de part et d’autre des Alpes. Et quand les Romains conquirent la Gaule cisalpine, ils poursuivirent leur chemin tout naturellement jusqu’à Lyon et Narbonne.
Les Pyrénées, forment, dit-on, une barrière plus difficile à franchir. Il n’empêche que le pays Basque est à cheval sur les Pyrénées, tout comme la Navarre et la Catalogne : celle-ci correspond à une ancienne marche de l’empire carolingien, dont la partie française porte le nom de Roussillon. Bon, mais quand il n’y a pas de montagnes ?
Longtemps, le Rhône fut la frontière entre le royaume de France et l’empire. Ce qui n’empêcha pas les rois de France d’acquérir le Dauphiné, la Provence, puis, sous Henri IV, la Bresse et le Bugey. La Saône, elle non plus, n’atteindra pas la dignité de frontière naturelle, ce qui permettra à la France de s’emparer de la partie de la Bourgogne appartenant à l’empire, connue sous le nom de Franche-Comté.
En fait, les fleuves n’atteignent au statut de frontières naturelles qu’à condition de se trouver, précisément, loin des frontières. C’était le cas du Rhin. À l’époque de Richelieu, la frontière s’établissait à peu près sur les Vosges et sur le cours de la Meuse. Des montagnes et un fleuve, ce sont des frontières naturelles ? Non. La frontière naturelle, comme son nom ne l’indique pas, n’est point une réalité statique. C’est un horizon, un but, une ambition ; autrement dit, un prétexte à déclarer la guerre.
La notion de frontière naturelle est fumeuse. On ne s’y rallie que pour régler un conflit, de même qu’en 1945 on ne fixa la frontière de l’Allemagne sur l’Oder et la Neisse que pour l’amputer d’une partie de son territoire historique.
Toutefois, la Saône et la Meuse furent, à l’est, des frontières bien réelles, d’autant plus que, coulant en sens inverse, elles prennent leur source dans la même région. Mais convoiter le Rhin, c’était convoiter la Lorraine et l’Alsace, la Flandre et le Hainaut, la Rhénanie, et bien d’autres provinces. Et c’était l’assurance d’entrer en guerre à coup sûr contre l’empire et les Provinces-Unies, mais aussi contre l’Angleterre. La théorie des frontières naturelles fut, en fait, une déclaration de guerre latente contre les principales puissances d’Europe.
Peu de provinces de la rive gauche du Rhin parlaient français. Sauf les trois évêchés, qui seront annexés sous ce prétexte par le traité de Westphalie (1648). Or, à cause de cette annexion, ils formaient une enclave, qu’il fut urgent de désenclaver en annexant les territoires voisins… bien qu’on n’y parlât pas français. Quoi de plus naturel ?
Les chroniques de Pierre de Laubier sur l’« Abominable histoire de France » sont diffusées chaque semaine dans l’émission « Synthèse » sur Radio Libertés.
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