Cette élection est un puissant révélateur des problèmes fondamentaux
D’abord l’indigence et la désinformation des autorités et des médias qui parlent simplement et toujours d’extrême droite.
Norbert Hofer et son parti, le FPÖ, proposent en réalité un véritable diagnostic et un programme politique complet pour l’Autriche (il est aussi valable pour beaucoup d’autres pays européens !).
Il montre que son parti est en grande partie l’effet paradoxal d’une longue entente entre gauche et droite se réservant les principaux postes à tous les niveaux, également au niveau médiatique, ce qui signifie l’exclusion des autres. Une analogie ici surprenante avec la Suisse qui se dit pluraliste et démocratique et qui connaît un monopole médiatique largement bien-pensant indigne d’un pays démocratique et que le peuple suisse a failli rejeter en votation populaire.
Certains pays nordiques ont même décidé de verrouiller la politique par un même type d’entente entre gauche et droite pour des décennies ! Cela ne peut que renforcer la révolte des couches populaires et les partis dits populistes, dits « d’extrême droite » pour tenter de les disqualifier, mais cela est terminé.
Hofer critique ensuite au niveau économique le record d’impôts, de taxes diverses, du chômage et de la dette.
Il ne cherche pas une place prestigieuse et honorifique, mais veut devenir très actif au niveau national et européen. Cela plaît comme image d’un politicien décidé à agir sur les problèmes dont souffre la population. Il pourrait dissoudre le Parlement et nommer un nouveau Chancelier, alors que les partis traditionnels en ont nommé un nouveau à toute vitesse avant l’élection du 22 mai.
Il veut démocratiser le système politique et non lui donner une tournure centralisée et autoritaire en introduisant le Référendum dont le résultat sera contraignant, au moment où, en Suisse, les autorités se permettent de ne plus respecter les résultats de certaines votations populaires.
Évidemment, il veut une politique migratoire stricte, sévère, mais ouverte avec le respect des « valeurs chrétiennes humanistes ».
Il refuse de critiquer la Hongrie et rejette les propos scandaleux de l’ancien chancelier socialiste autrichien sur la Hongrie. Il veut une politique amicale avec la Russie. Il veut une vraie défense des frontières externes et internes et en finir avec une politique d’accueil indifférenciée, hypocrite et aux effets catastrophiques durables à la Merkel, etc.
Pas de quoi réjouir une véritable « extrême droite » de type fascisant et autoritaire.
Là sont les raisons de son succès.
Il n’a pas non plus un programme pour plaire à l’UE, toujours arrogante, autoritaire, coupée des peuples et des vrais problèmes actuels, avec en plus des dirigeants totalement déconsidérés à sa tête.
Il révèle encore mieux la faillite de l’UE et la nécessité d’une refondation qui reparte de zéro. Refondation qui devrait prendre comme exemple la vision politique de N. Hofer !
Toutefois, sans un effondrement de l’UE, on peut se demander si elle est réformable en voyant une politique de durcissement comme seule réponse aux échecs.
Le système politique français est tellement verrouillé qu’un programme politique comme celui de N. Hofer est inimaginable, mais il doit beaucoup plaire à une très large partie de la population française, dans la mesure où on lui donne la possibilité d’en prendre connaissance, plutôt que d’en appeler au cordon sanitaire comme dans les années 2000 avec l’entrée de Jörg Haider au gouvernement. Même le programme politique du FN n’a pas la clarté, la pertinence et l’actualité de celui de N. Hofer.
Il sera intéressant de prendre connaissance des résultats des « Journées de Béziers », organisées par Robert Ménard (27 au 29 mai). De telles tentatives de rassemblement de personnalités de droite ouvertes et non « tenues » peuvent en revanche avoir un impact encore à peine imaginable à ce jour. Car un changement radical du système politique français, à cent lieues du programme de N. Hofer, s’impose au plus vite afin d’éviter la poursuite de la décadence française.
La nécessité de répondre aux demandes réelles et urgentes des peuples européens en partant de leurs propres formulations et de leur propre vécu des problèmes, passe non pas par plus de centralisation, mais par des formes d’associations réelles et conséquentes de ces peuples ; cela au moyen d’une démocratie plus participative avec référendums généralisés et surtout leur mise en application, contrairement à ce qui s’est fait en France en mai 2005 avec le refus de la Constitution européenne.
Si tout le monde voit en N. Hofer un danger terrifiant pour l’Europe (je dis bien Europe et non UE), je pense qu’il représente au contraire une chance pour une Europe de pays souverains et préfigure un grand nombre de mesures qui devraient être prises par tous pour sauver l’Europe.
L’extrême droite et le fascisme ne sont pas là où la quasi-totalité des bien-pensants les voit et l’on sait que les antifascistes actuels sont déjà les fascistes de demain.