Que pouvaient sĂ©rieusement attendre la Hongrie et la Slovaquie en saisissant la Cour de justice de lâUnion europĂ©enne (CJUE) contre le mĂ©canisme dit de relocalisation par quotas des demandeurs dâasile, que la novlangue mĂ©diatique actuelle appelle les « migrants » ? La rĂ©ponse a Ă©tĂ© donnĂ©e par la CJUE elle-mĂȘme, qui a purement et simplement rejetĂ© les requĂȘtes des deux Ătats membres du Groupe de ViĆĄegrad.
En substance, Bratislava et Budapest contestaient en justice la dĂ©cision du Conseil de lâUnion, prise au moment de lâinvasion migratoire de 2015, instituant un mĂ©canisme temporaire et exceptionnel de relocalisation des migrants, depuis lâItalie et la GrĂšce vers dâautres Ătats membres. En dâautres termes, cette relocalisation visait Ă implanter arbitrairement des immigrants au sein des Ătats membres. Officiellement, selon les instances europĂ©ennes, ce mĂ©canisme concernait 120 000 Ă©trangers extra-europĂ©ens Ă lâĂ©gard desquels les autres pays de lâUnion, au titre de la « solidarité » europĂ©enne, Ă©taient sommĂ©s dâadopter les mesures dâaccueil les moins discriminatoires possible entre le 25 septembre 2015 et le 26 septembre 2017.
Ă lâĂ©poque, La RĂ©publique tchĂšque, la Hongrie, la Roumanie et la RĂ©publique slovaque sâĂ©taient vigoureusement Ă©levĂ©es contre cette proposition de rĂšglement europĂ©en Ă©manant du Parlement europĂ©en et du Conseil et envoyĂ©e aux parlements nationaux par la Commission europĂ©enne. Saine rĂ©action que la France se garda bien dâadopter prĂ©fĂ©rant imposer 10 000 immigrants supplĂ©mentaires Ă un peuple français en voie de dĂ©confiture culturelle et dĂ©jĂ passablement Ă©reintĂ© par 40 ans de politique immigrationniste.
Surtout, cet oukase europĂ©en faisait ouvertement fi des souverainetĂ©s Ă©tatiques, les illĂ©gitimes technocrates de Bruxelles sâappuyant sur une conception absolument dĂ©voyĂ©e du principe de subsidiaritĂ© tel que consacrĂ© Ă lâarticle 5 du TraitĂ© sur lâUnion europĂ©enne. Ainsi, nos europĂ©istes dĂ©cidĂšrent, en lieu et place des peuples jugĂ©s trop stupides et incompĂ©tents : « Ătant donnĂ© que les objectifs de la prĂ©sente dĂ©cision ne peuvent pas ĂȘtre atteints de maniĂšre suffisante par les Ătats membres mais peuvent, en raison des dimensions et des effets de lâaction, lâĂȘtre mieux au niveau de lâUnion, celle-ci peut prendre des mesures, conformĂ©ment au principe de subsidiaritĂ©. » Fermez le ban !
La Hongrie et la Slovaquie ne lâentendirent Ă©videmment pas de cette oreille et adressĂšrent chacun une requĂȘte aux magistrats de la Cour en soulevant, notamment, le caractĂšre inappropriĂ© du texte juridique sur lequel sâĂ©taient fondĂ©es les autoritĂ©s europĂ©ennes. En lâoccurrence, expliquait le gouvernement hongrois, le dispositif de relocalisation des migrants aurait dĂ» ĂȘtre adoptĂ© selon une procĂ©dure beaucoup plus lourde que celle utilisĂ©e par le Conseil qui, par consĂ©quent, se serait Ă©hontĂ©ment livrĂ© Ă un contournement des rĂšgles du traitĂ©.
Bien plus, les requĂ©rants estimaient que lâafflux de migrants au moment de lâadoption du mĂ©canisme de colonisation forcĂ©e Ă©tait raisonnablement prĂ©visible ne justifiant pas ce caractĂšre dâurgence absolue qui fut lâargument sophistique abusivement soulevĂ© par le Conseil et la Commission.
Peine perdue. Les robins en peau de lapin du Luxembourg balayĂšrent les moyens invoquĂ©s par nos fiers rebelles dâEurope centrale, lesquels considĂ©raient par surcroĂźt et Ă juste raison quâen fait de « temporaire » ou « provisoire », les mesures imposĂ©es par Bruxelles exigeant que chaque Ătat membre procĂšde Ă lâexamen minutieux et attentif des demandes dâasiles â en contrepartie de la scolarisation des enfants allogĂšnes et des soins publics gratuitement prodiguĂ©s Ă lâensemble de leur famille â induiront le maintien plus ou moins durable des candidats sur le sol national.
Raisonnement on ne peut plus pertinent fondĂ© sur lâexpĂ©rience, mais implacablement Ă©cartĂ© car si peu politiquement correct. Dâailleurs, lâon revient Ă la question posĂ©e au dĂ©but de cette chronique : que pouvaient attendre ces deux pays dâune justice europĂ©enne qui a clairement choisi â et depuis longtemps â le camp du « remplacisme global », pour emprunter cette juste formule Ă Renaud Camus. Le droit europĂ©en devant se substituer aux autres droits des nations, les frontiĂšres devant cĂ©der le pas au libre-Ă©change sans contrĂŽle, il Ă©tait parfaitement logique, in fine, que lâimmigrant si chaleureusement accueilli par Junker et Merkel en vienne Ă remplacer lâEuropĂ©en.
Non, il nây a dĂ©cidĂ©ment rien Ă attendre dâun tel mammouth qui en vient Ă usurper ce si beau nom dâEurope.
Tuons le mammouth !
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