Éric Zemmour ou la chronique d’une (cuisante ?) défaite annoncée
Voici ce que nous écrivions le 24 mars dernier, en vue d’une publication sur un site « ami » d’informations générales qui la déclina.
« Bien malin serait celui qui, à quelques petites semaines du premier tour de l’élection présidentielle, pronostiquerait de manière irréfutable un résultat. Tout au plus – et ce n’est déjà pas si mal, notamment dans un pays où l’on affectionne de s’écharper à propos de tout et rien – peut-on s’aventurer à quelques oracles… C’est ainsi – sans vouloir désespérer ce nouveau Billancourt que représentent militants et sympathisants du candidat-journaliste – que l’on peut conjecturer une probable défaite d’Éric Zemmour, y compris même au soir du premier tour. Plusieurs indices semblent vouloir confluer en ce sens.
Tout d’abord, les sondages, actuellement peu favorables, qui, s’ils orientent mensongèrement et à des fins de déstabilisation, n’en pèsent pas moins psychologiquement sur le vote des électeurs – lesquels, volens nolens, plus ou moins inconsciemment, se laissent prendre dans leurs filets d’influences. Ces sondages, guère fiables sur le plan absolu, reflètent, sur le plan relatif – ce, en dépit d’écarts souvent surprenants entre les candidats –, une dynamique qui, convenons-en, ne va pas dans le sens du fondateur de Reconquête !, tant les vents des premiers mois de campagne paraissent s’être taris.
Le deuxième indice, corollaire du premier, tient dans cette récente quête éperdue d’un prétendu « vote caché » mis en avant par l’entourage d’Éric Zemmour, laissant supposer que lesdits sondages sous-estimeraient son inexorable avancée victorieuse. L’argument, s’il est éculé depuis la dernière présidentielle de 2017, où il fut déjà utilisé relativement à la candidature de François Fillon, ne tient tout simplement pas. D’une part, sont désormais révolus les temps où les citoyens se refusaient à assumer publiquement un vote Le Pen ou Zemmour, par peur d’ostracisme social ou professionnel. D’autre part, cette Arlésienne électorale, si elle devait avoir une réalité, se nicherait davantage chez les abstentionnistes, à supposer, toutefois, qu’ils constituassent un réservoir potentiels d’électeurs zemmouriens, ce qui reste à démontrer…
Le troisième indice nous a été fourni par la Marche pour la VIe République, à l’initiative de Jean-Luc Mélenchon, le 20 mars dernier. Si les insoumis ont plastronné en avançant une mobilisation monstre de 100 000 personnes, il est raisonnablement permis de corriger ce nombre pharaonique à 85 000, voire 75 000, ce qui est déjà très significatif. Dans le même temps, à la veille du meeting de Zemmour au Trocadero, ce dimanche 27 mars, l’on observe un éloquent silence sur le nombre d’inscrits ; çà et là, on avance celui de 42 000 à ce jour, ce qui semble bien peu, au regard de ce qui a été présenté par le candidat et ses équipes comme l’évènement culminant de sa campagne. Or, en politique, les symboles sont plus importants que tout. Ici, le rapport de force se montre favorable à Mélenchon (sans parler d’une dynamique populaire, elle-même très prégnante chez Marine Le Pen), ce qui validerait la thèse du « bloc populaire », soutenue par Jérôme Sainte-Marie et démonétiserait, celle zemmouriste, de « l’union des droites »
Autre indice, et non des moindres, consécutif du précédent, celui des ralliements. Éric Zemmour a vu accourir à lui quelques ralliements, dont le plus notable, celui de Marion Maréchal venue étayer le muscle conservateur et anthropologique d’un bras droit déjà bien bandé. Cet attelage improbable est loin d’avoir fait tomber la citadelle d’une droite gouvernementale de compromis – sinon de compromissions – et rien ne laisse mécaniquement présager, dans le sens souhaité (populaire, patriote et conservatrice), d’une recomposition du paysage dextrogyre.
En outre, si Zemmour a réussi à imposer son thème « grand-remplaciste », il n’est pas parvenu à s’emparer – tout au moins, davantage que ces concurrents –, celui des Français : le pouvoir d’achat, au risque de faire apparaître son message comme décalé et inefficace. Au risque aussi d’une candidature inutile et inaudible, sinon contreproductive pour la droite… Affaire à suivre. »
Au lendemain du premier tour, nous n’aurions presque rien à changer à ce papier, sauf à temporiser et à nuancer nos propos relatifs aux symboles en politique. D’une part, pour en avoir été le témoin direct, nous pouvons confirmer que le rassemblement de la Place du Trocadéro fut un incontestable succès, à la fois politique, populaire et esthétique. Reste, pourtant, un goût d’amertume doublé de cette sidérale incompréhension s’agissant de la distorsion constatée entre l’engouement pour la personne et le programme de Zemmour, les adhésions massives à son parti, les affluences (physiques ou numériques) à ces meetings et son piètre résultat au premier tour de la présidentielle (plus bas que celui promis par les sondages officiels).
