13 juillet 2018

Le fascisme, une vieille idée neuve ?

Par Aristide Leucate

Il y eut la Renaissance. Il y eut la Révolution. Il y a, désormais, le fascisme et le communisme. Le XXe siècle aura façonné, pour longtemps, le nouveau visage de l’histoire des idées en lui donnant, tel Janus, une apparence binaire. C’est bien simple, les idées du Mal sont portées par le fascisme, celles du Bien par le communisme. L’affaire est entendue.

Paul Sérant

Paul Sérant

Certes, d’aucuns objecteront que l’un et l’autre ont été refoulés dans les poubelles de l’histoire. Pourtant, symboliquement, le langage courant continue de charrier ces anciennes références, preuve qu’elles ont marqué durablement et universellement de leur empreinte idéologique les mentalités, de 1930 à nos jours. Grosso modo, tout ce qui se situe à la droite de la droite républicaine et parlementaire, est taxé de fascisme, donc répudié et démonisé d’emblée quand ceux qui se réclament des grands ancêtres du communisme ou du socialisme utopique sont bienveillamment classés à gauche, c’est-à-dire soumis à un régime de grande tolérance sous bénéfice d’inventaire. Pour le dire autrement et rapidement, s’opposer au « grand remplacement » est de nature fasciste, agressive et belligène, tandis que vanter les bienfaits de l’ouverture et du métissage est automatiquement couvert du sceau pacificateur de l’humanisme et d’une anthropologie inclusive.

On s’est aperçu, à l’usage de ce manichéisme quelque peu simplificateur pour ne pas dire simpliste, qu’il conduisait tout débat critique dans l’impasse de l’invective – au mieux – ou de l’ostracisme – au pire. Ce faisant, s’il n’a jamais masqué la dimension antifasciste du communisme et de ses avatars, à tout le moins et logiquement s’est-il systématiquement refusé d’appréhender le fascisme pour ce qu’il a été, en France en tout cas, soit une esthétique, voire un « romantisme ».

L’on saura gré aux éditions Pierre-Guillaume de Roux d’avoir eu le courage de rééditer Le Romantisme fasciste de Paul Sérant – dont Alain de Benoist dresse la bibliographie en fin de volume –, agrémenté d’une éclairante préface de l’historien Olivier Dard et augmenté d’une brève mais sublime « Introduction à l’histoire de la littérature ‘‘fasciste’’ » de Jean Turlais, critique littéraire – il fut l’un des fondateurs de La Table ronde –, milicien repenti ayant héroïquement trouvé la mort en 1945 alors qu’il combattait dans la 2e DB en Alsace.

Le Romantisme fasciste de Paul Sérant (Éditions Pierre-Guillaume de Roux).

Le Romantisme fasciste de Paul Sérant (Éditions Pierre-Guillaume de Roux).

Sous-titré « Étude sur l’œuvre politique de quelques écrivains français », Le Romantisme fasciste brosse le portrait littéraire de six destinées individuelles ayant cru jusqu’aux vaccins des cruelles désillusions, à l’avènement prochain du fascisme qui promettait de recouvrir l’Europe de son aube immense et rouge, salubre, salvatrice et régénératrice. Brasillach, Bonnard, Céline, Châteaubriant, Drieu La Rochelle et Rebatet, tous collaborationnistes à des degrés divers, sont allègrement convoqués, non à la barre d’un énième tribunal politique, mais au vernissage de soufre, de fougue et de fièvre d’une exposition, unique en son genre, de leur épopée intellectuelle, politique, littéraire et journalistique.

Nul mieux que ce sextuor[1], n’aura su personnifier ce fascisme à la française[2], soit, comme l’écrit si justement Jean Turlais, « une conception subjective du monde et de la vie, une morale. C’est surtout une esthétique. Il réside tout entier dans une certaine attitude de l’homme, une certaine manière de regarder les choses. »

Et cette « manière de regarder les choses » est sublimée par une vision romantique que Brasillach associe à l’énergie de la jeunesse. Dans Éléments, François Bousquet insiste particulièrement sur ce point, tout en mettant en exergue les limites aporétiques d’une idiosyncrasie qui s’avérera aussi évanescente que tragique : « le fascisme romantique a été le grand mythe de la jeunesse, bien plus que le communisme. Raison pour laquelle c’est un objet politique qui a mal vieilli. Car la jeunesse n’a pas seulement été la condition nécessaire du fascisme, elle en a été la condition suffisante. De cause efficiente, la voici donc élevée au rang de cause finale. »

Notes

(1) Excepté Céline, individualiste antidémocrate et anticommuniste bien plus monomaniaque et obsessionnel que fasciné par une quelconque aurore nouvelle.

(2) Drieu La Rochelle défendra l’origine culturellement française du fascisme : « pas une idée du fascisme qui n’ait été tracée par un écrivain français des derniers cinquante ans. Seulement, les idées françaises ne pouvaient plus passer dans la réalité. De sorte que les Italiens, les Allemands, qui ont sorti l’idée et l’acte en même, sont bien les créateurs de la politique du siècle », La Gerbe, 14 novembre 1940.

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