Brexit : et alors ?
Les Anglais ont toujours fait bande à part, qu’ils soient dans ou à l’extérieur de l’Europe. La perfide Albion a toujours eu pour constante, en matière de politique étrangère, d’empêcher l’émergence d’une puissance continentale comme ce fut le cas avec la France ou l’Allemagne, ce qui s’ est concrétisé par deux guerres mondiales. Mais c’est avec raison qu’Elisabeth Lévy, dans Causeur, a noté que ce vote était celui du peuple contre ses élites. Pour lui, l’Europe se mêle de ce qui ne la regarde pas et empiète sur les prérogatives de la souveraineté britannique. Ce qui n’est pas faux et vaut pour tous les pays de l’Union.
A la fin, je ne suis pas persuadé que le peuple anglais y trouvera son compte. La finance va trouver le moyen de se refaire une santé et cela ne va guère changer les choses en matière de chômage et d’immigration pour notre Anglais moyen. Non, le vrai séisme, et c’est là qu’il faut remercier nos amis anglais, c’est d’avoir mis un coup de pied dans la fourmilière européenne. Tout le monde s’accorde à penser que cette Europe-là ne fonctionne plus et qu’il faut changer de braquet. La non-gestion des afflux migratoires de ces derniers mois en apporte la preuve, l’Union allant même jusqu’à céder au chantage turc. Cette indécision n’a fait qu’augmenter le ressentiment des Européens à l’égard de Bruxelles et a fortement contribué à la montée en flèche des populismes. D’autre part, l’Europe est vécue de plus en plus comme un inconvénient et non comme un avantage.
Seulement voilà, réformer l’Europe nécessite une volonté et un courage politique forts. Or, où que l’on se tourne en Europe, on ne trouve personne, tous nos gouvernants sont en état de vassalité vis-à-vis de Washington. On a eu l’occasion de le vérifier lors du conflit ukrainien et plus encore avec la décision d’imposer un embargo à la Russie au mépris même de nos intérêts. Cette Europe-là ignore la géographie, elle est asservie au système. Nous verrons bien à terme ce qui ressortira de ce premier ébranlement européen, mais François Hollande et Angela Merkel vont certainement tout faire pour colmater les brèches en attendant des jours meilleurs.
Ce qui pourrait se passer de mieux serait que des pays au bord de la crise de nerfs comme la Hollande, le Danemark ou la Suède réclament également un référendum sur le maintien ou non dans l’Union. Là, on assisterait à une vraie panique dans le Landerneau mondialiste. Il est révélateur que François Hollande ait d’ores et déjà répondu « Non » à Marine Le Pen sur le sujet.
Le paradoxe, dans cette affaire, est que les Européens sont très attachés à l’idée européenne et pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ses finances. Les pays européens sont solidaires par leur culture et leur histoire et ont bien compris qu’il fallait mettre fin aux conflits fratricides. Deux guerres mondiales, cela suffit amplement à notre malheur. Ensuite, les pays européens ont bien compris que l’union fait la force. Si l’on couche sur le papier les atouts dont dispose l’Europe, on voit mal pour quelle raison elle est à la botte de Washington quand il serait plus naturel de prendre langue avec notre puissant voisin Russe.
Le problème qui se pose donc aux Européens est de trouver des dirigeants qui soient politiquement courageux et qui bâtissent une Europe dans le respect des peuples, ce que Drieu la Rochelle avait nommé l’Europe des patries. L’Europe des patries, c’est d’abord le respect des identités de chacun – car l’Europe est un kaléidoscope comme l’a si bien consigné Herman de Keyserling dans son ouvrage Analyse spectrale de l’Europe – et des abandons de souveraineté pour ne parler que d’une seule voix ! Et, certainement pas la machine infernale bruxelloise où l’on ne sait plus où est le véritable centre de décision, sans compter le phagocytage exercé par une administration qui n’en fait qu’à sa tête. Bref, il s’agit bien de mettre en place une autre institution qui n’ait pas honte de faire de la politique, c’est-à-dire de donner du sens à la puissance européenne retrouvée. On a le droit de rêver.
Enfin, le Brexit met en lumière une autre élection, américaine celle-là, et la lutte désormais acquise entre Hillary Clinton et Donald Trump. Car, ce cas de figure augure le même schéma. D’un côté le clan des élites mondialisées derrière Hillary Clinton, de l’autre les classes moyennes blanches maltraitées et essence même de la nation, regroupées derrière Donald Trump. Il est bien certain que si Trump était élu, bien des choses pourraient changer sur la carte géopolitique mondiale. Mais Trump a-t-il les reins assez solides pour affronter le Système ? Système qui a provoqué le séisme d’un certain 11 septembre. Ce XXIe siècle s’annonce décidément joyeux.
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Philippe Randa,
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