Et maintenant, que va-t-il faire ?
Notre jeune Président ? Il a tous les pouvoirs en main, ce qui agace les politiciens traditionnels, blanchis sous le harnais, ébahis d’une telle réussite, si prévisible en elle-même, puisque lorsque l’on a derrière soi la haute finance, l’on a aussi les médias. Argent et propagande sont les moyens nécessaires et suffisants pour conquérir le Pouvoir en régime électif, lorsque l’on a du talent.
Que va faire Emmanuel Macron ? Se jeter dans les problèmes d’intendance ou moraliser cette vie publique, devenue tellement infecte et infâme que moins d’un électeur sur deux se déplace désormais pour élire les onéreux pantins du Palais Bourbon ?
Au début d’un règne, l’on se prend toujours à espérer un mieux, une innovation réelle… comme le fut la Ve République, indéniablement plus efficace que les marécages putrides qu’avaient été les IIIe et IVe éditions.
Toutefois, les institutions de la Ve sont loin d’être démocratiques : elles ne valent que selon la qualité du chef. Depuis 1969, cette qualité est descendue progressivement jusqu’à un niveau intolérable, générateur d’un rejet, analogue au vomissement, par la majorité des citoyens. En témoignent ces législatives où la très faible mobilisation des électeurs a ridiculisé l’institution.
La moralisation de la vie publique passe bien sûr par la lutte contre la corruption politico-administrative et la réduction à un niveau modeste des rémunérations et avantages des élus de la Nation.
Mais l’éthique ne se satisfait pas de la seule correction des ignominies accumulées par quarante années de lent pourrissement du marigot politicien. Il faut en revenir au fondement même de la vie publique… et en Occident, cela signifie réétudier les philosophes de la Grèce antique qui se sont penchés sur l’administration du Bien commun (ou Chose publique, comme on voudra).
Tout, d’ailleurs, dans les copieux ouvrages de politique de ces penseurs, se résume par une simple phrase : « L’ensemble des citoyens est seul détenteur de la puissance légitime » (Aristote, La politique).
Cette constatation, qui définit la Démocratie avec l’isonomia – l’égalité de tous devant la Loi – et la dévolution au seul mérite des postes publics payés par l’argent des taxes et des impôts, implique que la Nation soit consultée, par voie référendaire, sur tous les grands sujets de société et que, dans toute votation, chaque voix compte… la seule façon de remobiliser les électeurs est de donner son poids à la loi du nombre qui, seule, définit le régime électoral démocratique.
Aucune élection ne doit plus se faire selon le scrutin d’arrondissement qui se prête à toutes les magouilles, à tous les arrangements. Le régime de la proportionnelle intégrale est le seul qui soit conforme aux exigences de la démocratie… et l’on se moque qu’il chagrine les états-majors des partis et d’une certaine franc-maçonnerie.
Et l’on verra que ce régime peut très bien fonctionner si la moralisation de la vie publique a détruit les citadelles des caciques de la république et anéanti les conflits de divas. La réduction du nombre des mandats est, à l’évidence, le seul moyen de casser la professionnalisation de la politique et d’injecter une fois par décennie une nouvelle classe politique, simplement désireuse de bien gérer le Bien commun.
Quant à la puissance légitime, c’est celle qui assure la paix civile, la défense du territoire national et la liberté dans tous les aspects de la vie quotidienne.
Ce qu’il faut, en ce début de règne qui tranche avec les précédents, c’est avant tout d’éviter de se plier aux dogmes politico-économiques et de se préoccuper d’une réflexion éthique. L’intendance suivra… comme elle le fait toujours.
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Philippe Randa,
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