5 février 2022

Merci, Monsieur le Président

Par Jean-Pierre Brun

Vous ne pouvez pas imaginer combien m’ont touché les vœux récents exprimés par notre bon maître élyséen. Alors que les vagues d’américano-wokistes déferlent sur nos ondes, entendre le chef de l’État utiliser le verbe « emmerder » c’est pour le dernier carré des éboueurs de la langue française la plus belle étrenne qu’il puisse recevoir.

Sous la Ve un Président avait déjà réclamé que l’on cessât d’emmerder les Français mais en s’exprimant ainsi Georges Pompidou ne réagissait-il pas en agrégé de Lettres classiques et auteur d’une Anthologie de la poésie française ? Certes l’injonction du fort en thème de Cajarc était défensive alors que la détermination du courrier picard à l’utiliser est agressive mais qu’importe…

« Emmerder » ! Ce n’est qu’un verbe mais tellement réconfortant tant il est français.

Les plus grands manieurs de notre vocabulaire inépuisable l’ont utilisé. On prétend même que le grand Rabelais l’aurait inventé.

Pourquoi dès lors stigmatiser son utilisation par notre taquin de président alors que d’autres beaucoup plus prestigieux l’auraient presque galvaudé.

On ne saurait ignorer l’usage courant de ce verbe par Charles De Gaulle qu’un rien indisposait, « du roi nègre qui venait réclamer son chèque » à ses godillots qui, comme Léon Delbecque, avaient du mal à le suivre dans les méandres de sa politique (« vous m’emmerdez avec votre Rubicon ») en passant par des officiers d’état-major (« Vous m’emmerdez avec votre guerre subversive »).

Madame notre Présidente, titulaire d’une maîtrise ès lettres couronnée par un mémoire sur « l’Amour courtois », serait-elle pour quelque chose dans ce recours à un verbe plus français que le béret et la baguette de pain. Alors qu’elle animait l’atelier théâtral du collège de la Providence d’Amiens peut-être avait-elle fait jouer à ses élèves, dont le jeune Emmanuel, quelques scènes du « Ubu roi » d’Alfred Jarry, jalonné de « Merdre » désormais classiques. Selon le dictionnaire de l’Académie française emmerder quelqu’un c’est, originellement, le recouvrir de cet excrément parfaitement écologique.

Excrément injustement décrié par certains quand on se rappelle qu’il incarne le patriotisme français tant à Waterloo dans la bouche de l’admirable Cambronne qu’à Twickenham où le XV gaulois perché sur son tas de fumier lacère de ses ergots celui de la Rose qui en perd les pétales… Et comme des gosses turbulents, nos joueurs, dans le car du retour, braillent à tue-tête : « La rose a des épines, toi merde, tu n’en as pas ! »

Mais au fait, notre bienveillant Président qui n’a pas encore d’enfant se serait-il laissé influencer par Jean Yanne : « Il faut faire les enfants quand on est vieux parce qu’on ne les emmerde pas longtemps. »

« Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde ! » regrette Georges Brassens dans Tempête dans un bénitier. Remarque intéressante alors que les catholiques traditionalistes se voient interdire son utilisation par une hiérarchie désormais illettrée en matière de langues classiques.

Desproges, l’inoubliable Monsieur Cyclopède, avait-il glissé un orteil dans le marécage politicien lorsqu’il confessait être un gaucher contrariant : « C’est plus fort que moi il faut que j’emmerde les droitiers. »

Encore doit-on préciser l’existence de faux droitiers et leur actuelle prolifération.

Marcel Achard, académicien français et dramaturge injustement oublié, avait souligné ce qui caractérisait le public de ces « générales » tant redoutées : « Si la pièce est mauvaise il s’emmerde, si la pièce est bonne ça l’emmerde. »

Effets collatéraux de l’actuelle pandémie ? La scène de la Comédie politicienne française fait relâche ; ce qui permet néanmoins à des comédiens débutants de s‘imposer sur les tréteaux de théâtres non subventionnés

Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous offrir une dernière citation de ce verbe un peu gras il est vrai, mais qui offre parfois matière à réflexion. Elle est puisée dans les très riches expressions vernaculaires qui agrémentaient les dialogues de nos pères. Expression revue et un brin corrigée par Michel Audiard dans Les vieux de la vieille, film de Gilles Grangier : « Si vous allez aussi vite que je vous emmerde, pour une fois vous serez en avance sur l’horaire. »

À ce propos, le premier tour des élections présidentielles est-il toujours fixé le 10 avril prochain et à quelle heure ouvriront les bureaux de vote ?

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