« Nous sommes la civilisation de la destruction du monde » (Philippe Grasset)
La sorcellerie est partout aujourd’hui. On le voit avec le honteux spectacle de Verdun, le répugnant pensum baphométique du Gothard, avec l’adoration de l’arbre (???) au G7. On le voit avec les sorciers de Wall Street et d’ailleurs, avec Harry Potter, on le voit avec les stupéfiantes émissions de la planétaire MTV (zombies, vampires et cannibales, sans oublier les familles qui organisent la chasse à leur enfant) ou avec les provocations démoniaques de Madonna, avec le bataclan Illuminati qui accompagne partout les concerts de rock !
On le voit enfin avec les séries ignobles des Walking Dead et meurtriers en série. Tout cela passe comme une lettre à la poste, comme il était prévu dans la prophétique Invasion des profanateurs de sépulture.
Car avant d’être remplacés physiquement, nous l’avons été mentalement. Nous sommes lâches, ahuris, indifférents au devenir de notre souche. On ricane. Et on prend la petite pilule rouge.
Les référents sataniques sont soigneusement calculés. La cible est tout ce qui ne rentre pas dans le système et la cible est surtout le christianisme, mais un christianisme défensif, paranoïaque, réduit à une charge rentable pour le « diable ». Les provocateurs sont « cabalistes » ; les provocateurs lucifériens comme les Pussy Riot s’en prennent aux églises, accusées d’être la manifestation d’un héritage que l’on ne supporte plus en Occident. Les Églises empêchent nos démons de faire la fête ; et comme le fidèle ne les défend pas… On pourra aussi appliquer aux auteurs occultistes des comics DC et Marvel (voyez le bon livre de Jérémy Jehut à ce sujet) ces phrases de l’encyclique Rerum Novarum, d’actualité comme jamais : « Mais c’est une opinion confirmée par de nombreux indices qu’elles sont ordinairement gouvernées par des chefs occultes et qu’elles obéissent à un mot d’ordre également hostile au nom chrétien et à la sécurité des nations. »
Il est bien clair que l’Occident n’a plus rien à proposer, à part sa volonté de détruire le monde en s’autodétruisant. Son génie médiéval est un pieux souvenir. La mondialisation forcée a montré qu’il est aujourd’hui partout : c’est un centre commercial, une autoroute, un match de foot. Quelque temps, on nous a fait croire que l’Occident était quelque chose de bon et menacé par le communisme ou par le soviétisme ; ou bien ensuite par l’islamisme avec qui nous avons fusionné, de Riyad aux banlieues.
Ce monde de souks, de bazars, de caravansérails et de magasins (tous mots d’origine orientale) est devenu par-delà le Bien et le Mal le nôtre dans le cadre du « cash des civilisations », centre commercial américano-centré ; avec à son service une culture de satanisme et de désensibilisation psychiatrique, car cela va avec. Pousse le caddie, bouffe des chips et regarde des monstruosités toute la nuit ou toute la journée sans jamais réagir. Neuf heures par jour de connexions pour le yankee moyen. Quid de la vie intérieure ? Il y a le bouddhisme light et les manuels de développement personnel pour ça, à 26,66 euros.
D’après Daniel Estulin, auteur du très bon Tavistock Institute, la culture postérieure à 1960 a servi des propos sinistres de programmation mentale, sous sa forme élitiste ou de masse…
La culture dans laquelle nous vivons, et qui a tourné le dos à notre patrimoine, qu’il s’agisse de Lady Gaga, du bouquin Millenium (écrit par un ancien instructeur en terrorisme), du jazz, du rap, des modes néo-punks ou du film Avatar, d’inspiration pseudo-païenne, n’est pas fortuite, elle n’est pas le fruit des goûts du public (Steve Jobs disait que le public ne sait pas ce qu’il veut, que le public prend ce qu’on lui donne) et du génie naïf de ses initiateurs.
Cette culture n’est même pas païenne, n’est plus enracinée dans l’histoire d’un peuple ou dans un sol ; elle est liée au conditionnement des masses, elle a des objectifs bien précis, mondialisés, qu’on peut aussi retracer à travers l’histoire de « l’alittérature contemporaine », du cinéma des festivals, des séries hard.
