28 décembre 2017

Une langue trop bien pendue

Par Jean-Pierre Brun

En 1549 Joachim du Bellay publiait sa « Deffence et illustration de la langue françoyse », dix ans après la promulgation de l’ordonnance de Villers-Cotteret qui imposait le français comme langue du droit et de l’administration française.

En 1784 Rivarol, d’origine piémontaise soit dit en passant, écrivait son magistral « discours sur l’universalité de la langue française » que vomiraient aujourd’hui les instances européennes si elles en prenaient connaissance (rassurez-vous, leur niveau culturel moyen ne le leur permet pas).

discours sur l’universalité de la langue française.

Deux siècles plus tard, c’est un Africain, président de la République du Sénégal, Léopold Senghor, qui déclarait sa flamme à notre langue : « Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Car je sais ses ressources pour l’avoir goûté, mâché, enseigné et qu’il est la langue des Dieux ! ».

Quelques années plus tard c’est Hassan II, le très francophone roi du Maroc, qui nous mettait en garde contre le danger qui menaçait déjà le français. Il déplorait notamment que « les Français ne sachent plus écrire leur langue » et réclamait de la France le détachement dans le royaume chérifien « de meilleurs professeurs ». Que valaient donc ceux qui lui avaient été affectés jusqu’alors ?

À la même époque Kateb Yacine, écrivain algérien, nationaliste et indépendantiste convaincu, affirmait que la langue française était « le butin de guerre des Algériens ».

Bigre, notre langue serait-elle aussi admirable que le laissent supposer ces praticiens « pluriculturels », venus de tous les horizons ?

Si comme le souligne Hassan, les Français ne savent plus écrire leur langue, savent-ils encore la parler ? Au nombre d’impropriétés de langage que nos différents supports médiatiques colportent on peut en douter. Ne parlons pas des emprunts systématiques contractés auprès des bisons d’Amérique qui d’ailleurs parlent l’anglais comme leurs congénères polonais. Et que dire de ces néologismes envahissants qui, le plus souvent, cachent la pauvreté de la pensée.

Un universitaire méconnu devenu saltimbanque, Pierre-Jean Vaillard, posait en 1969 un diagnostic bien inquiétant qui en fait relevait davantage de la médecine légale que de la médecine générale : « La télévision et la radio ont tué les mots ; ils servent trop, les mots ; ils sont vidés de leur substance, ils ne veulent plus rien dire, les plus belles phrases ne sont que des os sans moelle, les grandes envolées ne sont plus que vacarme ».

Il est vrai que comme l’affirme un proverbe africain « plus les tambours sont creux plus ils font du bruit ». Est-ce pour autant le fruit de la fatalité ? Voire…

« La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée » affirmait un homme qui pratiquait son art avec talent : Talleyrand, le Diable boiteux. Tiens donc. Et que sous-entendait Julien Gracq en écrivant « La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà le drame ! ». Quel beau sujet de concours d’entrée à Science-Po !

« Je crois d’un bon citoyen de préférer les paroles qui sauvent que les paroles qui plaisent », Démosthène dixit. Ainsi donc, du temps de la splendeur de la mère de la Démocratie, la demi-sœur de celle-ci, cette chipie de Démagogie lui jouait déjà les tours à sa manière.

Aujourd’hui, télévision oblige, un chef d’État doit impérativement plaire. Notre époque prend les beaux parleurs pour des orateurs ce qui conduit le citoyen français à magnifier le bagout des animateurs du petit écran et à les préférer à Démosthène ou à Bossuet reconnus pourtant parmi les plus grands orateurs de l’histoire. Mais qui est encore capable d’apprécier les talents du Bègue d’Athénes ou de l’Aigle de Meaux ? Certainement pas les psittaciformes de nos volières radio-télévisuelles.

Il est encore admis qu’une nation est fondée sur une communauté de culture, de langue. Déstructurez-les, pulvérisez-les, qu’en restera-t-il ? Ne serait-ce pas ce qui permet à l’Académie française de voir dans l’écriture inclusive, entre autres malheurs, un péril mortel pour la langue française après la mise en pièces de l’histoire de France ?

Quoi qu’il en soit « is fecit cui prodest ? » comme ne manquerait pas de le dire le docte Cyril Hanouna dans sa non moins académique « Touche pas à mon poste ». Vraiment, à qui profite le crime ?

Eh oui, un citoyen de nulle part est plus « modélisable », donc plus « mondialisable », qu’un breton encore granitique, qu’un auvergnat viscéralement hercynien ou qu’un basque à la tête trop près du béret. CQFD.

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