À l’occasion du 75e anniversaire du débarquement de Provence, le Président de la République a tenu à honorer, à juste titre, les combattants venus d’Afrique qui y participèrent. Nul ne saurait contester par exemple le rôle tenu par les hommes du 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais du colonel Raoul Salan dans la libération de Toulon (587 tués, blessés ou disparus).
Pour autant doit-on passer sous silence le poids des Français européens d’Algérie dans les campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne ? Malgré ce qu’a tenté de suggérer le film de Rachid Bouchareb, « Indigènes », les chiffres sont éloquents.
Selon la terminologie administrative utilisée à l’époque, ce sont environ 155 000 Français européens (les futurs Pieds-Noirs) et 133 000 Français de souche nord-africaine qui participèrent à ce qui dans notre histoire militaire, reste une authentique épopée. Les premiers eurent de l’ordre de 22 000 tués, les seconds, 12 500.
Le taux de mobilisation des Européens d’Algérie frôle les 35 % de la population masculine, ce qui reste encore un chiffre inégalé dans l’histoire universelle des guerres.
Il convient de rappeler que, à la même époque, les très médiatisées Forces Françaises Libres du général de Gaulle regroupaient, selon leur propre Fondation, 53 000 hommes dont 16 000 Français, 32 000 coloniaux et 5000 étrangers.
C’est sans doute cette disproportion peu glorieuse qui explique l’amertume qui poussa l’ancien chef de la France Libre revenu au pouvoir, à brosser à l’intention d’Alain Peyrefitte ce portrait empreint de délicatesse : « Ce ne sont pas des Français. Ils ne raisonnent pas comme nous. Ils ne vivent pas comme nous. Ce sont des lâches. Ce sont tous des pétainistes. »
Lâches, les Pieds-Noirs ! Que dire alors des Métropolitains ? Les propos gaulliens ne visaient-ils qu’à illustrer de vieux dictons tels que « La paille et la poutre » ou encore « L’Hôpital qui se fout de la charité » ? Sacré Grand Charles ! Toujours cette ironie mordante pour titiller le peuple de veaux qu’il gouvernait.
Quoi qu’il en soit, les monuments aux morts d’Algérie ne sont hélas plus là pour témoigner et rétablir une vérité méticuleusement enfouie dans les enfers de la Raison d’État.
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