24 octobre 2017

La démocratie a des « limites »… en Autriche !

Par Richard Dessens

 

Le Congrès juif mondial (CJM) a exprimé dimanche dans un communiqué de sérieuses inquiétudes quant à la forte représentation du parti autrichien FPÖ suite aux élections législatives.

« Il est triste et affligeant qu’une telle plate-forme reçoive plus du quart des voix et devienne le deuxième parti du pays. Ce parti est encore plein de xénophobes et de racistes et est, en quelque sorte, très ambigu avec le passé nazi de l’Autriche. Mon seul espoir est qu’il ne finisse pas au gouvernement », a déclaré le président du CJM, Ronald Lauder.

Ronald Lauder.

Ronald Lauder.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui est à bien des égards pire que l’élection de Kurt Waldheim en tant que président de l’Autriche il y a 30 ans. Le FPÖ d’aujourd’hui dépasse de loin les limites démocratiques acceptables », a-t-il ajouté.

La démocratie a ainsi des « limites »… posées doctement par le CJM urbi et orbi.

Rappelons que M. Ronald Lauder est américain et ancien ambassadeur à Vienne. Ses déclarations au nom du CJM reflètent donc la position de la grande démocratie américaine et de son pouvoir économique et financier mondialisé. Cela rappelle, à un niveau bien plus restreint, les déclarations de l’Église de France il y a quelques années, mettant en garde contre le vote, probablement diabolique, Front National.

Les religions du Livre sont décidément peu démocratiques… religions juive, chrétienne ou musulmane. Les limites, et c’est un euphémisme, qu’elles posent à la démocratie et à la volonté des peuples, ressemblent fort à leurs interdits de toutes sortes et à leur obsession de retrouver un pouvoir politique perdu mais toujours prêt à revenir, de gré ou de force antidémocratique. Ces « opiums des peuples » sont incorrigibles…

Mais l’Autriche n’oublie pas qu’elle est et reste le cœur de l’Europe. Cœur géographique et dernier cœur ensanglanté il y a un peu plus de quatre siècles par le siège de Vienne par les Musulmans ottomans en 1683.

L’élection du 15 octobre met le FPÖ en deuxième ou troisième position à quelques voix près, un gain de 7 % par rapport aux dernières élections, avec environ 26 % des voix. Son entrée au gouvernement fait peu de doute, le parti vainqueur (ÖVP, chrétien-conservateur), avec plus de 30 %, de Sebastian Kurz, ne pouvant gouverner dans le cadre d’une autre alliance, sauf à s’allier aux sociaux-démocrates de Christian Kern, comme Angela Merkel l’a fait jusqu’au mois dernier en Allemagne.

Hypothèse à écarter compte tenu des positions de Sebastian Kurz, souvent proches de celles du FPÖ. Restent quelques incertitudes et conditions pour cela : les positions du FPÖ de Heinz-Christian Strache sur l’Europe, sa volonté de rejoindre le Groupe de Visegrad et, comme l’AfD en Allemagne, tourner la page de la « repentance » éternelle, sont autant de thèmes que M. Kurz veut aborder.

L’UE, elle, exige du FPÖ un acte de soumission et de subordination pour sa participation au gouvernement. C’est toujours mieux qu’en 2000 lorsque Jorg Haider, alors leader du FPÖ, avait déjà participé au Gouvernement autrichien sous les huées et les indignations de l’Europe de Bruxelles s’arrogeant même le droit de prendre des sanctions contre l’Autriche. Punie, l’Autriche. Décidément c’est beau la démocratie conditionnelle postmoderne !

À bas les peuples, vive l’UE ! C’est un peu comme la liberté conditionnelle des prisonniers, et c’est ainsi que les peuples européens sont désormais à considérer.

Mais un autre résultat ne manque pas de surprendre : les Verts obtiennent 4 % des voix et n’auront aucun représentant au Parlement… alors qu’il y a un an, c’est le candidat Vert qui était élu à la Présidence de l’Autriche ! Curieuse mathématique autrichienne : 51 % un jour = 4 % un autre jour !

Sebastian Kurz va devenir à 31 ans le dirigeant européen le plus jeune. On ne peut que se réjouir d’un retour de la jeunesse, peut-être décomplexée et peu concernée par les miasmes de notre histoire récente dans laquelle la pensée dominante des vieux barbons et des bonnes consciences veut empêtrer, culpabiliser et enliser les partisans d’une Europe nouvelle.

 

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Philippe Randa,
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