Russie Unie, proche de Poutine, confirme sa domination politique
Xavier Moreau est un homme d’affaires français vivant à Moscou et est consultant pour TV Libertés. Lionel Baland l’a interrogé pour Eurolibertés à propos de la situation politique en Russie.
Le 10 septembre 2017, des élections régionales partielles ont eu lieu en Russie. Quels en sont les résultats et pourquoi le parti Russie Unie, proche de Vladimir Poutine, a-t-il largement emporté cette élection ?
En effet, Russie Unie a confirmé lors de ce scrutin sa domination politique qui s’est déjà clairement manifestée en 2016 lors des dernières élections législatives. Le renouvellement des élites du parti semble donner de bons résultats avec un retour de la confiance dans ce parti dirigé aujourd’hui par le Premier ministre Dmitri Medvedev.
Des gouverneurs de diverses entités ont également été le même jour désignés par Russie Unie et seulement un a été élu par une assemblée ?
Les gouverneurs en Russie sont élus après validation des candidatures auprès du Président. Ce dernier peut toujours les démettre, ce qu’il vient de faire avec Valeri Chantsev à Nijni Novgorod.
Où se situe sur l’échiquier politique Russie Unie et quels types de personnes votent pour ce parti ?
C’est un parti de centre-droit avec trois courants internes. Le principal, constitué de sociaux-conservateurs, est le dominant. Les deux autres sont les libéraux et les néo-étatistes.
L’électorat est vaste et comprend une bonne partie de la classe moyenne et des classes populaires. Le vote pour Russie Unie n’est pas un vote de classe, mais plutôt celui d’une majorité de la population qui privilégie la stabilité par rapport à toute nouvelle aventure politique.
Le Parti communiste de Gennady Zyuganov est toujours présent. Qui vote pour lui, des nostalgiques d’une époque révolue ou des électeurs plus jeunes ?
Beaucoup de retraités votent pour ce parti car le passage à la retraite entraîne encore en Russie une grosse perte de pouvoir d’achat. On est toujours nostalgique de ses 20 ans, mais la nostalgie de l’URSS se dissipe d’autant plus que Vladimir Poutine a redonné à sa population le sentiment de la grandeur de la Nation qui avait disparu dans les années 1990. Il y a également une petite partie de la jeunesse qui s’oriente vers ce Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) en prônant une meilleure redistribution des richesses.
Le Parti libéral-démocrate de Russie de l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski joue-t-il encore un rôle important ?
Le PLD est très lié à la personnalité de son leader et il est probable qu’il disparaisse avec celui-ci. En attendant, Jirinovski reste un aiguillon essentiel de la vie politique russe et dispose d’un électorat relativement fidèle.
Qu’est-ce que le parti Russie juste et quel est son poids électoral ?
Russie juste appartient à la IIe internationale comme le PS français, mais avec des positions bien plus conservatrices sur la Patrie et la famille. C’est un parti de centre gauche en perte de vitesse, notamment à cause du manque de charisme de son leader Sergueï Mironov.
Les libéraux disposent-ils de plusieurs partis ou sont-ils unifiés ?
L’idéologie libérale, après avoir dominé les années 1990, est en perte de vitesse dans tous les domaines sociétaux, socio-économiques et géopolitiques. Les libéraux ont toujours été divisés et le sont encore plus aujourd’hui. Leur discours est inaudible et finalement très rudimentaire. Ils continuent de mettre le modèle occidental en avant comme au début des années 1990, mais la plupart des Russes ont voyagé en Europe depuis et en connaissent les limites comme l’insécurité et les difficultés économiques.
Quelle est la position de Vladimir Jirinovski et celle de Gennady Zyuganov par rapport à la gestion de la Russie par Vladimir Poutine ?
Il est très difficile aujourd’hui de critiquer Vladimir Poutine qui est désormais rentré dans l’Histoire notamment avec la réunification de la Crimée qui a été un moment de communion nationale. Les critiques visent donc davantage le gouvernement ou le Parlement. La mauvaise répartition des richesses ou le non-déploiement de l’armée russe dans le Donbass sont le genre de critiques que l’on entend de ces deux partis.
L’ensemble des partis politiques, à l’exception des libéraux, sont-ils nationalistes ou du moins patriotes ?
Oui c’est une spécificité de la vie politique russe par rapport à la France. Un député qui soutiendrait la liberté d’expression d’un groupe de musique prétendant « Niquer la Russie », c’est inimaginable, même si les Russes raffolent de controverses historiques notamment sur la période soviétique. Chez les libéraux également, même si quelques-uns ont du mal à cacher leur mépris du peuple russe, l’amour de la Patrie fait partie du discours.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.