13 avril 2017

Révolution européenne

Par Richard Dessens

La toute-puissance de la pensée des intellectuels de l’Après-Guerre, le phagocytage par la grande presse d’influence, papier, radio et surtout télévision, de toute contestation des piliers que sont la religion des Droits de l’Homme et l’imposition de la Loi du Marché, ont amené à un lessivage des cerveaux qui a transformé des citoyens conscients en consommateurs compassionnels.

L’individualisme idéologisé, lui, a sanctuarisé la souveraineté de l’individu au détriment de la souveraineté du peuple.

L’anesthésie des âmes par la société de consommation, la flagornerie des bas instincts qui valorise l’individualisme, la destruction imposée de tout esprit critique, l’abaissement voulu du niveau culturel, le rejet de l’Histoire, l’imprégnation lancinante et permanente des esprits par un politiquement correct œcuménique, aseptisé, compassionnel et culpabilisant : voilà un petit échantillon de cinquante années de lobotomie politique et citoyenne. Les champions de la mondialisation ont enfoncé le dernier clou du cercueil des peuples en esclavage, mais persuadés de manière subliminale de leur bonheur toujours potentiel… mais jamais atteint.

Dans ces conditions nouvelles d’un niveau de déliquescence morale, sociale, politique, encore jamais atteint dans notre histoire, et dans toute l’Europe occidentale, les possibilités d’inverser le mouvement suicidaire de nos sociétés asexuées et mixées, semblent réduites à celles d’un rêve qui meure inexorablement. Les révolutionnaires ou anarchistes du XIXsiècle n’évoluaient pas dans un contexte tel que celui que nous connaissons. Si la prise du pouvoir par un processus démocratique était déjà inenvisageable par Lénine, la situation est bien pire aujourd’hui. À l’époque de Lénine, si le pouvoir était verrouillé par les dominants institutionnels du temps, les peuples, eux, n’avaient pas encore été violés dans le tréfonds de leur âme.

La démocratie réelle et légale n’est plus la démocratie de Périclès. Démocratie virtuelle, information univoque généralisée et choisie, culpabilisation du « penser autrement » quand ce n’est pas la loi « démocratique » qui l’interdit, instrumentalisation à outrance d’évènements soigneusement sélectionnés : le « bourrage de crâne » cher à nos aïeux de la Grande Guerre est majestueusement surclassé par nos élites et journalistes omnipotents aux pieds desquels nos politiques se prosternent humblement. Société de l’image et du paraître, sans convictions autres que celles de plaire et de se plier aux diktats prétendus d’une « évolution » irrésistible et bienfaitrice de l’histoire du monde. Alea jacta est.

Les peuples manifestent un désir de changement mais ne veulent pas en assumer les risques ou les sacrifices. Leurs indignations sont souvent lâches et éphémères. C’est l’aboutissement d’une politique de la peur menée par les pseudo-démocraties qui n’ont comme argument que celui d’expliquer que leur alternative ne réside que dans le chaos du danger nazi permanent, et que, en outre, le bien-être douillet du confort consumériste, acquis grâce à elles, est finalement un empêchement à toute tentation nouvelle. Le stratagème fonctionne depuis plus de soixante ans. Mais si les mouvements des peuples sont très lents et souvent à long retardement sur les évènements, ses brusques revirements sont toujours imprévisibles, inattendus et fondés sur des incidents apparemment mineurs, mais qui déclenchent les révolutions. C’est la seule issue qui semble encore possible pour sortir d’une situation figée telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Compter sur l’action d’une « élite minoritaire agissante » comme l’avaient théorisée les révolutionnaires passés, est une erreur par rapport à l’évolution de nos sociétés individualistes qui se croient informées et autonomes.

En conséquence, seule une gigantesque vague populaire majoritaire difficilement maîtrisable pourrait venir à bout de la dictature des esprits imposée jusqu’alors. Sortir d’une impasse impose soit de refluer, soit d’en détruire le mur. L’unique solution réside donc dans l’accélération du travail de rejet populaire de la situation actuelle. Plus de délinquance, plus d’impunité, plus de terrorisme, plus de justice partiale, plus de déliquescence morale, plus de destruction familiale, plus d’individualisme, encore moins d’instruction, encore moins de travail, encore plus d’inégalités, encore moins de valeurs, encore plus de journalistes partisans (c’est plus difficile…), plus de Macron enfin, véritable incarnation révélée d’un ventre mou au visage d’ange qui rassure pour mieux détruire encore. Faisons résolument confiance à nos politiques pour réaliser tous ces « plus » et ces « moins » sans qu’il soit besoin de faire quoi que ce soit. Quant au Front National, son destin est de devenir un parti de droite fondu aux Républicains (LR), comme le MSI s’est dissous dans une Alliance Nationale berlusconienne, ou de disparaître. Il n’est qu’une fausse bonne idée peut-être seulement transitoire.

La politique du pire, certes dangereuse aussi, doit s’accompagner à l’inverse de structures au discours modéré, non militantes, de maillage des territoires, à tous les niveaux, presse, internet, associations, élections locales, destinées à organiser le moment venu la relève des peuples. C’est là que réside l’essentiel du travail révolutionnaire à long terme, nécessitant patience et réflexion, tout en incitant à encourager les plus dangereux adversaires de la libération des peuples. Les plus dangereux : la social-démocratie libéralo-laxisto-tempérée, incarnée par Mme Merkel, MM Fillon ou Macron, ou tous autres personnages européisto-mondialistes, tenants de la financiarisation de l’économie, inféodés aux puissances financières globalisées. À l’inverse, se rapprocher de tous les autres, pour mieux les assimiler au grand mouvement européen de révolte impulsé par la révolution ainsi préparée. Le temps des Catacombes est revenu.

L’époque n’est plus aux grandes envolées lyriques, aux affrontements de rue. Cette rue appartient définitivement aujourd’hui à nos adversaires. Laissons la leur. Les peuples la leur reprendront.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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