MĂȘme les tĂȘtes politiques les plus atlantistes, de droite comme de gauche, finissent par sâen rendre compte : les Ătats-Unis ne sont pas forcĂ©ment nos amisâŠ
VoilĂ un rapport parlementaire qui aurait dĂ» faire plus de bruit quâil nâen a fait, mĂȘme ayant eu les honneurs de notre confrĂšre LibĂ©ration. De quoi sâagit-il ? Tout simplement dâun texte parlementaire politiquement consensuel, puisque signĂ© par Karine Berger (PS) et Pierre Lellouche (LR), mais concernant « lâextraterritorialitĂ© de certaines lois amĂ©ricaines. »
Sous ce vocable des plus hermĂ©tiques, ces deux parlementaires dĂ©noncent au moins ceci : « Une volontĂ© politique parfaitement pensĂ©e, de valoriser la puissance amĂ©ricaine en faisant du droit un instrument de politique Ă©trangĂšre et de promotion de ses intĂ©rĂȘts Ă©conomiques. »
Traduit dans une langue plus vernaculaire, une rĂ©alitĂ© plus triviale, tout cela signifie que si lâusine PSA dâAulnay-sous-Bois a dĂ» mettre la clef sous la porte, ce nâĂ©tait pas forcĂ©ment parce que les voitures fabriquĂ©es chez Peugeot ne se vendaient plus, mais tout simplement parce que les USA nous interdisaient de les vendre en Iran ; dâoĂč la fermeture de lâusine en question sous forte pression amĂ©ricaine. Idem pour Alstom, contrainte de payer de vertigineuses amendes se chiffrant en centaines de millions de dollars, amendes ayant contraint ce fleuron de lâindustrie française Ă se vendre par morceaux au gĂ©ant amĂ©ricain quâest General Electric.
Pareille mĂ©saventure survint Ă©galement Ă lâentreprise Alcatel qui, sous la menace dâune amende Ă peu prĂšs Ă©quivalente, vit sa petite note ramenĂ©e Ă seulement cent millions de billets verts de pĂ©nalitĂ©, aprĂšs sâĂȘtre vendue Ă lâamĂ©ricain Lucent⊠Le pourquoi du comment de tout ça ? RĂ©ponse apportĂ©e par LibĂ©ration : « Aujourdâhui, le dollar est lâarme juridictionnelle la plus efficace des Ătats-Unis pour imposer des sanctions : toute opĂ©ration rĂ©alisĂ©e en dollars, contrĂŽlĂ©e par la Chambre de compensation de New York, doit se conformer Ă la loi amĂ©ricaine. En France, BNP-Paribas, Alstom ou encore le CrĂ©dit agricole ont ainsi fait les frais de cette application extraterritoriale des lois Ă©dictĂ©es depuis Washington. »
Mieux, confirme LibĂ©ration : « Dans le cadre des poursuites pĂ©nales lancĂ©es aux Ătats-Unis, les multinationales occidentales visĂ©es acceptent, non pas de plaider coupable, mais de payer pour Ă©teindre de longues et coĂ»teuses poursuites judiciaires. Une forme de repentance empreinte de protestantisme au cours de laquelle elles doivent se mettre Ă nu et dĂ©voiler petits et grands secrets internes. Et se soumettre Ă un suivi longitudinal amĂ©ricain. »
De plus, rĂ©vĂšle Karine Berger : « Toutes ces informations sont immĂ©diatement transmises au FBI, dans une mĂ©canique parfaitement huilĂ©e, les services de renseignement des Ătats-Unis considĂ©rant que lâĂ©conomie fait partie intĂ©grante de la dĂ©fense nationale. »
Et Pierre Lellouche, son homologue de droite dâaffirmer : « Du pur et simple espionnage Ă©conomique ! »
Le retournement de ce dĂ©putĂ©, naguĂšre chiraquien, mais favorable Ă lâentrĂ©e en guerre de la coalition occidentale contre lâIrak en 2003, peut prĂȘter Ă sourire, sâagissant lĂ dâun de nos hommes politiques les plus atlantistes. Mais mĂȘme lui en vient Ă se poser des questions, câest dire⊠à en croire le quotidien jadis fondĂ© par Serge July, « le basculement de Lellouche remonterait notamment Ă lâannonce, en dĂ©cembre 2014, de lâaccord franco-amĂ©ricain sur lâindemnisation des victimes Ă©trangĂšres de la Shoah dĂ©portĂ©es depuis la France. »
Mise en demeure qui aurait fait « bondir » le dĂ©putĂ© en question. LibĂ©ration, toujours : « En cherchant Ă Ă©viter une amende Ă la SNCF, mise en cause dans les dĂ©portations effectuĂ©es sous le rĂ©gime de Vichy, le gouvernement se serait selon lui « abaissĂ© »âŠÂ »
On ne saurait mieux dire, sachant que tout lâart de la politique consiste Ă distinguer lâadversaire conjoncturel de lâennemi structurel. En ce sens, les USA ne sont pas vĂ©ritablement nos amis. Et si mĂȘme Pierre Lellouche le ditâŠ
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Philippe Randa,
Directeur dâEuroLibertĂ©s.