La musique moderne doit rendre fou, disait Adorno. « Nous sommes venus, nous avons vu, Il est Mort », dit la sorcière Hillary Clinton.
Par exemple, explique Estulin, le jazz imposé partout a été fabriqué à l’époque de Gershwin et il a sciemment remplacé les negro spirituals traduits par Marguerite Yourcenar. Il a contribué à la déchristianisation des Noirs américains, chose visible aussi dans le très beau biopic de Taylor Hackford sur Ray Charles, musicien dévoré par l’angoisse, le vice et les drogues.
Ces Noirs US ont été rendus teigneux par le système dans les années soixante, et je me souviens qu’Alain, le frère hindouiste du cardinal Daniélou, l’observait déjà dans ses mémoires : ils étaient plus heureux avant, protégés par leur caste.
Quant aux rappeurs, ils ont accompagné le million de jeunes Noirs tués en trente ans pour quelques trottoirs de drogue…
Tout le background Illuminati avec ses esclaves sexuels, ses croix égyptiennes, ses pyramides et son œil d’Horus est venu se greffer après. Regardez attentivement un clip de Lady Gaga comme Born this Way avec ses licornes, ses limaces et ses humains robots et vous comprendrez.
Estulin rappelle que, comme le rock, la culture beatnik a été lancée et encouragée pour détourner les activités des plus entreprenants de la politique. L’intronisation des drogues et de la contre-culture correspond à un projet policier et politique : Estulin cite les projets MK-Ultra (voyez en français Alexandre Lebreton), Cointelpro, Artichoke dont Hollywood s’inspira peu et mal à une époque plus contestataire.
Ken Kesey, l’auteur du scandaleux Vol au-dessus d’un nid de coucou, essayait les drogues pour les programmes de contrôle mental de la CIA.
Les univers parallèles ont été plus faciles à contrôler que les partis politiques à noyauter. On ne changera pas le monde, donc on changera la perception de la réalité.
Quant à la révolution sexuelle, elle était déjà perçue comme un remède à l’esprit contestataire par Huxley… ou par les tyrans antiques !
L’ami de Montaigne, La Boétie, en parle ainsi : « La taverne et le bordel pour calmer les citoyens d’une tyrannie ». Elle a débouché sur une pornographie (la vie sexuelle disparaît partout) incapacitante de masse accessible à tous et sur les meutes hargneuses du politiquement correct. L’œil du voyeur fusionne avec le doigt du délateur. Le corps du petit monstre des télétubbies, émission emblématique chargée de conditionner les… bébés (antiracisme, héliotropie, sociabilité, animalisation) est déjà orné d’un énorme écran blanc. L’enfant est un hardware qui marche et qu’on programme. C’est un petit Golem dont le sexe des parents n’importe plus, on l’a compris en haut lieu. Un couple gay l’achète en Inde après avoir choisi des gènes sur un écran : c’est le « google baby ».
Dans le même esprit, bien sûr, toute la culture « sexe, drogue et rock’n’roll » a eu un seul but : abrutir la jeunesse et pour plusieurs générations, répandre le consumérisme, l’hédonisme et le nihilisme en canalisant toutes ses énergies : il faut se transformer comme dans les profanateurs de sépulture en canal, en pod (cosse, en anglais), en tube (you… tube ?).
La référence postérieure au satanisme a été évidente dans la musique Heavy Metal, présente au Bataclan, qui a recyclé le panthéon scandinave, puis dans la littérature pour enfants et la culture pop contemporaine via des bourriques liquides comme Rihanna, Gaga ou Beyonce. Les artistes noirs rebelles à ce satanisme soft sont souvent éliminés ou suicidés.
