15 août 2023

L’interrogation russe

Par Richard Dessens

Si l’URSS fut longtemps une puissance militaire impressionnante avec un budget de 20 % de son PIB, elle n’investit plus qu’un peu plus de 4 % de son PIB pour ses dépenses militaires (65 milliards). C’est tout de même plus du double du budget de la France (1,9 % et 50 milliards), et le troisième budget mondial après les USA et la Chine, tous deux très largement devant.

Les institutions spécialisées mettent la Russie au deuxième rang des puissances militaires mondiales. Ce qui rappelle le temps où Saddam Hussein diabolisé était censé être à la tête de la quatrième puissance militaire mondiale… d’après les mêmes institutions très spécialisées. L’Irak s’est effondré en quelques jours ! Surprenant pour la quatrième puissance mondiale…

Ce qui interroge aujourd’hui repose dans l’enlisement dans lequel la Russie semble se trouver face à une Ukraine, certes inondée de matériel occidental, mais qui résiste et mieux encore contre-attaque avec quelques succès même mitigés et entourés de toute la propagande occidentale à prendre toutefois avec circonspection.

On peut comprendre que des guerres lointaines, comme celle du Viet Nam pour les USA, tout comme l’Afghanistan, mettent à mal de grandes puissances par leur éloignement logistique. Mais l’Ukraine, berceau de la Russie et ancienne région russe limitrophe de l’actuelle Russie, ne présente pas toutes les difficultés de guerres lointaines. Comment, dans ce contexte, la Russie, deuxième puissance mondiale, ne parvient-elle pas à mettre un terme rapide à un conflit de proximité ? Qu’est devenue l’armée russe ? La « mobilisation » russe de 300 000 hommes n’a permis aucune avancée notable, presque au contraire.

Comment un pays, surmilitarisé pendant des décennies, de 140 millions d’habitants bégaye et donne une image lamentable face à une petite puissance locale, même soutenue par quelques chars et canons présentés comme très performants ? Cela suffit-il à mettre presque en déroute la Russie dans une guerre conventionnelle ?

Cette situation semble inimaginable, sauf si la Russie possède une stratégie de lent pourrissement volontaire, destinée à mobiliser peu à peu autour d’elle les anciens pays « non-alignés » sur l’Occident américanisé. Par exemple, on assiste en Afrique notamment, mais pas seulement, à une activité fiévreuse de la Russie. C’est ce qui semblerait se dessiner en risquant un embrasement généralisé pour des motifs par ailleurs très disparates, dans lequel la Chine voudrait jouer un rôle moteur « soft » dans une stratégie très habile face aux USA qui sont leur seul véritable objectif à terme. D’ailleurs si les USA sont aussi interventionnistes dans l’affaire ukrainienne n’est-ce pas pour montrer les dents à une Chine dont l’un des objectifs est de récupérer « sa province » taïwanaise, casus belli annoncé par les USA. Ce serait donc aux prémisses d’un conflit sino-américain pour la domination du monde que l’on serait en train d’assister au travers du prétexte ukrainien. Le tout avec la soumission servile aux USA d’une Union européenne de plus en plus pitoyable et suicidaire.

Peut-être aussi que la Russie ne dispose plus, contrairement aux dires des « spécialistes », d’une armée structurée et performante ; sa « puissance » ne reposant plus que sur son vieil arsenal nucléaire dont on se met même à douter de l’efficacité potentielle de son éventuelle dissuasion. Ceci n’excluant pas cela.

Faut-il mettre le feu à l’Europe pour les intérêts de Joe Biden et des USA face à la Chine ? Faut-il « mourir pour Kiev » comme jadis on voulait « mourir pour Dantzig », même si les enjeux ne sont pas comparables ? La propagande outrancière et la diabolisation de Poutine par les médias occidentaux et les va-t’en guerre de toutes tendances sont inquiétantes, d’autant qu’elles sont, comme si l’Europe était déjà en guerre, la position officielle qu’il est interdit de remettre en cause. Pas encore sous peine de prison, mais cela peut arriver un jour prochain.

En tout état de cause, la stratégie russe reste encore délicate à cerner, en espérant qu’elle en ait une. Beaucoup de Russes considèrent toutefois que c’est la survie de la Russie qui est en jeu face à l’acharnement des USA à leur égard, même depuis la chute de l’URSS. Enjeu civilisationnel pour les Russes peut-être pour conserver des valeurs qui disparaissent largement dans une Europe wokisée et américanisée. La Russie se bat-elle aux Thermopyles de l’Occident et gêne-t-elle la progression des idées progessistes du wokisme tant prisées de l’Union européenne ?

Richard Dessens est l’auteur de plusieurs livres aux éditions Dualpha ;
découvez-les :

Henri Rochefort ou la véritable liberté de la presse

La démocratie interdite

Histoire et formation de la pensée politique

L’Europe chrétienne ou la mémoire perdue (suivi de) La dictature démocratique

La Démocratie travestie par les mots

Les grands enjeux du XXIe siècle

L’irrésistible ascension de l’Europe des peuples (2016-2020), préface de Philippe Randa

J’habite chez mon chat

L’écume de la mémoire

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