Les pigeons qui ont sauvé des soldatsJill-Manon Bordellay

Je me promène souvent dans les rues de Paris et suis horrifiée de voir parfois des enfants courir après des pigeons en leur lançant des pierres.

Pourquoi considérer les pigeons comme des animaux nuisibles ? N’ont-ils pas eu un rôle décisif durant les guerres et tout particulièrement durant la Grande Guerre ? Lorsque je vois un pigeon maltraité, je pense à Vaillant, à Cher Ami et aux 300 000 pigeons mobilisés.

Le 4 juin 1916, le fort de Vaux à Verdun est encerclé par les Allemands. Le commandant Raynal envoie alors son dernier message demandant de l’aide par l’intermédiaire de Vaillant, un pigeon militaire dont le matricule est 787-15. Grâce à lui, la mission a été accomplie.

En octobre 1918 dans la Meuse Argonne, 554 Américains ont été piégés, bombardés par les forces allemandes. Ils n’avaient pas d’autre issue que la mort : plusieurs pigeons messagers avaient porté des messages pour obtenir des renforts, mais ils avaient été tués par les forces ennemies.

Le dernier espoir reposait sur les « épaules » de Cher Ami, un pigeon courageux qui devait porter l’ultime message. La vie de tous les soldats ne tenait qu’à un fil… ou plutôt « au vol assuré » d’un pigeon militaire.

Sous une pluie d’obus, Cher Ami tomba à terre, puis s’envola malgré tout. Il était touché à la poitrine et à un œil, tout couvert de sang avec l’une de ses pattes qui ne tenait plus que par un tendon. Malgré tout, Cher Ami put transporter le message le 3 octobre 1918 aux renforts, ce qui épargna la vie de 194 soldats.

L’histoire de Cher Ami est émouvante. Ce pigeon salvateur fut soigné, un vétérinaire lui fit une prothèse en bois. Une fois sa santé retrouvée, Cher Ami fut rapatrié aux États-Unis et décoré. Il reçut la croix de guerre avec la palme pour son action héroïque dans la délivrance de 12 messages dans le secteur de Verdun.

Alors, désormais lorsque je vois un enfant courir après un pigeon pour lui lancer une pierre, je lui raconte l’histoire de ces pigeons qui ont sauvé des hommes. Évidemment, ces pigeons n’avaient pas l’allure des colombes blanches peintes par Picasso, mais ils ont pourtant sauvé des soldats enfoncés dans la boue et entourés par les forces ennemies et ainsi contribué à la victoire.

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