Lebreton rappelle que des cultes comme celui de Cybèle (devenue Gaïa aujourd’hui) accordaient une part importante à la mutilation, revenue à la mode dans nos sociétés déjantées. Il faut d’ailleurs ajouter que si 50 % des jeunes Britanniques sont tatoués, si presque autant ne savent plus s’ils sont garçons ou filles (il faut le faire tout de même !), 60 % des « jeunes filles » sont obèses ! Cette belle suite de chiffres faisait la une du Daily Mail. Tu seras quoi, ma fils ? Et toi mon fille ? Ô, pauvre Kipling…
L’œuvre de Houellebecq avait courageusement dénoncé cette collusion entre « les forces du marché » et la « culture libertaire » et méphitique des années 60 et 70 (la culture du Laurel Canyon, voyez Jehut), qui ont toutes désaxé nos sociétés un peu naïves. L’abrutissement par la musique qui effarait Soljenitsyne au sortir de l’URSS épargnée (ce n’est pas pour rien que la Russie est demeurée l’ennemi numéro un de l’occident) est aussi le fruit de patientes recherches en laboratoire. Saint-Exupéry en parle dans Terre des hommes : c’est le beuglant contre le classique. Mais comme il raconte qu’il a écouté du Mozart dans une usine russe, il « reçoit 200 lettres d’injures ». Le Hard Rock tout de même… Il ne comprenait pas mieux que Pie IX le génie de notre époque. Toujours dans Rerum novarum, on lit ces lignes envoûtantes de vérité et de tranquillité : « La soif d’innovations qui depuis longtemps s’est emparée des sociétés et les tient dans une agitation fiévreuse devait, tôt ou tard, passer des régions de la politique dans la sphère voisine de l’économie sociale. »
Les papes (Pie IX, Léon XIII) avaient du bon ! Quels théoriciens de la conspiration on dénoncerait en eux de nos jours ! Car le mot diable ne se veut-il pas calomniateur dans la langue de Platon ? ! Être insulté et menacé dans cette société est un compliment.
Tocqueville aussi a parlé de cette agitation vaine des âmes en démocratie, dans son fameux et inégalable tome II : « L’âme a des besoins qu’il faut satisfaire ; et, quelque soin que l’on prenne de la distraire d’elle-même, elle s’ennuie bientôt, s’inquiète et s’agite au milieu des jouissances des sens […] L’aspect de la société américaine est agité, parce que les hommes et les choses changent constamment ; et il est monotone, parce que tous les changements sont pareils. »
Il ajoute que le tyran moderne laisse le corps et va droit à l’âme.
Mais poursuivons, car nos élites mondialisées ont liquidé partout la nation ou la classe ouvrière qui votait mal. Pour Töffler ou pour Drucker, il était important au siècle de la propagande d’éviter toute nouvelle solidification des masses, comme le communisme ou le nationalisme – pour ne pas parler bien sûr du fascisme. On est alors passé de la solidification à la liquidation, liquidation massifiée si bien évoquée par Bauman.
L’offensive philosophique a été menée en Amérique par la publicité, issue de la propagande de guerre (Bernays), puis par l’école de Francfort et sa chasse exemplaire à la figure autoritaire (aujourd’hui, c’est Poutine). Le père a été remplacé par l’arbre à enfants de Kundera. On a créé de fausses communautés, celles des consommateurs, des fans, des touristes en camps de vacances, des supporters de football. On a aussi promu, comme le prévoyait l’irréprochable Adorno pour la télévision, la figure de l’homosexuel, on a transformé la femme en « Mme Bobovary » de série B, éternellement endettée, déprimée et divorcée ; on a créé l’ado rebelle, nabot James Dean avec sa casquette retournée ; revoyez L’Équipée sauvage qui a remplacé dès 1953 les héros traditionnels comme John Wayne et James Stewart. On a promu (via Kerouac) le clochard des routes, mué depuis en routard friqué et insatiable. On corrompt le verbe et divinise le chiffre en vendant le 5 bedroom flat à soixante millions de « bucks ».
Laissons le dur mot de la fin à Tocqueville : « Je jugerais que les citoyens risquent moins de s’abrutir en pensant que leur âme va passer dans le corps d’un porc, qu’en croyant qu’elle n’est rien. »
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.
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Essayiste et chroniqueur politique, Nicolas Bonnal est l’auteur d’une quinzaine de livres sur la politique, l’identité, l’initiation et le cinéma… Derniers livres parus aux Éditions Dualpha : Le paganisme au cinéma ; La chevalerie hyperboréenne ; le Graal et aux Éditions Déterna Donald Trump, le candidat du chaos. Il est le correspondant d'EuroLibertés en Espagne.