Un devoir de mémoire européen
L’essentiel de l’Histoire de l’Europe repose sur sa lutte pour son indépendance et son intégrité. Si on n’en retient d’habitude que les luttes d’influences internes et les guerres qui en résultèrent, on passe à côté des véritables enjeux européens. Les menaces extérieures ont bien plus que les conflits intérieurs, façonné les valeurs européennes et forgé le génie européen. Souvent convoitée, l’Europe a dû souvent s’unir face à des déferlantes terribles, sous l’impulsion fédératrice et transnationale du christianisme du temps de sa puissance théologico-politique.
Mais dès avant l’ère chrétienne, par ailleurs destructrice des valeurs fondamentales des peuples européens – mais c’est un autre débat –, les Hittites, maîtrisant les armes d’acier, tentent de subjuguer les peuples d’Europe orientale. Puis les Perses, maîtres du Moyen Orient et de la Turquie actuelle, multiplient les incursions et menacent de destruction la Grèce. À la bataille des Thermopyles, le 11 août 480 av. J.-C., Léonidas arrête la grande armée perse. Première victoire de l’Europe sur l’Orient expansionniste. Première date mémorielle à mettre au panégyrique des fêtes européennes.
Les flux ininterrompus venus d’Asie, poussant devant eux les peuples européens d’est vers l’ouest, provoquent invasions sur invasions à partir du IIIe siècle notamment, jusqu’au VIe siècle. Attila et ses Huns, arrêtés aux Champs Catalauniques en 451, par Aetius, après avoir dévasté l’Europe, représentent une phase de terreur restée dans la mémoire européenne.
Peu après, c’est au tour de l’Islam naissant à la mort du prophète Mahomet, en 622, de déferler sur l’Afrique, l’Asie et l’Europe. La mer Méditerranée est quasiment fermée par les flottes mahométanes jusqu’aux Croisades. L’Europe est encerclée et affaiblie. En 711, Tarik débarque sur le rocher (el penon) de Gibraltar (« Djebel al Tarik » : montagne de Tarik). En 732, Charles Martel arrête l’invasion remontée jusqu’à Poitiers, après s’être rendue maître de tout le sud-ouest de la France actuelle. L’impérialisme islamique triomphe pendant plusieurs siècles, avec son apogée au XIe siècle. Vienne est assiégée deux fois, en 1529 et 1683 par les Ottomans. Les Balkans sont en partie islamisés.
Du XIIIe au XVe siècle ce sont les Mongols de la Horde d’Or de Gengis Khan et de ses suivants qui colonisent et mettent à sac l’Eurasie jusqu’à l’Ukraine et la Bulgarie et poussent leur terreur jusqu’à Vienne. Les Russes mettront deux siècles à ôter le joug mongol de leurs terres (1488).
Perses, Huns, Islam, Mongols : les menaces venaient du Moyen-Orient et d’Asie. L’Europe enfin débarrassée des invasions meurtrières à partir du XVIIe siècle, connaît le début de l’âge d’or de son développement et les rivalités de ses puissances intérieures vont prendre le relais des tragédies invasives. Les États-Nations se forgent au XIXe siècle pour mieux s’affronter jusqu’à l’horreur de la Grande Guerre de 1914-1918, dernière des guerres de rivalités économiques et de puissances intra-européennes. Résultat tragique de l’apogée des États-Nations et de la fin des Empires.
Mais la modernité contemporaine façonne un nouveau type d’invasion, consécutif à la fin de la décolonisation qui laisse des dizaines de pays nouvellement libres livrés à la cupidité du monde, souvent corrompus et maintenus dans une pauvreté endémique calculée par les économistes adeptes de Ricardo, et par les puissances capitalistes. Pauvreté, dérèglement climatique, surpopulation sont les nouveaux facteurs des invasions modernes qui font déverser sur l’Europe des millions de migrants de multiples origines pour de multiples raisons. Mais cette invasion nouvelle, à la différence des précédentes qui jalonnèrent l’histoire de l’Europe, est aujourd’hui voulue, ou encouragée, au nom des nouvelles idéologies notamment droits-de-l’hommiennes développées après 1945.
La nature humaine, intangible, ancrée au fond des âges, est cependant têtue, et les mêmes causes provoquent toujours les mêmes effets. Les modalités nouvelles des invasions migratoires apporteront sans doute des modalités nouvelles à leurs réactions par les peuples européens. Sinon, c’est à un suicide programmé qu’est condamnée l’Europe. En tout cas une Europe millénaire qui a toujours fait triompher ses valeurs, du défilé des Thermopyles jusqu’à Poitiers et sous les murs de Vienne ; celle du devoir mémoriel. Ou pour demain, une Europe multiculturelle de la mixité généralisée tant rêvée par nos élites ?…. celle du devoir de soumission.
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Philippe Randa,
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