Quelques travestis dans l’Histoire !
À l’heure, où il est question de transsexualité, l’Histoire nous laisse des récits de personnages qui ont étonné par des habitudes que leur époque réprouvait. Les causes de leur travestissement étaient multiples et complexes : liées à leur éducation, à la politique, à leur travail, à leur goût ou encore à leur homosexualité.
Le terme « travestissement » désigne l’acte de s’habiller avec des vêtements considérés traditionnellement comme étant liés au sexe opposé. Cela n’implique aucune corrélation avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
Tout le monde se souvient de l’histoire du Chevalier d’Eon de Beaumont (1728-1810) qui a vécu habillé en homme pendant 49 ans et en femme pendant 32 ans ce qui a amené ses contemporains à spéculer sur son sexe, et en a fait l’un des personnages les plus énigmatiques du XVIIIe siècle.
Il est recruté dans Le secret du roi. Le monarque le rencontre, déguisé en femme. Le roi est séduit par cette jolie personne et après avoir compris qu’il s’agissait d’un homme, il pense qu’ainsi travesti, il pourrait approcher la tsarine Elisabeth Ire sans attirer sa méfiance.
On est en juin 1756, la guerre de sept ans commence. D’Eon a alors pour mission de convaincre la souveraine de faire alliance avec la France. Sous le nom de Lia de Beaumont, il devient sa lectrice et parvient à plaider la cause française à la cour de Russie. Il est alors agent double avec une double identité sexuelle, sorte de mission caméléon que le roi lui confie. Habillé en femme, Eon se bat en duel devant l’étonnement du public curieux de savoir qui se cache sous ses vêtements.
La fin de sa vie est époustouflante : combats pour gagner sa vie, apparition à la cour habillée par la couturière de Marie-Antoinette, avec des bras velus et une barbe naissante sous la poudre.
Il meurt en 1810, malade, seul et sans argent. L’autopsie a tranché à sa mort, il avait bien les attributs masculins. Mais sûrement femme dans sa tête, on ne lui connaît aucune histoire d’amour.
Mais déjà sous le règne de Louis XIV, un autre personnage va surprendre par son ambiguïté, c’est l’abbé François-Timoléon de Choisy (1644-1724), sa mère Olympe l’habille en fille jusqu’à l’âge de 18 ans pour faire sa cour à la reine Anne d’Autriche et introduire son fils dans l’entourage de Monsieur, frère de Louis XIV, élevé aussi dans l’esprit très féminin, sur ordre de Mazarin.
C’est aussi qu’il est poussé tout jeune à la fois à se détourner de la vie militaire et à faire sa cour au futur cardinal de Bouillon.
À 18 ans, il s’engage dans une voie ecclésiastique et reçoit la tonsure et devient l’abbé de Saint Seine en Bourgogne. Sa mère alors l’encourage à s’habiller en homme mais en se maquillant. Il est toutefois attiré par le sexe féminin, c’est même un prédateur redoutable. La femme qui deviendra son épouse se grime, cette fois en jeune homme, se dessinant des moustaches.
En 1683, peu de temps après la mort de la reine Marie Thérèse, il tombe gravement malade au point où l’on croit qu’il va mourir. Il semble avoir une expérience que l’on appellerait aujourd’hui une NDE qui va changer le cours de sa vie.
Pourtant la réputation et la postérité de l’abbé de Choisy tiennent à la légende sulfureuse de son travestissement. Dans ces écrits Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme, on lit les frasques libertines d’un homme d’église travesti.
Cette « double vie » devient une habitude, mêlant goût personnel, stratégie et peut-être aussi un besoin d’émancipation à travers le travestissement. L’abbé est un personnage complexe, au carrefour de la politique, de la mode et des mœurs de l’époque.
Mais nous connaissons aussi l’existence de femmes célèbres qui pour des raisons artistiques ont réussi à se travestir en homme.
En effet, au XIXe siècle, les femmes qui souhaitaient porter un pantalon devaient demander à la préfecture une « permission de travestissement. »
George Sand a ainsi dû se soumettre à cette autorisation auprès de la préfecture de l’Indre pour porter le costume masculin. Cette scandaleuse figure des débuts du féminisme, lança d’ailleurs la mode de cette tenue auprès des dames.
Également, la peintre et sculptrice Rosa Bonheur (1822-1899), première femme artiste à avoir reçu la légion d’honneur, fut contrainte de se plier au règlement en réclamant à la préfecture de police de Paris, le sésame renouvelable tous les six mois lui permettant pour peindre les animaux dans les abattoirs ou dans les foires de bestiaux, de s’habiller en homme.
On compte en 1890, une dizaine de femme qui bénéficiaient de ce choix de porter un pantalon.
Ludique, fonctionnel ou identitaire, transgressif et parfois spectaculaire, le travestissement, recouvre différents phénomènes, certains banals, d’autres marginaux qui varient selon les époques et les contextes culturels.
Observé au prisme du genre, il permet d’interroger le lien étroit qui existe entre vêtement, genre et pratique sociale.
Lorsque l’on pense à l’abbé de Choisy et au Chevalier d’Eon habillés en fille par leur mère, habitués à porter des robes, des bijoux, on peut penser que l’habitude a été pour eux une empreinte sociale. Leur image corporelle a été construite de façon inversée par les vêtements que leur mère leur attribuait et qui ne correspondaient habituellement pas à ceux que l’on attribue à leur sexe.
Par ailleurs, la sexualité de l’abbé de Choisy a été celle d’un homme attiré par les femmes et ses vêtements féminins n’ont rien changé à cela alors que le Chevalier d’Eon n’a pas eu d’attirance ni pour les femmes ni pour les hommes. Ce qui veut dire pour ces cas, le vêtement n’a pas conditionné pour autant leur sexualité. Si bien que le lien entre travestissement et homosexualité, saillant dans nombre de discours, est à réinterroger ou à minimiser.
Concernant par exemple Mathilde de Morny (1863-1944) les vêtements féminins ne lui convenaient pas, elle a pu mieux assumer son homosexualité en choisissant de se travestir en homme. On peut la voir sur des photos avec la romancière Colette et penser qu’elle était véritablement un homme.
On peut regretter le manque de nuances en français du terme « travestissement » quand l’anglais prend en compte sa polysémie avec des mots aussi différents que « cross-dressing » (qui signale un changement de vêtement occasionnel) ou « transvestism » (qui signale plutôt une volonté de « passage » identitaire).
Il peut soit s’agir d’un travestissement ludique, un travestissement de commodité ou d’un travestissement transgressif.
À notre époque, les pratiques « trans » signalent une volonté d’abolition progressive des assignations binaires de genre, à déconstruire ces assignations afin d’arborer des codes empruntés au masculin (la barbe) et au féminin (le maquillage).
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