Cet écart abyssal entre la réalité électorale et la sociologie partitocratique oblige, d’autre part, à admettre que beaucoup (à droite) ont pris la partie pour le tout, se laissant abuser au mirage d’une ferveur zemmourienne certes réelle, mais loin, nonobstant, de ressembler à une fièvre annonciatrice d’une submersion de l’Établissement. Sur le terrain, les lacérations et autres arrachages systématiques des affiches du chef de Reconquête !, son déficit de notoriété auprès de populations (ruraux, retraités, chômeurs) bien moins ou pas du tout consommatrices de réseaux sociaux, sans compter de larges territoires où la campagne ne fut guère menée (faute, paradoxalement, de militants disponibles), annonçaient une probable défaite du « Z » qui ne parvenait décidément pas à s’imprimer dans la tête d’une majorité d’électeurs.
Toujours est-il que nous pouvons conjecturer, sans risque de nous tromper, que Marine Le Pen ne l’emportera pas au second tour, ce, malgré l’appel de Zemmour à voter pour elle. L’équation personnelle de la fille du Menhir y sera invinciblement pour quelque chose. Depuis la fondation du Front national, les Le Pen, père et fille, nous ont hélas habitué à de menues victoires tout comme à d’itératives défaites. Mais il y a pire, en vérité. Si l’on additionne les voix du camp des progressistes » (Macron, Mélenchon, Hidalgo, Jadot, Roussel, Poutou et Arthaud), on s’aperçoit qu’il constitue pas moins de 21 millions du corps électoral (qui s’élève à 48 747 914 inscrits sur les listes électorales), soit plus de 58 % des votants, ce qui ramène l’autre camp, celui de la « droite » lato sensu (Le Pen, Zemmour, Pécresse, Lassalle, Dupont-Aignan), à moins de 40 % avec un petit contingent de 14 millions de votants. Les « anywhere » l’emporteront largement sur les « somewhere », lors même, évidemment, que les reports de voix ne s’opèreront pas automatiquement (Marine Le Pen pouvant même bénéficier de quelques milliers de voix mélenchonistes) ni intégralement.
De plus, avec 12 824 135 d’abstentionnistes (soit 26 % du corps électoral), difficile d’imaginer une victoire de Le Pen, ces derniers ne s’étant guère mobilisés le 10 avril, en dépit d’une offre électorale relativement éclectique. Le Pen se heurtera au plafond de verre que ces mêmes abstentionnistes, par une redoutable force d’inertie, l’empêchent de dépasser faute de lui procurer un réservoir de voix utile et nécessaire.
Car, si Zemmour, malgré son Waterloo électoral, est, néanmoins, parvenu à faire exploser une droite « républicaine », à l’instar de Macron, il y a cinq ans avec la gauche socialiste, rien ne présage d’une recomposition du paysage dextrogyre sur les ruines fumantes des LR. Outre les querelles d’ego et de chapelles, force est de constater qu’il n’y a plus rien à attendre de ce peuple de France que 40 ans de libéral-socialisme et d’Éducation nationale progressiste ont, dans une large majorité, rendu totalement acquis à l’immigration de masse, à l’islamisation et à la servitude volontaire. Nous ne faisons plus « peuple », tant notre décrépitude intellectuelle, spirituelle et morale se trouve considérablement avancée. Nous sommes désormais entrés dans une très longue nuit que d’aucuns ont pu appeler « déclin » (Oswald Spengler), voire « décadence », comme Julien Freund.
À ce propos, il importe de préciser que nous n’en sommes plus aux gémissements et aux lamentations. C’est trop tard et il eut fallu mener, jadis et naguère, des combats autrement plus radicaux – sinon violents – pour endiguer ce qui advient. Nous sommes arrivés à un point de non-retour où notre civilisation tend inexorablement à s’effacer au profit d’une autre. Julien Freund exprimait tranquillement cet état de fait sociologique : « le concept de décadence n’exprime ni la fin du monde, ni le terme de la vie et de l’histoire. Il signifie uniquement le déclin d’un certain type de civilisation pendant que d’autres mœurs, d’autres conceptions, se mettent en place au milieu d’incertitudes et d’affrontements angoissants ». Dont acte. En attendant, comme le déclarait Jean Raspail sur les ondes de Sud Radio, le 26 juin 2019, « Je pense qu’on aura peut-être des isolats : des fractions de populations qui refuseront l’immigration générale et qui se rejoindront entre elles. »
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